mercredi 31 décembre 2008

Une maison à 70 centimes, ça vous tente?



L'agence immobilière Realtor à Detroit, Michigan vous propose cette charmante maison de caractère, 3 chambres, 1 salle de bain, 115 M2 pour le tarif compétitif de US$ 1, soit 70 centimes d'Euro.

Qui dit mieux ?

lundi 29 décembre 2008

Nous avons perdu un grand vide


Samuel Huntington, l'auteur du «Choc des civilisations », est décédé vendredi, à l'âge de 81 ans.

Pendant près de 60 ans, il a enseigné la science politique à l’université de Harvard.

Ses recherches portaient sur le gouvernement américain, les politiques militaires, la stratégie et les relations entre civils et militaires.

Auteur prolifique, il a écrit 17 livres au cours de sa carrière.

Son ouvrage le plus célèbre, le «Choc des civilisations », est paru en 1996 et a été traduit en 39 langues.

Pour en savoir plus sur ce phare désormais éteint de la "pensée" américaine, lisez l'excellent article d'Eric Aeschimann pour Le Temps.ch. Tout y est :

La mort de Samuel Huntington, l'auteur du «Choc des civilisations»

Paix à ses cendres.

lundi 22 décembre 2008

Où sont donc passés les 200 évadés fiscaux Français ?


Vous souvenez-vous de la retentissante affaire d'évasion fiscale qui secoua l'Allemagne au mois de février 2008 ?
Je crains que beaucoup d'entre nous ne l'aient oubliée, emportée par le torrent d'informations se chassant les unes les autres, caractéristique de notre société post-moderne.

Pourtant, ce scandale avait fait grand bruit "à l'époque" (il y a bientôt 10 mois, autant dire une éternité).

On se souvient (s'en souvient-on vraiment ?) que quelques 200 contribuables français avaient été annoncés comme ayant trempés dans ces affaires d'évasion fiscale via le Liechtenstein et que notre ministre du budget avait solennellement promis que "le gouvernement français ira[it] "jusqu'au bout" pour sanctionner les coupables".

10 mois après, j'attends toujours mais il semble que cette affaire n'intéresse plus personne (et surtout pas les médias).

mercredi 10 décembre 2008

Emmanuel Todd sur France Inter


En grande forme, Emmanuel.
Notez comme il renvoie dans les cordes le premier auditeur qui l'accuse de "nationalisme Européen" tout en nous servant les habituelles pantalonnades ultra-conformistes sur les soit-disant "valeurs universelles de l'Europe" sans se rendre compte du paradoxe.
Du grand art!

dimanche 7 décembre 2008

Pakistan: 200 talibans attaquent un terminal d'approvisionnement de l'Otan


PESHAWAR (AFP) — Plus de 200 talibans ont attaqué dimanche un dépôt de l'Otan au Pakistan, tuant un gardien et incendiant 65 camions devant approvisionner les milliers de soldats de l'Alliance en Afghanistan, une attaque très bien préparée, selon la police.

Les insurgés armés, présentés comme étant des talibans, ont encerclé un terminal de l'Otan près de Peshawar, dans le nord-ouest du pays, et ont désarmé une dizaine de gardiens avant d'asperger les camions d'essence et y mettre le feu, selon la police.

La police a qualifié cette attaque, au cours de laquelle un gardien a été tué, d'une des plus graves contre un entrepôt de l'Otan. "C'est la première fois que les militants viennent en aussi grand nombre", a expliqué à l'AFP Abdul Qadir Qamar, un haut responsable de la police, en estimant qu'il s'agissait d'une "attaque coordonnée et bien planifiée".

Toutefois depuis Kaboul, le colonel Greg Julian, porte-parole des forces américaines en Afghanistan, a minimisé la portée de l'attaque. "Nous avons de multiples voies pour assurer que nos troupes aient ce dont elles ont besoin", a-t-il souligné. Selon lui, l'attaque de dimanche "est le résultat de la pression accrue sur les insurgés venant des deux côtés de la frontière" qui ont "subi de lourdes pertes"(...)


Autrement dit, ça sent de plus en plus le pâté pour la coalition, quoiqu'en dise l'impayable colonel Greg Julian.

Combien de temps faudra-t-il encore à nos dirigeants pour s'en rendre compte et mettre fin pour de bon à cette absurdité ?

mardi 2 décembre 2008

Bush et l'Irak : joker !


Par Daniel Schneidermann le 02/12/2008

Il y a les nouvelles qui accrochent, et celles qui glissent dans l'indifférence matinale. Bush, apprend-on en quelques secondes dans les journaux du matin, "n'était pas préparé" à la guerre. Il vient de le déclarer à une chaîne de télévision américaine. S'il avait sû que Saddam Hussein ne détenait pas d'armes de destruction massive, aurait-il déclenché la guerre d'Irak ? lui demande le journaliste, poussant son avantage. "C'est une question intéressante. Ce serait revenir sur ce qu'on a fait, et c'est une chose que je ne peux pas faire". Il ne répondra pas. On ne refait pas l'Histoire. Joker !

Le plus frappant, est que ce sidérant implicite aveu d'échec est traité sur le mode badin, presque ludique, du "si c'était à refaire". Une sorte de jeu de la vérité pour avant-soirées télévisées, ou magazines féminins à picorer sur la plage. Trois questions trois réponses: quel est votre principal sujet de fierté ? Quel est votre principal échec ? Et si vous n'aviez pas fait président, quel job auriez-vous aimé ?

L'idée même que le président sortant de ce que Emmanuel Todd, sur notre plateau, appelait voici quelques semaines "l'hypernuisance américaine", pourrait comme un vulgaire dirigeant serbe ou soudanais, faire l'objet d'une procédure de traduction devant le Tribunal Pénal International, cette idée n'effleure manifestement aucun de ceux qui transmettent cette sidérante interview. Les neurones qui portent l'information "Bush" et ceux qui portent la notion de "criminel de guerre" ne s'associent pas, et ne s'associeront jamais.
Arrêt sur images


Daniel Schneidermann ne lit pas les analyses de Philippe Grasset sur DEDEFENSA car s'il les connaissait, il éviterait cet état de sidération qui l'atteint au visionage de ce genre d'interview.
Il saurait ce qu'il en est de l'inculpabilité et de l'indéfectibilité comme caractéristiques ontologiques de la psychologie américaine et se rendrait compte que cet interview effectivement affligeante est en fait tout à fait banale et typique de cette mentalité.

Cqfd.

vendredi 28 novembre 2008

Soldes à New York : un mort


Une preuve de plus qu'il n'existe pas de conflit des civilisations.
Les uns meurent écrasés par la foule à la Mecque, les autres dans un supermarché.
Les religions sont différentes mais le résultat est le même.
Match nul.

AFP
28/11/2008

Un homme est mort écrasé vendredi lors d'une bousculade à l'occasion de soldes, dans une grande surface Wal-Mart de la région de New York, a-t-on appris auprès de la police.

"Un employé de 34 ans est mort d'une cause indéterminée lorsqu'une foule de clients s'est ruée dans le magasin (...) et a physiquement détruit les portes, le précipitant au sol", selon un communiqué de la police du comté de Nassau.

Une femme enceinte de 28 ans et trois autres clients ont été conduits à l'hôpital et placés en observation à la suite de cet incident qui s'est produit à Valley Stream, sur l'île de Long Island.

Ce vendredi, lendemain de la fête américaine de Thanksgiving, marque le début des achats de Noël aux Etats-Unis et se caractérise par des rabais monstres dans les magasins, qui ouvrent souvent dès l'aube pour accueillir les clients.

jeudi 27 novembre 2008

L'immobilier US continue de chuter... et le PIB de reculer


par Bill Bonner
Jeudi 27 Novembre 2008

** "Jusqu'à aujourd'hui ou demain, la dinde typique profite d'une vie assez plaisante", commentait notre ami Nassim Taleb à Zurich hier.

* Cette semaine, les marchés sont paisibles. Le pétrole n'a pas beaucoup bougé. L'or non plus.

* Mais les abattoirs ont fait des heures supplémentaires.

* "On peut comprendre à quel point la plupart des analyses économiques sont frauduleuses", expliquait Nassim, "simplement en observant la vie d'une dinde. Le volatile est nourri pendant 1 000 jours... avant d'être tué. Si l'on transposait la vie de la dinde sur un graphique, tout aurait l'air parfait pendant 1 000 jours... Tous les jours, la nourriture arrive de manière fiable, et tous les jours, la dinde prend du poids. Les dindes regardent autour d'elles en se disant qu'elles profitent d'une croissance et d'un marché haussier. Les traders verraient ça comme une opportunité. Les matheux feraient des régressions linéaires et prouveraient que le risque est minimum".

* Ben Bernanke décrirait la vie de la dinde -- sans les incidents -- comme le produit d'une "grande modération". Les dindes-courtiers assureraient à leurs clients que rien n'a jamais mal tourné dans la vie d'une dinde. Les dindes-économistes et théoriciens trouveraient des explications pour justifier le fait que la croissance de la dinde est éternelle, et se féliciteraient d'avoir enfin maîtrisé "le cycle de la dinde". Les dindes-politiciens se présenteraient à la réélection au motif qu'ils auraient aidé à créer un monde meilleur. Et les dindes-économistes projetteraient de nouveaux gains de poids... jusqu'à ce que la dinde soit de la taille d'un hippopotame.

* Puis arrive Thanksgiving -- ou Noël -- et tout à coup, les choses tournent mal. Hélas, malgré toutes leurs théories, leurs modèles, leurs vanités, les dindes se retrouvent le bec dans l'eau.

* "Les événements rares ne peuvent pas être modélisés", continua Nassim, "parce qu'ils sont trop rares. On ne peut pas avoir un échantillon statistiquement fiable. Alan Greenspan a récemment expliqué qu'il n'avait 'jamais rien vu de tel'. Evidemment qu'il n'avait jamais rien vu de tel. Ca n'était encore jamais arrivé".

* "Dans la mesure où ces événements sont si rares, ils sont également entièrement imprévisibles... et bien pires qu'on le prévoyait. Comme les fêtes de fin d'année pour les dindes".

** Les dindes passent à la casserole... mais elles seront vengées : les Américains aussi passent à la casserole.

* Le chômage grimpe radicalement... et lorsque les Américains prendront place devant leur dîner de Thanksgiving, ils festoieront dans des maisons qui valent environ 18% de moins qu'il y a un an. Non seulement leurs maisons valent moins... mais leur valeur chute de plus en plus vite.

* Il n'y a pas de signe d'un plancher dans le marché de l'immobilier américain. Dans certaines régions -- Los Angeles, Miami, San Diego et San Francisco -- la perte de valeur immobilière dépasse déjà les 26% par rapport à l'année précédente.

* Mais ne vous inquiétez pas, cher lecteur. Les maisons ne sont pas des dot.com. Et ce ne sont pas des dindes. Elles n'atteindront pas le zéro. Et elles ne disparaîtront pas.

* De toute façon, les maisons n'ont jamais été des actifs financiers. Ce sont juste des endroits où vivre. Si vous êtes heureux dans votre maison... vous ne vous souciez pas de son prix.

* Pendant ce temps, l'économie elle-même sombre aussi. Le PIB des Etats-Unis a décliné de 0,5% au troisième trimestre. Selon toute probabilité, l'économie américaine va reculer plus vite, elle aussi. Ce qui signifie... que plus d'entreprises feront faillites... plus de gens se retrouveront au chômage... et ceux qui ont de l'argent en poche seront très prudents sur les manières de le dépenser...

* ... ce qui, bien entendu, aggravera la situation.

* Tout cela est une réaction naturelle, normale, à une bulle du crédit. Elle enfle et enfle -- puis elle explose. Des prêts sont accordés... puis récupérés. Des erreurs sont commises... puis corrigées. Les gens font des choses stupides... puis les paient. Ils deviennent fous lorsque ça monte... puis fous lorsque ça descend. Quoi de plus simple ?

* Mais si vous pensez que les autorités vont rester les bras croisés et laisser le processus naturel suivre son cours, vous ne lisez pas les journaux.

La Chronique Agora

Chroniques de la désinformation


On ne trouve rien dans la presse officielle Française en ligne à propos de l'audition de l'ancien ambassadeur Géorgien en Russie (et ancien proche de Saakashvili), Erosi Kitsmarishvili devant une commission parlementaire Géorgienne.

En fait si, il y a bien cet article du Figaro repris d'une dépêche AFP ou l'on tente de faire porter le chapeau à la Russie, en laissant entendre dès le titre qu'elle préparait elle aussi une attaque et qui se termine avec l'affirmation suivante de l'ex- ambassadeur :
"Une opération d'envergure contre l'Ossétie du Sud était prévue pour juillet-août", selon M Kitsmarichvili.

"On le savait en Russie et certaines forces en Russie poussaient Saakachvili à cette action", a poursuivi l'ambassadeur.

En fait, l'ambassadeur a déclaré devant la commission, être "absolument sur que les Russes étaient pleinement informés et préparés à faire face au lancement des hostilités [par les Géorgiens]" et il a poursuivi en déclarant "nous avons été entrainés dans ce processus et nous avons fait exactement ce que les Russes voulaient que nous fassions."

  • I am absolutely sure that Russia was fully informed and fully ready for the launch of [hostilities]; they even had sent in advance senior television correspondents in Tskhinvali;
  • We have been dragged into this process and we have done exactly what Russians wanted us to do.

  • Ici, il n'est nullement question de ces mystérieuses "forces en Russie" "poussant" ce pauvre président Saakashvili à attaquer (presque malgré lui, dirait-on) l'Ossétie du Sud. Mais tous les moyens sont bons pour formater l'opinion Française dans le sens du conformisme russophobe, n'est ce pas ?

    Par ailleurs, le Figaro (en fait l'AFP) "oublie" de rapporter certaines déclarations de l'ambassadeur qui, apparemment, lui paraissent moins intéressantes :

  • In the second half of April, 2008, I have learnt from the President's inner circle that they have received a green light from the western partner to carry out a military operation;
  • When asked to specify “the western partner” Kitsmarishvili said: after a meeting with the U.S. President George W. Bush [the meeting between Bush and Saakashvili took place in Washington on March 19], our leadership was saying that they had the U.S. support to carry out the military operation; ...
  • The military operation should have been undertaken in direction of Abkhazia; military instructors from Israel were brought here in order to prepare that military operation;
  • Kezerashvili also said at that meeting that the operation should have started in early May, or at least before the snow melted on the mountain passes;
  • This decision was not materialized;

  • Même s'il parle ici d'un projet avorté d'attaque de l'Abkhazie, ces déclarations donnent une bonne indication sur ces mystérieuses "forces" qui ont "poussées" Saakashvili à attaquer l'Ossétie du Sud, mais il semble bien que celles-ci n'avaient rien de Russes.

    mercredi 26 novembre 2008

    Un politologue russe évoque un risque d'éclatement des Etats-Unis


    MOSCOU, 26 novembre - RIA Novosti. La crise économique mondiale risque de provoquer l'éclatement des Etats-Unis, a estimé le politologue Igor Panarine dans une interview publiée lundi dernier par le quotidien russe Izvestia.

    Docteur en sciences politiques et doyen de la faculté des relations internationales à l'Académie diplomatique du ministère russe des Affaires étrangères, M. Panarine est persuadé que les Etats-Unis se scinderont d'ici l'automne 2009 en six parties: la côte pacifique, les Etats hispanophones, la côte atlantique, les cinq Etats peuplés par des Indiens et le Nord pro-canadien.

    "D'abord, il s'agira du littoral pacifique des Etats-Unis. Il suffit de citer San Francisco où 53% des habitants sont d'origine chinoise. Cette région passe progressivement sous l'influence de la Chine, c'est évident. Le Sud est peuplé par des Mexicains, et l'espagnol est par endroits une langue officielle, alors que le Texas lutte ouvertement pour son indépendance. La côte atlantique est ethniquement et mentalement tout à fait différente par rapport au reste du pays. Enfin, il y a les Etats dépressifs du centre. Je vous rappelle que cinq Etats du centre des Etats-Unis, peuplés par des Indiens, revendiquent leur indépendance. Le nord du pays est sous l'influence du Canada", explique-t-il.

    M. Panarine juge vulnérable l'organisation politique des Etats-Unis où chaque Etat possède sa propre législation. Enfin, d'après lui, la crise a révélé d'importants clivages entre les différentes élites. "Aux Etats-Unis, il y a deux groupes: les "mondialistes" et les "étatistes" (...). Des représentants de ces deux clans figurent aussi bien dans le Parti démocrate que dans le Parti républicain".

    "Les problèmes financiers s'aggraveront aux Etats-Unis. Des millions d'Américains ont déjà perdu leurs épargnes, alors que l'inflation et le chômage sont en hausse. General Motors et Ford sont au bord de la faillite, ce qui veut dire que des villes entières se retrouveront sans emploi", prédit-il.

    "La grogne monte, elle n'a été enrayée jusqu'à présent que par la campagne électorale et l'espoir d'un miracle Obama. Mais, d'ici le printemps, il sera clair qu'il n'y aura pas de miracles", estime-t-il.

    Selon M. Panarine, après le crash de Wall Street, les Etats-Unis céderont leur place de régulateur mondial à la Chine et à la Russie, deux pays disposant d'énormes réserves de change.

    Pour éviter des bouleversements en raison d'une éventuelle paralysie économique aux Etats-Unis, la Russie devrait développer le rouble en tant que monnaie régionale et créer une bourse du pétrole en roubles, conseille le politologue.

    "Nous devons couper toutes les cordes qui nous lient au Titanic financier qui va sombrer très vite", résume-t-il.

    RIA NOVOSTI

    Entretien avec Emmanuel Todd


















    **CADEAU BONUS!**

    La vidéo de Medvedev imitant Sarkozy :

    mardi 25 novembre 2008

    Emmanuel Todd «Le protectionnisme n’est pas une idée du passé»


    Par Michel Audétat

    «Après la démocratie». Démographe et sociologue, il publie un nouvel essai qui défend l’idée de protéger l’économie européenne contre le libre-échange.


    Emmanuel Todd est énervant. Il a eu raison très tôt en prédisant la décomposition du système soviétique (La chute finale, 1996 [1976! Correction de Bertrand]). Il a eu raison plus récemment en analysant l’incapacité militaire et la fragilité économique des Etats-Unis (Après l’empire, 2002). Aura-t-il encore raison avec son nouvel essai, Après la démocratie, qui oppose le libre-échange à la survie de nos régimes démocratiques?
    Emmanuel Todd n’a pas fini d’énerver avec ce livre urticant, mais aussi décapant et stimulant, qui s’inscrit à la fois dans l’histoire longue et l’actualité la plus vive en plaidant la cause d’un protectionnisme européen.

    Jusqu’ici l’idée protectionniste se retrouvait plutôt aux extrêmes, chez les communistes ou au Front national. On peut la purifier des idéologies qu’elle traîne derrière elle?
    Mon concept est international. Je ne parle jamais de protectionnisme en l’air, mais toujours de protectionnisme européen. Pour une économie comme celle de la France, le protectionnisme national n’a aucun sens. Oui, je pense qu’il faut employer ce mot sans en avoir peur. Mais, avec le mot «européen», il permet de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un retour au passé.

    Si ce désir de protection correspond à l’intérêt de presque tous, comme vous le pensez, qu’est-ce qui l’empêche de se traduire en actes?
    La plus importante des résistances à l’idée de protectionnisme ne provient pas des économistes et des absurdités qu’ils professent, mais de la profonde incapacité à penser collectif dans les classes supérieures. Le phénomène s’explique par des raisons culturelles et sociologiques que j’analyse dans mon livre quand je parle de la narcissisation des comportements ou de l’implosion des groupes sur eux-mêmes. Le vrai problème, c’est que les croyances collectives sont aujourd’hui en veilleuse.

    Cela vous rend pessimiste?
    Je pourrais l’être en effet. Les tenants du libre-échange que je dénonce inutilement depuis dix ans ont gagné contre des types comme moi. C’est le règne de la pensée zéro. Vous noterez que je ne parle pas de pensée unique, car ce serait faire un supercompliment à des gens qui ne pensent pas. Cette pensée zéro a donc réussi à écraser la pensée adverse qui, elle, existe. Mais elle a fini par se confronter à un ultime adversaire: la réalité du monde. Et cette réalité, c’est la crise! On vit donc une situation tout à fait extraordinaire de vide de la pensée, mais aussi d’urgence de la pensée. Je me demande comment ça va tourner. Mais je constate aussi que l’idée protectionniste est en train de progresser à toute vitesse.

    Elle pourrait s’imposer dans le débat?
    Ce qui permettrait d’envisager son émergence très rapide, c’est le niveau éducatif extraordinairement élevé des populations européennes. Un niveau jamais atteint jusqu’ici: dans un pays comme la France, un tiers des jeunes arrive au baccalauréat. Une population comme celle-là peut comprendre et bouger très vite. Etonnement, il s’est d’ailleurs écrit des choses favorables sur mes thèses protectionnistes dans des journaux comme Les Inrockuptibles ou Technikart. J’ai été stupéfait. Vous voyez, ce n’est pas une idée du passé.

    En Europe, ce protectionnisme devrait permettre de résister aux délocalisations et à la pression sur les salaires. Est-ce le bon diagnostic? Les pertes d’emplois dans les industries traditionnelles ne résultent-elles pas du progrès technologique, plus que des délocalisations?
    Vous me parlez d’industries traditionnelles, c’est tout de même un concept rigolo… Si vous considérez les productions effectives, le centre de gravité du monde est aujourd’hui l’Europe. Que ce soit en termes d’ingénieurs, d’ouvriers qualifiés ou de scientifiques. Votre question laisse supposer qu’il n’y aurait qu’une seule trajectoire possible dans l’histoire. On dit que c’est moderne de délocaliser. On délocalise donc en s’abandonnant à un futur qu’on pense inéluctable. Et arrive cette chose extraordinaire, la crise: en quelques mois, on s’aperçoit que ce futur inéluctable n’existe pas...
    En réalité, qu’est-ce qu’on fait en délocalisant? On transfère des activités à des populations dont les coûts du travail sont faibles, ce qui ralentit la croissance de la productivité. Avant les délocalisations, l’industrie européenne semblait plutôt se diriger vers l’automation. On en parle moins aujourd’hui. Désormais, le projet industriel serait plutôt de remplacer les automates par des Chinois. Il y a donc plein de trajectoires possibles. Mais la crise actuelle va clore ce débat.

    Pourquoi?
    Parce que le système ne marche pas. Si vous délocalisez ce qu’il faut d’emplois productifs réels, vous assurez dans un premier temps le décollage de pays comme la Chine. Mais une fois que la bête a été plumée, une fois que les emplois ont disparu, la contraction des revenus dans les pays développés se répercute sur ces pays émergents dont les taux de croissance vont baisser à toute vitesse. Désormais, la Chine est terrorisée par les effets du libre-échange auquel elle s’est convertie de façon asymétrique et bizarre.

    Est-ce qu’il n’y a pas, malgré tout, une part d’égoïsme à vouloir fermer les frontières de l’Europe aux exportations du Sud?
    On se trompe en attribuant aux échanges internationaux le décollage de pays comme la Chine ou l’Inde, sans voir qu’il s’agit d’un décollage général des sociétés lié à l’alphabétisation et à ce qui l’accompagne. Le protectionnisme dont je parle est coopératif. Je recommanderais le même à la Chine, en préconisant une réorientation de ses activités vers son marché intérieur.

    Quand Nicolas Sarkozy proclame sa volonté de «refonder le capitalisme», vous le prenez au sérieux?
    Sarkozy est bien la dernière personne que je prends au sérieux! Je ne le connais pas personnellement, et j’en suis heureux, mais je connais son conseiller Henri Guaino: je l’ai longtemps côtoyé dans l’ex-Fondation Marc Bloch et je sais qu’il n’a pas ce qu’il faut, dans le cerveau, pour comprendre la crise et agir en conséquence. Sarkozy et son parolier Guaino pensent qu’agir, c’est faire des discours. Ils parlent sans arrêt. Comme s’ils étaient en campagne!
    Comme s’ils avaient oublié qu’ils sont au pouvoir! Je vais vous donner une règle absolue pour évaluer le degré de réalisme d’un gouvernement français. S’il discute d’une réforme du capitalisme européen avec les Allemands, il peut alors jouer un rôle sur la scène mondiale: la France n’est une puissance mondiale qu’associée à l’Allemagne. Mais, s’il court de New York à Pékin en faisant des discours tonitruants, c’est Sarkozy qui agite du vent.
    L’avenir, en résumé?
    On est maintenant devant un choix: le libre-échange ou la démocratie. Soit les classes dirigeantes essaient de faire une politique conforme à l’intérêt de tous et passent au protectionnisme européen. Soit elles vont être contraintes de restreindre le jeu démocratique. Mais je n’imagine rien de plus affreux qu’un régime de type bonapartiste: l’avantage d’un monde amorphe, c’est qu’on n’y court pas le risque d’un régime totalitaire. •

    Après la démocratie. Emmanuel Todd. Gallimard. 257p.

    PS : Emmanuel Todd dédicacera prochainement ses œuvres et vous pourrez ainsi le rencontrer et lui poser des questions :
    Le 25 novembre Strasbourg, Librairie Kléber
    Le 28 novembre Montpellier, Librairie Sauramps
    Le 2 décembre Troyes, Librairie Les Passeurs de textes
    Le 11 décembre Toulouse, Librairie Ombres blanches

    vendredi 21 novembre 2008

    Vive le Sénégal!



    Pour changer un peu, allons faire un tour au Sénégal pour découvrir une espèce à part. Un article dépaysant qui vous fera voyager sans quitter votre fauteuil.

    Ne ratez pas non plus les commentaires, certains valent leurs pesant d'or!

    Bon voyage et... WALLAYE!

    mardi 18 novembre 2008

    -Yes we can! -Really ?



    Comme prévu, à peine l'élection américaine terminée, les donneurs de leçons de tout poils et autres communautaristes subventionnés se sont précipités sur l'aubaine comme la misère se jette sur le pauvre monde. Et de nous resservir le plat habituel à base de "triomphe de la discrimination positive", de "nécessaire représentativité des 'minorités visibles'" et autres antiennes politiquement correctes sur fond de "les états (soi-disant) unis nous donnent une bonne leçon" et de "cela n'aurait pas pu arriver en France".
    Ils ignorent sans doute qu’en France, c’est un Antillais, Gaston Monnerville, qui présida le Sénat de 1959 à 1968, poste qui faisait de lui le deuxième personnage de l’État, alors qu'au même moment les noirs pendaient tels des "fruits étranges" aux branches des arbres de l'Alabama ou du Mississipi. Mais passons.

    Les médias US, bien sûr, n'allaient pas laisser passer l'occase de ricaner un bon coup sur l'Europe en général et sur la France en particulier, comme par exemple Chris Wallace (de Fox News) affirmant sans rire à Jon Stewart (The Daily Show) que "c'est comme si les Français élisaient un Algérien président de la république" et Stewart de s'esclaffer d'un rire approbateur sans même réaliser l'absurdité d'une telle déclaration (qui a depuis été reprise un peu partout avec insistance). Il faut dire que ce brave Chris Wallace a raison : jamais un Algérien ne sera élu président Français.

    Mais revenons aux choses sérieuses et étudions donc un peu le cas américain :

    - Il y a 100 sénateurs US. Maintenant que Barack Obama a démissionné de son poste de sénateur de l'Illinois, il en reste le nombre considérable de... 0.

    - Il y a 50 gouverneurs. Le nombre de gouverneurs noirs actuellement est 1. Si on prend toute l'Histoire US on atteint le total pharamineux de 2.

    - Il y a 435 membres élus à la chambre des représentants dont 39 sont noirs. Pas mal. Néanmoins une analyse plus poussée nous apprend que seulement 8 d'entre eux sont élus de districts à majorité blanche (et 4 à majorité hispanique). Les autres ont été élus dans des districts pratiquant le Gerrymandering, qui consiste en un découpage électoral sur des bases ethniques. Une pratique racialiste pour ne pas dire raciste qui serait inimaginable en France.

    Donc, sur un total de 585 élus au niveau national nous arrivons à un total de 9 noirs, soit 1,5%.

    1,5% plus un président noir sur une minorité noire de presque 13% de la population du pays, est-ce vraiment assez pour donner des leçons ?

    Source : SuperFrenchie

    mercredi 12 novembre 2008

    Change we can't believe in

    Etats-Unis: Obama tend à garder Gates au Pentagone

    WASHINGTON, 11 novembre (Xinhua) -- Le président américain récemment élu Barack Obama tend à garder Robert Gates en tant que secrétaire à la Défense pour une autre année, ont révélé mardi des assistants de M. Obama.

    (Photo d'archives : Xinhua/Reuters)

    M. Gates, pour sa part, pourrait accepter cette offre éventuelle, a rapporté le journal Wall Street citant un assistant du secrétaire.

    Néanmoins, des assistants de M. Obama ont affirmé qu'aucune décision finale n'a été faite, du fait que plusieurs démocrates, dont Richard Danzig, secrétaire à la Marine de l'ancien président Bill Clinton et John Hamre, vice-secrétaire à la Défense de M. Clinton, sont également mis en considération.

    Comme le président élu, M. Gates soutient le déploiement de plus de troupes en Afghanistan.

    Cependant, le secrétaire à la Défense s'oppose violemment à un ferme calendrier pour le retrait des forces américaines de l'Irak.

    M. Gates est entré en fonction au Pentagone à fin-2006 après que M. Bush eût destitué Donald Rumsfeld sur son commandement de la guerre en Irak.


    Le changement, c'est quand rien ne change.

    mardi 11 novembre 2008

    Pour Louis...


    Pour toi Louis, mon arrière grand-père, emporté par le feu et la folie des hommes, en ce funeste jour de Mai 1915.
    Jamais nous n'oublierons ton sacrifice, toi, simple soldat du 14eme régiment d'infanterie, mort en héros comme tant de tes camarades, au cours de la terrible bataille de SOUCHEZ.

    "Nous sommes devant Souchez. Le village a disparu. Jamais je n'ai vu une telle disparition de village. Ablain Saint-Nazaire et Carency garde encore une forme de localité, avec leurs maisons défoncées et tronquées(..) Ici, dans le cadre des arbres massacrés - qui nous entourent au milieu du brouillard - plus rien n'a de forme : il n'y a même pas un pan de mur, de grille, de portail qui soit dressé, et on est étonné de constater qu'à travers l'enchevêtrement de poutre, de pierres et de férailles, sont des pavés : c'était ici une rue". Henri BARBUSSE, Le Feu, chapitre XII Le portique.



    Mère, voici vos fils qui se sont tant battus,

    Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.

    Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre

    Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée. (C. Péguy)

    dimanche 9 novembre 2008

    Emmanuel Todd : « On vit une démocratie de la manipulation »



    Au rayon pensée unique, on ne trouve nulle trace d'Emmanuel Todd, historien, démographe, sociologue, autrefois proche des milieux souverainistes avec lesquels il a rompu, anti-Maastricht quelque part entre Séguin et Chevènement, concepteur de la « fracture sociale » revisitée par Jacques Chirac... auteur incommode, notamment de « L'illusion économique », Todd ne pratique pas cette légère flexion qui caractérise les penseurs en phase de récupération intellectuelle par le pouvoir. Il serait même « tabou et irrécupérable » sur ce plan. L'esprit de famille ! Il publie aujourd'hui (1) un essai sur la société française et ses dérives, le vide éducatif et religieux, l'aveuglement des responsables politiques, la perversion du libre-échange, la possibilité d'une nouvelle lutte des classes... Lucide constat sur la crise de notre système démocratique. Et rude charge contre Nicolas Sarkozy, même si des personnalités de gauche (Delors, Strauss-Kahn, Lamy...) en prennent aussi pour leur compte. On trouve enfin dans ce livre de chercheur l'espoir en un « protectionnisme européen ». L'une des issues - et sa préférence - pour échapper à la crise et sauver la démocratie.


    Tout d'abord, quelle leçon de démocratie vous inspire l'élection de Barack Obama ?

    On a assisté à un phénomène où le plus important est la désignation du candidat par les sphères supérieures de la société et la présentation d'un programme économique minimum acceptable par le peuple. Très clairement, les milieux financiers et les élites avaient fait le choix d'Obama avant même qu'il soit élu et la surprise a été l'élimination du facteur « racisme », pourtant ancré structurellement et historiquement dans la société américaine.

    Quelle démocratie peut se dessiner aux Etats-Unis ?

    L'Amérique va retrouver un président intelligent, exceptionnel, capable d'affronter une situation de déroute économique. Gestionnaire d'un pays en décomposition, Obama peut soit « conserver l'empire » et continuer à vivre aux crochets du monde avec un gigantesque déficit commercial, ou, s'il est un grand président, commencer la longue marche vers le retour à l'équilibre des échanges extérieurs, la reconstruction de l'industrie... Je ne suis pas très optimiste : dans cette Amérique qui a perdu l'habitude d'affronter ses problèmes, les fondamentaux de l'économie sont catastrophiques.

    Comment jugez-vous la volte-face des dirigeants et des gouvernements qui sont passés du tout libéral à l'interventionnisme d'état ?

    Je ne crois pas à un « retour de l'Etat » providentiel. Le renflouement des banques est un nouveau pas dans la mise en question de la démocratie. En France, Nicolas Sarkozy n'est qu'un courtier dans cette affaire. Les banques ont pris les états en otages et nous avec ! Ce qui choque, c'est l'état au service des banques, des milliards injectés sans pour autant changer le système, des politiques qui s'autocongratulent, décrochés de la réalité. Je trouve les élites en panne de solutions égalitaires et progressistes et la société très amorphe.

    Qu'est-ce qui, en France, indique pour vous un déclin de la démocratie ?

    Je mets en perspective une longue évolution historique, une situation économique très complexe, l'évolution idéologique et religieuse depuis les années 60, la croyance catholique qui structurait le champ politique, la décomposition de ce dernier... et ce n'est pas réjouissant. J'essaie notamment d'expliquer comment Nicolas Sarkozy a surgi dans ce contexte et en quoi il est une clé d'entrée des problèmes de la société française.

    Vous y allez fort avec ce président dont vous faites un « symptôme » des mauvaises tendances de cette société ! Comme on dit, pourquoi tant de haine ?

    Sarkozy a été « l'élu de la peur », notamment grâce à la crise des banlieues et face à Ségolène Royal, candidate absurde dont l'incompétence faisait aussi peur que la brutalité de son adversaire. Il s'est aussitôt affiché avec des amis milliardaires et ne sait pas se tenir. Jamais, comme lui, un président n'avait provoqué ainsi dans les banlieues pour récupérer les voix du Front National, inclus des socialistes dans son gouvernement, insulté des gens dans des manifestations publiques, exposé sa vie privée... Je n'attaque pas le personnage, mais le symptôme. Il s'est créé un état d'apesanteur dans lequel il peut se permettre tout cela et il a surgi dans un système sans croyance collective structurante. Car ce sont les idées dominantes qui importent, notamment, en économie, ce que dictent les classes supérieures pensantes.

    Votre charge anti-sarkozyste semble « datée », des premiers mois de sa présidence. N'a-t-il pas changé depuis, notamment à l'épreuve de la crise mondiale ?

    Je ne pense pas, mais ce n'est pas la question ! Je parle du « moment Sarkozy ». Ce qu'on a vu pendant dix mois est édifiant et concerne le vrai sujet : vide religieux, islamophobie, possible émergence d'une lutte des classes, baisse de niveau de vie des jeunes diplômés, tentation de la droite d'instrumentaliser toutes les inquiétudes, notamment autour de l'immigration... On a vu la récupération ridicule de la Marseillaise sifflée au stade de France. Mais le Parti socialiste - sa hiérarchie - est presque plus inquiétant pour le suffrage universel. Il se refuse à proposer un programme économique de type protectionniste et se comporte comme un parti de notables face à un « bas peuple » incapable de comprendre.

    Quelle est la faute majeure de cette élite qui vous désespère ?

    Elle ne présente pas un choix clair sur les questions économiques - globalisation, libre-échange, écrasement des salaires... et chaque élection devient plus problématique. On est dans une démocratie de manipulation où l'on crée des problèmes et des affrontements artificiels. Pour ce système il n'y a que trois solutions possibles : l'ethnicisation et la thématique identitaire, tentation de la droite après l'implosion du Front National - mais Sarkozy n'a pas convaincu grand monde sinon la base électorale des petits commerçants - la perversion ou la suppression du suffrage universel, enfin le protectionnisme européen. Mais on ne pourra indéfiniment laisser en place un système économique qui angoisse et affaiblit autant la population.

    Peut-on dire que la lutte des classes, sous des formes nouvelles, a de beaux jours devant elle ?

    Il n'y a pas de structuration collective, mais on sent monter une révolte, sans violence mais déterminée, des classes moyennes contre les classes supérieures. L'histoire s'accélère et nous rapproche de cette échéance. Seul le 1 % supérieur de la société profite de la richesse, dans un système économique « auto bloquant » : si tous les gains vont à cette frange, on risque des affrontements désordonnés et des dérives autoritaires et le système s'arrête. C'est cette menace qu'on est en train de vivre.

    Le « protectionnisme européen », dernière chance de la démocratie. Pouvez-vous préciser ?

    C'est la seule issue possible à une échelle raisonnable, l'économie française ne pouvant se protéger seule. La pression externe à la baisse sur les salaires (Chine, Asie...) paralyse la demande intérieure. Le protectionnisme européen permettrait de mettre en place des barrières dans un espace de 450 millions d'habitants pour la faire cesser et échapper à cette spirale d'étouffement qui rend invivable une démocratie. Je décris l'incertitude, pas la disparition d'un système... C'est une forme d'optimisme ! Mais quelle confusion dans l'esprit des gens qui associent libre-échange et liberté ! Je distingue la mondialisation - formidable pour la conscience collective, le rapprochement des connaissances et des cultures - et son côté obscur, la globalisation, qui nous asphyxie. Je donne enfin un carnet de route pour négocier avec l'Allemagne, notre partenaire historique.

    Et vous enfoncez à nouveau Nicolas Sarkozy !

    Oui mais la réalité est que sa personnalité - agité, donneur de leçons... - est un problème. Et, vu de l'étranger, une souffrance ! Il exaspère et navre la classe politique internationale, surtout ceux qui sont stratégiquement importants pour nous au coeur de l'Europe, dont l'Allemagne. Et si le couple franco-allemand ne communique plus, rien ne peut se passer.

    Après la démocratie... la démocratie ?

    A condition de faire fonctionner l'Europe à l'endroit pour qu'elle devienne l'instrument d'une véritable régulation économique et impose la préférence communautaire. Elle sera alors le centre d'une nouvelle forme de démocratie, à l'écoute et dans l'intérêt des populations. Mais tout dépendra de l'intensité de la crise économique mondiale. Si elle empire, même les Etats-Unis, qui sont allés loin dans leur déstructuration industrielle et leur dépendance aux importations du monde, seront incapables, Obama ou pas, de la maîtriser.

    1. « Après la démocratie », Gallimard, 250 pages, 18,50 euros.

    Par Jacques Gantié
    Nice-Matin

    vendredi 7 novembre 2008

    Les USA ont enfin tourné la page du racisme...



    Black church in Springfield burns

    Fire began hours after vote, prompting fears it was arson

    By Milton J. Valencia /November 06, 2008

    A predominantly black church under construction in Springfield was destroyed by fire early yesterday, just hours after Barack Obama's landmark victory, triggering concerns that the building was purposely set ablaze in a possible hate crime...


    jeudi 6 novembre 2008

    Good Morning Kabul!



    L'armée US a dignement célébré l'élection de Barack Obama (a.k.a. : le nouveau messie cosmoplanétaire) en bombardant un village Afghan en plein mariage, une de ses grandes spécialités festives.

    US airstrikes reported to hit Afghan wedding
    By ABDUL WAHEED WAFA and MARK MCDONALD
    Published: November 5, 2008
    KABUL, Afghanistan — Tensions between American forces and the Afghan government over civilian casualties from coalition airstrikes spiked again on Wednesday with a report by Afghan officials that a missile from a United States aircraft had killed 40 civilians and wounded 28 others at a wedding party in the southern province of Kandahar...


    J'admire énormément la stratégie US de bombardement systématique des mariages en Afghanistan. Pourvu qu'ils ne laissent pas tomber, je suis confiant dans le fait qu'à la longue, les Afghans seront suffisamment dissuadés de se marier et qu'ainsi la baisse consécutive du taux de natalité épuisera les capacités de recrutement des talibans.


    On peut noter, par ailleurs, que l'article publié à l'origine sur le site du NYTimes, a été réécrit depuis et qu'une nouvelle version a remplacée l'originale, à la demande de qui ? Dans quel but ?
    En quoi la première version était-elle incorrecte ?
    On peut se poser ces questions. En attendant, voici la première version qui a été reprise par plusieurs sites avant d'être modifiée sur celui du NYTimes.

    On y constate, entre autres, la disparition de ce passage dans la version remaniée :

    "The coalition and Afghan authorities are investigating reports of non-combatant casualties in the village of Wech Baghtu," said Cmdr. Jeff Bender, deputy public affairs officer of United States forces in Afghanistan, in a statement.

    "If innocent people were killed in this operation, we apologize and express our condolences to the families and the people of Afghanistan," he said, adding that the facts were "unclear at this point."


    Le fameux "pardon aux familles, tout ça" popularisé en France par les "guignols de l'info".

    Les mystérieux correcteurs du NYT se sont-ils rendus compte tout seuls de l'aspect grotesquement indécent de ce genre de déclaration ou regardent-ils les marionettes de la chaîne Française cryptée ?

    mercredi 5 novembre 2008

    Elections US : la réaction de Todd


    Voila un point de vue lucide qui nous change de la bouillie indigeste qui nous est servie jusqu'à la nausée par nos sempiternels américanolâtres médiatiques pontifiants.

    Par les temps qui courent, ça fait du bien.

    A ne pas rater, le moment désopilant où Todd fait remarquer que "c'est une Amérique paniquée par la crise financière qui vient d'élire Obama" et le typique journaliste de service à Chicago de répondre "non, pas du tout" avant de confirmer complètement l'affirmation de Todd...

    lundi 3 novembre 2008

    Une raison de plus d'interdire Halloween


    SUMTER, South Carolina (AP) -- An ex-convict who said he thought he was being robbed gunned down a 12-year-old trick-or-treater, spraying nearly 30 rounds with an assault rifle from inside his home after hearing a knock on the door, police said Saturday... (suite)
    Peut-être que la solution serait d'armer les enfants qui font la collecte d'Halloween afin qu'ils puissent se défendre ?

    WESTFIELD, Massachusetts (AP) -- An 8-year-old boy died after accidentally shooting himself in the head while firing an Uzi submachine gun under adult supervision at a gun fair... (suite)

    Oui, bon, oubliez ce que je viens de dire.
    C'est peut-être un peu dangereux, finalement...

    vendredi 31 octobre 2008

    Fables du temps présent

    Pour se détendre, voici deux petites fables amusantes qui circulent un peu partout sur le net.
    (Que ceux d'entre vous qui les connaissent déjà me pardonnent) :

    La finance c’est quoi ??

    Une fois dans un village, un homme apparut et annonça aux villageois qu’il achèterait des singes pour 10 $ chacun.

    Les villageois, sachant qu’il y avait des singes dans la région, partirent dans la forêt et commencèrent à attraper les singes. L’homme en acheta des centaines à 10$ pièce et comme la population de singes diminuait, la chasse était moins facile et les villageois arrêtèrent leurs efforts.

    Alors, l’homme annonça qu’il achèterait désormais les singes à 15$.

    Les villageois recommencèrent a chasser les singes. Mais bien vite le stock s’épuisa et les habitants du village retournèrent à leurs occupations.

    L’offre monta à 20$ et la population de singes devint si réduite qu’il était rare de voir un singe, encore plus d’en attraper un.

    L’homme annonça alors qu’il achèterait les singes 50$ chacun. Cependant, comme il devait aller en ville pour affaires, son assistant s’occuperait des achats.

    L’homme étant parti, son assistant rassembla les villageois et leur dit : « Regardez ces cages avec tous ces singes que l’homme vous a achetés. Je vous les vends 35$ pièce et lorsqu’il reviendra, vous pourrez les lui revendre a 50$. »

    Les villageois réunirent tout l’argent qu’ils avaient, certains vendirent tout ce qu’ils possédaient, d’autres hypothéquèrent leur future récolte, et ils achetèrent tous les singes.

    La nuit venue, l’assistant disparut. On ne le revit jamais, ni lui ni son patron. Les deux compères avaient disparu. Il ne restait que des singes qui couraient dans tous les sens…

    Bienvenue dans le monde de la bourse !

    PS: Afin d’éviter toute confusion :
    Les mots Subprimes, Produits dérivés, Titrisation, Stock options ont été remplacés par Singe.
    Les mots Clients, Pigeon ont été remplacés par Villageois
    Et SG, Fortis, Dexia, CE, CA, Calyon ont été remplacés par nos deux compères


    La Loterie du cheval mort

    Once upon a time, le jeune Bob vivait au fond du Nebraska.

    Un jour il décide de devenir riche, lui aussi. Pour démarrer, il choisit d’acheter un vieux cheval à un cowboy. Il emprunte sans difficulté 500 dollars à la banque du coin, qui aime par dessus tout les jeunes gens audacieux ; il verse au cowboy la totalité de la somme empruntée, et ce dernier lui promet la livraison, ferme, du canasson pour le 10 du mois.

    Las ! Une semaine plus tard, le cowboy vient voir Bob pour lui annoncer une mauvaise nouvelle: le cheval est mort. Bob, qui est encore un pied tendre, lui dit alors :

    - No problem, man ! Tu me rends mes 500.

    - Gosh ! lui répond le cowboy, c’est que je ne les ai plus. J’ai été obligé de les refiler à ma sœur, pour qu’elle aille se soigner.

    Bob, qui mûrit vite, réfléchit et lui dit :

    - All right, chap ! Je prends quand-même le cheval.

    - Le cheval ? Pour en faire quoi ?, lui demande le cowboy, très surpris (il ne sera jamais riche).

    Bob lui répond avec assurance :

    - Je vais le vendre en montant une loterie. Pour un cheval, je suis sûr de trouver tout un paquet de gens qui tenteront le coup.

    Le cowboy s’étonne :

    - Tu ne peux pas faire une loterie avec un cheval mort !

    Petit clin d’œil de Bob :

    - Pourquoi veux-tu que je dise que le cheval est mort ?

    Deux mois plus tard, le cowboy croise Bob, chemise de grande classe, lunettes de soleil, montre étincelante et chaussures de cuir fin. Aussitôt, il lui demande :

    - Alors ? Ta loterie, ça s’est passé comment ? - Super ! lui répond Bob. J’ai vendu 500 tickets à 3dollars la mise. Du coup j’ai fait mes premiers 1000 dollars de profit !

    - Mais…. Tu n’as pas eu de réclamations ?

    - Si, bien sûr. De la part du gagnant. Mais on s’est arrangé : je lui ai rendu sa mise.

    Aujourd’hui, Bob vend des produits structurés chez Goldman Sachs.

    jeudi 30 octobre 2008

    We will not go to the negotia- erm, um... nevermind.


    US willing to hold talks with Taliban, says report

    By Anwar Iqbal and Masood Haider
    WASHINGTON/NEW YORK, Oct 28: The US is willing to hold direct talks with elements of the Taliban in an effort to quell unrest in Afghanistan, the Wall Street Journal reported on Tuesday, citing unidentified Bush administration officials...

    ...Amid these reports of a possible breakthrough in the search for a peaceful solution to the Afghan conflict, Christian Science Monitor noted that on Monday the Taliban militia showed “a new potency” in the fight against coalition forces, bringing down a US military helicopter near Kabul, while a suicide bomber struck and killed two Americans in northern Afghanistan.
    The Los Angeles Times on Tuesday highlighted the significance of the attack, noting that “choppers are a crucial mode of transport for troops and supplies” in Afghanistan...

    ...Gen Petraeus also indicated that he believed insurgencies rarely ended with complete victory by one or the other side.
    “You have to talk to enemies,” said Gen Petraeus while pointing to Kabul’s efforts to negotiate a deal with the Taliban that would potentially bring some Taliban members back to power, saying that if they were “willing to reconcile” it would be “a positive step”. US Afghan experts outside the Bush administration have also been urging the White House to try to end violence “by co-optation, integration and appeasement”, as one of them said. They urge the Bush administration to give the Taliban a positive reason to stop fighting. This, they argue, would allow Washington to separate hardcore militants from others within the Taliban and would also expose the extremists before the Afghan people.
    Source : Dawn

    Par charité chrétienne, je m'abstiendrais de tout sarcasme à base de "surrender monkeys" et autres joyeusetés...

    PS : On ne dit pas : "manger son chapeau", mais : "avaler son stetson".