jeudi 27 octobre 2016

Panne de courant au pays des lumières! Sont-ils tombés sur la tête?

[VASILY MAXIMOV . AFP]
En ces temps troublés, la « communauté internationale » – nom de scène des trois Occidentaux qui se piquent d’être les maîtres de droit divin de notre planète – semble perdre les pédales. Voilà donc nos larrons en quête de nouvelles aventures.

Comme d’habitude, l’Amérique, cette nation qui se croit indispensable et dispense aux quatre coins de l’univers ses leçons de morale, de démocratie et de droits de l’homme en faisant oublier qu’elle doit son existence au génocide des amérindiens et sa prospérité actuelle au pillage du monde considéré comme une arrière-cour, donne le ton. Ses sbires, les ci-devant « grandes puissances européennes », qui se plaisent à jouer aux gros poissons dans les petites mares, ne sont pas en reste…Ayant remis les pendules à l’heure avec son Brexit et lancée dans le compte à rebours d’un Scotxit, la perfide Albion peut s’investir à fond dans son rôle traditionnel de cheval de Troie de l’Amérique. Pour sa part, notre « grande nation », qui fait tout pour ne plus l’être, se distingue par son arrogance ordinaire, sa prétention anachronique et le naufrage de sa diplomatie.

Nos fanfan-la-tulipe, nos malbroughsmironton-mirontaine, nos lafayette-nous-voilà, prennent de grands airs de chefs de guerre qui nous feraient rire si leurs desseins n’étaient pas aussi sinistres : appeler à envoyer « à six pieds sous terre »Bachar Al Assad, s’acharner à peaufiner la mise à mort du peuple syrien et à détruire la vieille terre qui fut la matrice de notre civilisation, de nos religions et de notre alphabet ne sont pas des objectifs dignes d’un pays à l’histoire prestigieuse, qui se réclame si volontiers des « lumières ». Enchaîner les provocations et les incidents diplomatiques en pensant humilier ou braver ce Vladimir Poutine qui tient tête à l’Amérique, divinité révérée par nos élites, est du plus haut ridicule.

La diplomatie française est disqualifiée, marginalisée, ignorée, y compris par ses maîtres de Washington

Dans la posture qui est la sienne depuis son retour au « bercail atlantique », la France a perdu sa crédibilité, son prestige et le respect des pays qui jadis la trouvaient « juste même lorsqu’elle est injuste ». La diplomatie française est disqualifiée, marginalisée, ignorée, y compris par ses maîtres de Washington,au point d’être tenue à l’écart des grands dossiers et évincée des négociations décisives, tant est évidente sa capacité de nuisance.

Certes, nous rétorquera-t-on, la France a encore des alliés stratégiques qu’elle choisit apparemment selon des critères innovants. Certains de ces critères tiennent à des affinités profondes avec nos valeurs traditionnelles (droits de l’homme, condition de la femme, respect des travailleurs immigrés, tolérance religieuse, démocratie, libertés…), d’autres sont inspirés par une complémentarité naturelle (ils ont du pétrole et des dollars, nous avons des idées et surtout des besoins d’argent frais), d’autres enfin sont en relation avec des facteurs auxquels on ne s’attendrait pas, à savoir la proximité avec des terroristes « modérés » et des « démocrates » djihadistes: c’est ainsi qu’après l’heure du Qatar (merci pour ce moment)et une brève idylle avec Erdogan le Maléfique(gâchée par le souvenir d’un génocide),nous vivons « l’instant saoudien », avec une farandole de princes et d’émirs comme s’il en pleuvait, des promesses de contrats mirifiques, une «identité de vues totale »propice à tous les mauvais coups. Si Paris valait bien une messe, Riyad vaut bien quelques promesses voire quelques compromissions : la distance nous sépare, mais la volonté de détruire la Syrie et de« neutraliser » Bachar al Assad nous unit…

Il y a quelque chose de pourri au royaume des grandes démocraties Le déferlement d’inepties, de mensonges, de trucages, de faux pavillons, de références en trompe-l’œil devrait interpeller quelque part nos élites ployant sous le fardeau de leur « mission civilisatrice et bombardière ». Hélas, nous avons beau tendre l’oreille, c’est à peu de choses près le silence radio. (...)

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