mercredi 25 février 2015

"Difficile d’être prophète", une conférence d'Emmanuel Todd


Une conférence d'Emmanuel Todd, le 11 décembre 2014, intitulée "Difficile d’être prophète" où il nous raconte comment son attirance pour une jeune étudiante hongroise l'a conduit à écrire son premier ouvrage "La chute finale" dans lequel il prédisait, en 1976, la désintégration de la sphère soviétique. On y apprend également comment il s'est retrouvé considéré à tort comme le spin-doctor de Chirac en 95, comment il est devenu le conseiller financier de Georges Soros et lui a fait perdre une fortune et plein d'autres anecdotes marrantes...
Il aborde ensuite les grands sujets d'actualité comme l'Ukraine (à partir d'1h05' environ), qu'il considère comme un "état désintégré dont la seule chose que le gouvernement peut faire, c'est la guerre, parce que c'est plus facile de faire la guerre que de redresser l'économie".


Conférence "difficile d'être prophète" à Montluçon le 11.12.2014
Bonus :

Conférence sur l'anthropologie à Montluçon le 11 décembre 2014 (juste avant l'autre)

Crise du crédit : le jour où votre carte bancaire ne servira plus à rien, par Bill Bonner

Bill Bonner
Rappelez-vous cet avertissement quand ça arrivera. C’est-à-dire quand vous irez au distributeur retirer de l’argent… et qu’il n’y en aura pas ! 

Oui, alors que nous méditions sur ce qui se passe vraiment dans le bizarre système monétaire actuel, une idée saisissante nous est venue.
Notre système financier pourrait subir un retournement stupéfiant et catastrophique que personne ou presque n’imagine… sans parler de l’anticiper. Vous vous rappelez le tsunami mortel qui a frappé les côtes d’Asie du sud-est, tuant des milliers de personnes et causant des milliards de dollars de dégâts ? Eh bien, juste avant que la muraille d’eau de plus de 10 m de haut ne s’abatte sur les plages, une chose extrêmement étrange s’est produite : l’eau a disparu.
La marée s’est retirée plus loin que jamais. Les pêcheurs locaux se sont immédiatement mis à l’abri. Ils savaient ce que ça signifiait. Mais les touristes sont partis à la chasse aux coquillages !
Il pourrait arriver la même chose à la masse monétaire. Le cash pourrait s’évaporer de manière aussi soudaine que désastreuse — juste avant que nous nous y noyions.
Voici comment… et pourquoi.

Ce que nous utilisons comme argent aujourd’hui, c’est en majeure partie du crédit. Il nous est fourni par l’industrie du crédit. Nous ne le voyons jamais. Nous ne le touchons jamais. Nous ne le sentons pas. Nous ne le comptons pas pièce à pièce. Nous ne le perdons pas derrière les coussins du canapé.
Le secteur financier fait des profits — en grande quantité — en nous offrant ce nouvel argent à crédit. Il en produit autant que ce que nous sommes prêts à payer. Après tout, pour une banque, créer du nouveau crédit ne coûte quasiment rien. C’est pour cette raison que nous en avons une si grande quantité.
Comment ce système monétaire se comportera-t-il durant une contraction profonde ou prolongée du crédit ?
Jamais encore un système monétaire de ce genre n’avait existé. Et il n’a connu qu’une époque d’expansion colossale du crédit. De sorte qu’il n’a jamais été complètement testé. Comment ce système monétaire se comportera-t-il durant une contraction profonde ou prolongée du crédit ? Peut-il survivre à un grave marché baissier des obligations ou des actions ? Que se passerait-il si les prix à la consommation s’envolaient ?

▪ Une situation sans précédent pour le système
Notre système monétaire actuel a commencé en 1971. Il a survécu à une inflation de 13% par an en 1980, mais Paul Volcker était aux commandes, restreignant l’offre de nouveau crédit et limitant l’inflation. Le système a également survécu à la crise de 2008-2009 ; mais ensuite, Ben Bernanke a radicalement augmenté le flux de crédit en mettant les taux proches de zéro et en rachetant des milliers de milliards de dollars d’obligations.
La prochaine crise pourrait être très différente. Les taux directeurs sont déjà à zéro… voire au-dessous. Les banques centrales rachètent désormais plus de 100% des nouvelles dettes gouvernementales (grâce au QE). Dans l’ensemble, la dette a atteint des niveaux encore sans précédent… et continue de se développer — bien au-delà de ce que l’économie réelle peut soutenir.
A un moment ou à un autre… une correction de la dette est inévitable. Les expansions de dette sont toujours… toujours… suivies de contractions. Il n’y a pas d’autre moyen. La dette ne peut augmenter éternellement.
Lorsque ça arrivera, les taux zéro et le QE ne suffiront pas à renverser la vapeur, parce qu’ils sont déjà pied au plancher. Alors ?
Une crise du crédit pourrait être déclenchée par n’importe quoi. Lorsqu’elle démarrera, la valeur de la dette chutera brusquement et rapidement
Une crise du crédit pourrait être déclenchée par n’importe quoi. Lorsqu’elle démarrera, la valeur de la dette chutera brusquement et rapidement. Les créditeurs se tourneront vers leurs emprunteurs… les traders se tourneront vers leurs contreparties… les banquiers se tourneront les uns vers les autres…
… et tout à coup, personne ne voudra plus se séparer d’un seul centime, de peur de ne plus jamais le revoir. La fin du crédit.
Ce n’est pas simplement que personne ne veut prêter ; personne ne veut emprunter non plus — à part les gens désespérés qui n’ont pas d’autre choix, généralement ceux qui n’ont aucune chance de rembourser leurs dettes.
Comme durant la crise de 2008-2009, nous pouvons attendre une réponse rapide des autorités. La Fed annoncera de nouvelles facilités d’emprunt illimitées. Mais ça n’aura aucun effet. L’immobilier sera en chute libre ; qui prêtera contre la valeur d’une maison ? Les valeurs seront en plein krach ; qui pourrait emprunter sur la valeur de son portefeuille ? L’art, les objets de collections, les ressources naturelles — tous feront le plongeon ; tous les nantissements seront dans le rouge.
Durant la dernière crise, toutes les grandes banques et sociétés d’investissement auraient fait faillite sans l’intervention des autorités. La prochaine fois, il ne sera peut-être pas aussi facile de les sauver. La prochaine crise affectera probablement toutes les classes d’actifs. Et avec 60 000 milliards de dollars de dettes supplémentaires dans le monde par rapport à 2007 — ce sera probablement bien plus difficile à arrêter.

▪ La prochaine étape
Est-ce que vous nous suivez jusqu’à présent ? Parce que c’est là que les choses deviennent intéressantes.
Dans un système monétaire "normal"… avec, disons, des pièces d’or ou même des morceaux de papier… les prix chutent. Mais l’argent est toujours là ; il ne disparaît pas. Il prend au contraire de la valeur parce qu’on peut l’utiliser pour acheter plus de choses. Naturellement, les gens le conservent. La vélocité de la monnaie chute, de sorte que "l’offre" de monnaie semble chuter aussi.
L’argent ne cesse pas simplement de circuler. Il disparaît
Imaginez maintenant ce qui se passe dans un système de monnaie à crédit. L’argent ne cesse pas simplement de circuler. Il disparaît. Parce que le crédit sous-jacent disparaît. Tous les prix chutent. Soudain, le "crédit" ne vaut rien. Une personne qui avait des "actifs" (assurés par le crédit) de 10 000 $ en juin pourrait se retrouver avec zéro en juillet. Une entreprise qui met des liquidités dans le rachat de ses propres actions une semaine… pourrait trouver ces actions divisées par deux la semaine suivante. Une personne ayant un portefeuille boursier de 100 000 $ le lundi pourrait réaliser que son portefeuille n’a plus aucune valeur quelques jours plus tard.
Tout ça est relativement standard dans une crise du crédit. La nouveauté — et elle est terrible –, c’est que les gens feront ce qu’ils font toujours, mais se retrouveront forcés de le faire d’une manière radicalement différente. Ils cessent de dépenser. Ils stockent des liquidités. Mais quelles liquidités stocker lorsque la plupart des transactions sont faites à crédit ? Stocke-t-on une ligne de crédit ? Met-on sa carte bancaire dans son coffre-fort ?
Non. Les gens stockeront le genre de cash qu’ils comprennent… une chose sur laquelle ils peuvent littéralement mettre la main… une chose qui voit sa valeur augmenter réellement — et rapidement. Ils voudront de la vraie monnaie papier.
Suivant un schéma également bien connu, cette monnaie papier réelle disparaîtra rapidement. Les gens videront les distributeurs. Ils voudront de l’argent tangible — de l’argent à l’ancienne, qu’ils peuvent mettre en sécurité chez eux et dans leurs poches…

▪ Et ensuite ?
Faisons une pause pour nous rappeler, cher lecteur, qu’on parle là d’une période très courte : des jours, peut-être des semaines — quelques mois tout au plus. Il s’agit de la période après que la crise du crédit ait aspiré tout le cash du système… et avant que le tsunami d’inflation des gouvernements ne frappe.
Comme l’a dit Ben Bernanke, "une banque centrale déterminée peut toujours créer de l’inflation des prix à la consommation positive". Mais ça prend du temps !
Une ruée sur les billets de banques, les gens cherchant désespérément à s’en emparer pour payer la nourriture
Pendant cet intervalle, la panique s’installera. Une ruée sur les billets de banques, les gens cherchant désespérément à s’en emparer pour payer la nourriture… le carburant… tout ce dont ils ont besoin.
Le crédit sera peut-être encore disponible. Mais il ne servira à rien. Personne n’en voudra. Les distributeurs et les banques se retrouveront à cours de cash. Les banques mettront des pancartes en vitrine : d’abord "les retraits en liquide sont limités". Puis "pas de retraits en espèces".
Vous vous retrouverez avec une "carte de crédit" dont la réserve se monte à 10 000 euros. Mais toutes les institutions financières vacillent. Dans le journal, vous lisez que votre banque a fait faillite et a été placée sous tutelle. Que préféreriez-vous ? Votre réserve de crédit de 10 000 euros… ou une pile de billets de 500 euros ?
Vous irez faire le plein. Vous sortirez votre carte de crédit pour payer :
"Paiement en espèces uniquement", dira un panneau. Parce que tout le mécanisme de l’économie du crédit sera en train de s’effondrer. La station-service… ses fournisseurs… et ses financiers ne veulent pas se retrouver coincés avec un "crédit" de votre prêteur en faillite !
Quelles cartes de crédit seront encore bonnes ? Quelles réserves auront encore de la valeur ? Quelle banque est sur le point de faire faillite ? Qui honorera sa dette de carte de crédit ? Lors d’une crise, ces questions seront aussi ordinaires que "qui gagnera un Oscar" l’était hier.
Personne ne connaîtra les réponses. Rapidement, les gens cesseront de jouer aux devinettes… et se tourneront vers les espèces sonnantes et trébuchantes.
Notre conseil : gardez du vrai cash sous la main. Vous pourriez en avoir besoin.


Source : La Chronique Agora

lundi 23 février 2015

Vladimir Poutine : Kiev vaincu par le Donbass malgré l'armement de l'OTAN – 17.02.2015



Vladimir Poutine - Entretiens russo-hongrois, réponses aux questions des journalistes  - 17 février 2015 - Budapest

Question : Vladimir Vladimirovitch, quelle est votre évaluation de la situation, maintenant que deux jours se sont écoulés depuis que l’accord de Minsk sur un cessez-le feu a pris effet ? On ne dirait pas que tout se passe bien, surtout quand on regarde ce qui se passe à Debaltsevo : là-bas, il n’y a pas de cessez-le-feu.

Vladimir Poutine : Tout d'abord, nous accordons une grande importance aux accords conclus à Minsk. Peut-être que tout le monde n’y a pas encore prêté attention, mais ceci est particulièrement important dans ces accords.

Les autorités de Kiev ont essentiellement accepté de procéder à une vaste réforme constitutionnelle afin de satisfaire les demandes d'indépendance – appelez ça comme vous voulez : la décentralisation, l'autonomie, la fédéralisation - dans certaines parties du pays. C’est donc une décision très importante et très significative de la part des autorités de l’Ukraine.

Mais il y a aussi un autre côté impliqué dans ces accords, et si les représentants de la région du Donbass ont accepté de participer à cette réforme, cela signifie qu’il y a un soutien réel des parties concernées pour que l’État ukrainien évolue dans cette voie.

Bien sûr, plus vite tout sera fait pour mettre fin aux hostilités et retirer le matériel militaire, plus vite pourront être mises en place les véritables conditions nécessaires pour qu’un règlement politique de la question puisse être effectivement atteint.

Quant aux opérations militaires, je tiens à dire que nous avons relevé une baisse globale substantielle de ces activités. Mais je tiens également à souligner que depuis la dernière fois, lorsque le président Porochenko a décidé de reprendre les opérations militaires puis de les arrêter, il n’a pas été en mesure d’y mettre fin immédiatement.

Ce que nous voyons maintenant n’en est pas moins une diminution claire et significative de l’ampleur des combats et des hostilités des deux côtés tout au long de la ligne de front.

Oui, les affrontements se poursuivent toujours autour de Debaltsevo. Mais là aussi, l'ampleur et l'intensité des opérations sont bien moindres qu’auparavant.

Ce qui s’y passe est compréhensible et c’était prévisible. Selon nos informations, un ensemble de troupes ukrainiennes y était encerclé avant la rencontre de Minsk de la semaine dernière.

J’en ai parlé lors de nos échanges à Minsk et voilà exactement ce que j’avais prédit à ce sujet : j’ai dit que les troupes encerclées voudraient essayer de sortir de l'encerclement et qu’il y aurait des tentatives de l'extérieur de percer, mais que la milice (indépendantiste) qui était parvenue à encercler les troupes ukrainiennes allait essayer de résister à ces tentatives, maintenir l’encerclement et tenir bon, ce qui conduirait inévitablement pendant un certain temps, d’une manière ou d’une autre, à de nouveaux affrontements.

Et donc une nouvelle tentative de percer l’encerclement a été faite ce matin. Je ne sais pas ce que les médias ont raconté, je n’ai pas réussi à suivre toutes les informations, mais je sais qu’à 10 heures ce matin, les forces armées ukrainiennes ont fait une nouvelle tentative visant à briser l’encerclement. Finalement, elles ont échoué.

J’espère vraiment que les responsables au sein du gouvernement ukrainien n’empêcheront pas les militaires ukrainiens de déposer les armes. S’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas prendre cette décision importante et donner cet ordre, ils devraient au moins ne pas poursuivre en justice ceux qui, pour sauver leur vie et celle des autres, sont prêts à déposer les armes.

Voilà pour une part. D’autre part, j’espère que les représentants de la milice et les autorités de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk ne vont pas détenir ces hommes et ne les n’empêcheront pas de quitter librement la zone de conflit et d’encerclement et de retourner à leurs familles.

Question : Monsieur le Président, de vos mots, je comprends que lorsque l'accord de Minsk a été signé, et quand vous avez pris part aux discussions, vous saviez que le cessez le feu ne prendrait pas effet exactement à partir du moment prévu. En d'autres termes, il était à prévoir que certains affrontements se poursuivraient.

Pensez-vous que ces affrontements se termineront bientôt? Etes-vous optimiste sur les chances pour un cessez-le durable, ou êtes-vous pessimiste, parce que, si les affrontements militaires s’intensifient effectivement,là, les Etats-Unis pourraient commencer à fournir des armes à l'Ukraine. Comment répondriez-vous à cela, que ferait la Russie ?

Vladimir Poutine : En ce qui concerne les livraisons d'armes possibles à l'Ukraine, selon nos informations, elles sont déjà en cours, des livraisons ont déjà eu lieu. Il n'y a rien d'inhabituel à cette situation.

Deuxièmement, je crois fermement que, quel que soit le type d'armes impliqués, il n’est jamais une bonne chose de fournir des armes à une zone de conflit et, dans ce cas particulier, peu importe qui les envoie et quel genre d'armes sont impliqués, le nombre de victimes pourrait s’élever bien sûr, mais le résultat serait le même que ce que nous voyons aujourd'hui.

La grande majorité des militaires ukrainiens ne veulent plus prendre part à une guerre fratricide, d’autant plus en étant si loin de leurs propres maisons, alors que la milice du Donbass a une forte motivation pour lutter et protéger ses familles.

Après tout, permettez-moi de vous rappeler une fois encore que ce qui se passe aujourd'hui est lié à une seule chose, à savoir le fait que le gouvernement a décidé à Kiev pour la troisième fois de reprendre l'action militaire et d’utiliser les forces armées.

Cette décision a été prise par M. Tourtchinov, qui a émis l'ordre de procéder à ce qu'il appelle une opération antiterroriste. Le Président Porochenko a alors décidé de poursuivre les opérations militaires et, maintenant, nous voyons ce qui se passe.

Il n'y aura pas de fin à cette situation tant que les gens qui prennent les décisions ne se rendent pas compte qu'il n'y a pas d'espoir de résoudre le problème par des moyens militaires. Ce conflit ne peut être réglé que par des moyens pacifiques, par la conclusion d'un accord avec cette partie de leur pays en garantissant les droits et intérêts légitimes de ces personnes.

Permettez-moi de dire que l'accord conclu à Minsk offre une opportunité pour que cela se produise. À cet égard, je tiens à souligner le grand rôle que le président français et la chancelière fédérale allemande ont joué pour parvenir à un compromis. Je pense qu'une solution de compromis a été trouvée et pourrait être cimentée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.

La Russie, comme vous le savez, a déjà présenté cette initiative. Si cela se produit, l'accord de Minsk gagnerait l'état du droit international. Si non, c’est déjà un document assez bon qui devrait être pleinement mis en œuvre. Je suis donc plus optimiste que pessimiste.

Permettez-moi de répéter que la situation est relativement calme sur toute la ligne de front maintenant. Nous devons régler le problème du groupe qui a été entouré. Notre tâche commune est de sauver la vie des personnes prises au piège dans cet encerclement et veiller à ce que cette question n’aggrave pas les relations entre les autorités de Kiev et la milice du Donbass.

Il n'est jamais facile de perdre et c’est toujours un malheur pour la partie perdante, surtout quand vous perdez des gens qui étaient travaillaient dans les mines ou sur les tracteurs. Mais la vie est la vie et elle doit continuer. Je ne pense pas que nous devrions être trop obsédé par ces choses.

Comme je l'ai dit, nous devons nous concentrer sur la résolution de cette tâche principale qui est de sauver la vie des gens là-bas maintenant, et leur permettre de retourner dans leurs familles, et nous avons besoin de mettre en œuvre intégralement le plan convenu à Minsk. Je suis sûr que cela est possible. Il n'y a d’ailleurs pas d'autre chemin à prendre. (Trad. Sayed Hasan)

dimanche 22 février 2015

Ukraine/Novorossia : Vidéo-SITREP du 22.02.2015


Des vidéos comme s'il en pleuvait, en ce moment. En voici une sélection non-exhaustive :


Les FAN entrent dans Debaltsevo. Un reportage d'Icorpus traduit en anglais par Kazzura.


Nettoyage par les FAN de la zone industrielle de Debaltsevo, située dans la partie nord de la ville.


Visite en voiture de l'ancien chaudron de Debaltsevo 21.02.2015


Les partisans de Kharkov démentent être à l'origine de l'attentat commis aujourd'hui


Les accords de Minsk par Xavier Moreau. Extraits du débat sur MIR 24, le 18 février 2015
(Mise à Jour à suivre...)

Pour plus d'infos et vidéos sur le Donbass : Voir l'excellent article de Jacques Frère : LIEN

mercredi 18 février 2015

Uraine/Novorossia : Déroute ukrainienne totale à Debaltsevo

Le drapeau de Novorossia flotte sur Debaltsevo
Selon l'agence RIA Novosti, des centaines de militaires de l'armée ukrainienne qui se trouvaient encerclés à Debaltsevo dans l'Est de l'Ukraine ont commencé à rendre leurs armes.
«Les militaires de l’armée ukrainienne rendent leurs armes massivement. Le nombre de ces soldats s’évalue par centaines», a déclaré le président de l’administration du chef de la République autoproclamée de Donetsk, Maxime Leshenko. (Source : RT)

MàJ 22h00 :

Vue aérienne de Debaltsevo 18.02.2015

Derniers rapports publiés par mes sources préférées :

1. Il semble maintenant que les forces ukrainiennes ont commencé à se retirer de la section sud-ouest de la poche. Les villages de Kolonia Eniakievo, Aleksandrovskoe et Olenovka sont maintenant entre les mains des séparatistes. Ce matin, les troupes ukrainiennes ont commencé à se retirer des villages restants dans les secteurs du sud et du centre de la poche: Boulavinskoe, Kamyshatka, Olkhovatka, Kamenka, Danilovo, Polovoe et Ilynka. Kamyshatka est déjà passé dans les mains des FAN. Un journaliste polonais à Artemovsk a observé quelques troupes ukrainiennes qui avaient trouvé moyen de sortir de la poche pendant la nuit sous le couvert de l'obscurité. La plupart avaient du fuir à pied, bien que certains véhicules ont également été observés. Dans les conditions actuelles dans la poche, il est douteux qu'ils puissent sauver quoi que ce soit de leur artillerie, de leur matériel lourd ni de leurs réserves de munitions. Les FAN ont dégagé les districts de l'Est, et le district de Konaev à Debaltsevo. Les combats se poursuivent dans le secteur des usines et dans les quartiers centraux.
source : "Skob"

2. "La nuit à Donetsk s'est déroulé calmement. Je ne me souviens pas si c'était aussi paisible pendant la dernière trêve, et si le troisième jour, il y avait un tel silence. Les civils paraissent relativement calmes, beaucoup osent même marcher dans les rues. Mais tant dans la milice que parmi les civils, tout le monde pense que cette situation ne durera pas longtemps. En ce qui concerne ceux qui sont revenus de la zone des combats, notamment de Debaltsevo, ils disent que le chaudron n'existe plus".
Source : Cyril Romanowski
 
3. Selon une autre source (
"Yana") des combats acharnés se poursuivent dans certains secteurs de Debaltsevo. Depuis deux jours, l'ennemi a perdu au moins 400 hommes tués, et plus de 300 ont été fait prisonniers. 


4. Zakharchenko blessé sans gravité à Debaltsevo. Selon LIFEnews, Zakharchenko traversait une des rues principales au milieu des tirs nourris et a été blessé à la cheville. La Sécurité du chef de la RPD lui a donné les premiers soins. Zakharchenko a été ensuite emmené à l'hôpital de campagne d'Alchevs'k avec trois miliciens blessés. La vie d'Alexandre Zakharchenko ne court aucun danger, le chef de la DNR était conscient durant le transport et se porte bien.


Zakharchenko à l'hopital d'Alchevsk (RPL) reçoit la visite de son homologue Plotnisky, leader de la RPL, hier soir (ce mec rigole avec du shrapnel de mortier dans la jambe! Je sais pas si tout le monde se rend bien compte...)

5. Du coté ukrainien, Porochenko a annoncé qu'il se dirige vers la ligne de front, je présume que c'est pour observer la situation, pas pour se battre. La plus grande partie du district central de Debaltsevo a été défrichée et les combats se déroulent actuellement dans le quartier Ryzantsev (dans  le coin SE). Les FAN sont maintenant à environ 500 mètres de l'intersection des importantes autoroutes M03 et M04 sur la lisière sud de la ville. Les Ukrainiens, cependant, ont mis en place plusieurs postes renforcés dans ce secteur.




 

Porochenko en plein délire sur twitter : "Nos soldats, braves défenseurs de notre terre, ont donné un coup dans les dents à ceux qui tentaient de les encercler et se sont retirés de Debaltseve" 
Réponse de Sergei Bar : "Donc, avons-nous déja gagné la guerre ou devons-nous encore attendre que vous ayez réussi a perdre Kharkov pour célébrer vos dons de stratège ?"

6. Une info originale pour changer : Un rapport des garde-frontières biélorusses fait état d'un groupe de 20 hommes armés à cheval (!) qui ont tenté de traverser la frontière de la Biélorussie depuis l'Ukraine. Les assaillants se sont enfuis après un échange de coups de feu, en abandonnant quatre chevaux et en emmenant plusieurs blessés avec eux. (source)

Vidéos :


Le drapeau de Novorossia flotte sur Debaltsevo


Combats au N de Lougansk


Combats de rue, hier, à Debaltsevo


Troupes ukrainiennes prisonnières des FAN dans le chaudron de D.


Zakharchenko parle aux Prisonniers ukrainiens  (Sous-titres français Y.Delville)


Missile TOCHKA-U non explosé retrouvé près d'Uglegorsk


Visite d'Uglegorsk


Le résumé de la situation en français sur RT


Interview de prisonniers ukrainiens par Graham Phillips :"Mon cerveau ne fonctionne plus!"


Le reporter/propagandiste de la BBC se fait une chaleur en direct 

mardi 17 février 2015

Cassad TV : Journal de Novorossia du 15-16 février 2015 (S/T ang.)


1. La situation dans la RPD et la RPL.

2. Les FAN tentent par tous les moyens d'évacuer au maximum les civils de Debaltsevo vers Alchevsk (RPL) ou la situation est calme.

3. Hier, le plénipotentiaire de la RPD aux pourparlers de Minsk, Denis Pouchiline, a déclaré que Kiev avait violé les termes de l'armistice à 16 reprises au cours de la journée. De son coté, le député Semenchenko, commandant du bataillon punitif ukrainien "Donbass", à renvoyé la balle en accusant les FAN d'avoir violé le cessez-le-feu.

4. La représentation des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk entend faire respecter par Kiev les termes de l'accord de Minsk, en particulier le refus de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Ils ont fait savoir que si cette clause n'est pas respectée, l'accord sera rompu de fait.

5. Le Conseil de sécurité des Nations unies a retardé le vote sur le projet de résolution présenté par les diplomates russes au sujet des accords de Minsk pour examiner certains amendements supplémentaires.

6. Le PM ukrainien Iatseniouk espère que l'Ukraine pourra bientôt réduire au minimum sa dépendance du gaz russe.

7. Iatseniouk toujours, estime possible de reconstruire les infrastructures endommagées dans le Donbass à condition de faire payer les réparations par la Russie. [il est interdit de rigoler]

8. Oleg Liachko estime que les proches de l'ex-président Viktor Ianoukovitch sont les principaux instigateurs de la guerre dans le Donbass.


9. Le président de la
Verkhovna Rada, Volodymyr Groisman, estime que fédéralisation ou l'autonomie du Donbass ne peuvent être considérées.

10. Le représentant du parti de Porochenko, Eugene Rybczynski a dit que la racine de tous les maux de l'Ukraine est le drapeau national bleu et jaune qui devrait être jaune et bleu. Selon lui, une simple inversion des couleurs du drapeau ukrainien résoudrait la plupart des problèmes du pays. [Rappel : Il est interdit de rigoler]

samedi 14 février 2015

La Grande-Bretagne livre des blindés "Saxon" au régime ukrainien


AT105 "Saxon" en Afghanistan
La Grande-Bretagne a dores et déjà, livré 20 blindés AT105 "Saxon" à l'Ukraine et les livraisons devraient se poursuivre.



Selon le site ukrainien Autoconsulting, un accord a été signé pour fournir 50 véhicules 4 × 4 blindés AT105 "saxon" à l'Ukraine pour les forces des bataillons de volontaires qui sévissent dans le pays. Chaque véhicule pourrait coûter 57 000$, avec un montant total du contrat d'environ 2.850.000$.


 
Selon le secrétaire britannique au Foreign Office Philip Hammond, c'est une entreprise privée britannique a envoyé les blindés "Saxon" à l'Ukraine.
Selon Hammond, ces équipements n'étaient plus utilisés, dans l'armée britannique. D'après les responsables britanniques, ces équipements sont envoyés, en Ukraine conformément à un accord conclu en 2013. "Une fois réparés, ces blindés seront utilisés par l'armée ukrainienne", a annoncé le Conseil défensif et de la sécurité nationale de l'Ukraine.
"Si la donne ne change pas, dans les régions troublées de l'Ukraine, la Grande-Bretagne changera sa politique de ne pas envoyer d'armes, en Ukraine", a menacé Philip Hammond.

Source : DefenceBlog

Minsk 2.0, chronique d'un échec annoncé

Les médias nous ont montré à l'envie l'image de 3 missiles "Smerch" plantés dans le sol à Kramatorsk, en zone ukrainienne, mais vous ont-ils montré cette photo de Pervomaisk, en zone "rebelle" ?

Jeudi dernier, les puissances de l'UE et la Russie, ainsi que l'Ukraine et les représentants des républiques de Donetsk et Lougansk, ont signé un nouvel "accord de paix" à Minsk.
Le problème est qu'il n'a rien de nouveau, justement.
En fait, c'est une version régurgitée de la première mouture qui avait déjà échoué misérablement.
Voici pourquoi le premier accord a échoué et pourquoi le second échouera aussi :

1. La guerre en Ukraine a été le théâtre de crimes de guerre massifs. Des milliers de civils ont été abattus par l'armée ukrainienne, et plusieurs milliers d'autres ont été mutilés à vie. Au cours des premiers mois de la guerre, un accord comme Minsk aurait pu fonctionner. Après une année de destruction sanglante à l'arme lourde de la part du gouvernement central contre "ses propres" villes et villages, les dégâts sont beaucoup trop grands. En plus, il y a les milliers de soldats morts et blessés des deux côtés. Et leurs familles. Les habitants du Donbass sont-ils censés se soumettre à un accord qui permet au gouvernement ukrainien d'exercer à nouveau le pouvoir sur eux après de telles violations massives des droits de l'homme ?

Tout aussi étonnant, le nouvel accord de Minsk recommande le pardon et l'abandon des poursuites contre les responsables de ces crimes contre l'humanité. Une résolution qui défie l'entendement, qui défie jusqu'aux principes de base de la justice de la façon la plus éhontée qui soit. Une poignée de mains au moment politiquement opportun effacerait comme par miracle les traces du sang de milliers de victimes innocentes des mains de leurs bourreaux ?

2. L'accord ignore les référendums organisés par les habitants de Donetsk et Lougansk. Il ignore sciemment leur souhait démocratique d'être séparés de l'Ukraine. Ce type d'expression de la volonté ne peut être rayé d'un trait de plume. Il reste dans les cœurs et les esprits du peuple. C'était une expression de sa volonté. Une volonté qui a été jeté au vent par opportunisme politique. Une trahison de leurs espoirs et de leurs aspirations collectives.

3. L'Ukraine reprend le contrôle de sa frontière avec la Russie laissant les citoyens de Novorossia piégés et séparés de leur "protecteur" russe. Cela donne carte blanche à l'Ukraine pour exercer la vengeance de l’État contre ceux qui lui ont infligé de lourdes pertes jusqu'ici.

4. Les dispositions relatives à la décentralisation des pouvoirs et le «statut spécial» pour Donetsk et Lougansk sont dénuées de sens comme l'a démontré de manière éclatante le président ukrainien Porochenko en déclarant que l'Ukraine ne sera pas fédéralisée lors d'une conférence de presse tenue avant même d'avoir quitté le lieu des négociations. Autrement dit, une promesse vide de sens.

5. Le désarmement des forces militaires de Donetsk et Lougansk qu'on appelle les FAN et qui sont le seul garant réel de la sécurité, de l'ordre public, et le défenseur de la volonté du peuple de Donetsk et Lougansk. En d'autres termes, l'armée qui a pilonné sans relâche leurs villes et villages patrouillera maintenant dans les rues, les citoyens de Novorossia seront occupés par leurs oppresseurs. Inacceptable pour quiconque ayant une once de fierté et de dignité humaine.

La liste pourrait s'allonger encore et encore. Minsk 2.0 n'est rien, juste une tentative "diplomatique" superficielle pour concilier les intérêts de la Russie et de l'Ukraine, tout en ignorant ceux qui sont pourtant au centre de l'équation: les gens de Lougansk et Donetsk. Une trahison. Une insulte. Un tel accord ne pourra jamais avoir une longue durée de vie. Il est voué à l'échec parce qu'il ignore la volonté populaire et son besoin que "justice soit faite". Un tel accord laisse les plaies de la guerre à vif et ne peut mener qu'à la haine et au ressentiment.
Il n'est pas honorable et il n'est pas applicable.
Voila pourquoi il va échouer.

(Rock Solid Politics - BDD)

jeudi 5 février 2015

Ukraine/Novorossia : SITREP du 05.02.2015

La photo du jour : affiche de mobilisation de l'armée ukrainienne subtilement disposée devant un cimetière militaire

Mini-résumé des évènements d'hier dans le Donbass :

1. Les habitants ont été évacués simultanément d'Uglegorsk et Debaltsevo.
 

2. Les allégations sont contradictoires concernant l'état du corridor d'approvisionnement ukrainien. La meilleure déclaration est probablement que personne n'a le plein contrôle sur l'autoroute MO4 entre Debaltsevo et la zone de Logvinovo. Certains rapports affirment que des convois ukrainiens ont été arrêtés; autres qu'ils ont pu passer.

MàJ : 23H00 :
 Le commandement de l'armée ukrainienne accepte les propositions de couloir humanitaire dans Debaltsevo
Les autorités de la République populaire de Donetsk ont fait une proposition aux forces armées ukrainiennes d'arrêter totalement les actions de combat à partir de 09h00 heure de Moscou, le vendredi 6
Février (TASS)




restes d'un BMP ukrainien
  3. Les forces ukrainiennes à Chernukhino (128e Brigade) sont coupées de Debaltsevo.
 

4. Un journaliste suédois dans la zone estime que les forces ukrainiennes subissent plus de 50 blessés graves chaque jour.
 

5. La partie sud de Kamenka, près de l'angle sud-est du saillant, est sous le contrôle des forces de la RPL.


BMP-2 d'origine indéterminée près d'Uglegorsk

6. Un commandant du 25eme Bataillon motorisé ukrainien, Evgenyi Tkatchuk, arrêté pour trahison pour avoir donné l'ordre d'abandonner une position à Debaltsevo. (LIEN)

7. On a également un rapport de désertion de la part d'un bataillon territorial ukrainien et son retrait du saillant.
 

8. Rumeurs de négociations entre les commandants ukrainiens locaux et les FAN.

Nazis croates (Oustachis?) du Bataillon Azov
  9. Les manifestants ont tenté de prendre d'assaut le palais présidentiel à Kiev le 3/02, mais ont été repoussés par la police et la garde nationale.

10.  82% de la population de la Crimée déclare soutenir pleinement l'annexion par la Russie de la péninsule, selon un sondage réalisé par l'institut de recherche GfK Group en Ukraine, a rapporté mercredi le journal en ligne Ukrainska Pravda. (LIEN)

Merveilles de la médecine ukrainienne : Semenchenko, député et chef de bataillon punitif, blessé, est évacué par des infirmiers ukrainiens qui ont une bien étrange façon de faire les bandages... L'ambulance qui le transporte sera plus tard accidentée mais Semen, malgré cette journée pourrie, s'en sortira.

Carte du saillant de Debaltsevo au 5.02


Vidéos :


Dans cette vidéo ukrainienne amusante, nous pouvons voir les soldats ukrainiens fuir comme des lapins à travers champs pour échapper à un tank qui s'avèrera finalement être... un des leurs.

  
Drone de reconnaissance ukrainien abattu près d'Irmino (RPL)


Nettoyage d'Uglegorsk par les FAN


Reportage de Stechine et Kots sur la division Sparta à Uglegorsk


Blindés des FAN à Debaltsevo 3.02


Les habitants d'Uglegorsk qui servaient de boucliers humains à l'armée ukrainienne, laquelle n'a pas hésité à bombarder la ville à l'arme lourde après en avoir été chassée par les troupes séparatistes, ont pu enfin être évacué et mis en sécurité par les FAN (NB : vous ne verrez pas cette vidéo sur I-télé)


Hôpital de Donetsk, le 4.02 


Destructions des combats à Uglegorsk

mardi 3 février 2015

La situation en Ukraine vue par Alexeï Kochetkov

Alexeï Kochetkov

Le co-auteur, avec Stanislas Byshok, de "Néonazis & Euromaïdan, de la démocratie à la dictature", qui va bientôt paraître en français, explique l'importance du néonazisme en Ukraine actuellement et son entreprise de nettoyage ethnique du Donbass.


Interview réalisé par Frédéric Saillot et Dimitri de Kochko pour Eurasie Express