samedi 30 juillet 2016

Oups! Les médias ont oublié de vous parler de "l'ami et mentor" d'Hillary, l'ancien leader du KKK R. Byrd (R.I.P.)


Dans leur insondable hypocrisie, les médias n'ont de cesse d'alerter le public sur le supposé "racisme" de Donald Trump, le candidat républicain à la Maison Blanche. Celui-ci est pourtant soutenu par certains noirs et hispaniques, bizarrement, mais peu importe, l'essentiel est de faire passer le seul message qui compte : Trump est horriblement méchant, haineux, vicieux, repoussant.
Trump, c'est le mal.

Par contraste, son adversaire démocrate, Hillary Clinton, c'est le bien. C'est une femme, elle est gentille, courageuse, et symbolise l'amour entre les peuples et le respect envers toutes les communautés. Conclusion, si vous n’êtes ni raciste, ni fasciste, ni extrémiste, ni aigri. En gros si vous êtes un être humain sain d'esprit, vous ne pouvez que penser comme les médias et soutenir la "gentille" Hillary contre "l'affreux" Donald.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, tout n'est pas si simple. Alors que les médias tentaient vainement de créer un lien factice entre Trump et le leader du Ku Klux Klan David Duke, ils oubliaient opportunément de parler des liens bien réels qu'Hillary Clinton avait entretenu avec un autre leader du KKK, décédé en 2010, le sénateur démocrate de Virginie-Occidentale, Robert Byrd.


Dans une vidéo publiée sur la chaine YouTube officielle du Département d'Etat, le 28 Juin, 2010, H. Clinton a rendu hommage au sénateur Byrd avec ces mots : "Aujourd'hui, notre pays a perdu un véritable américain original, mon ami et mentor Robert C. Byrd."



Voici ce dit Wikipedia sur le sénateur Byrd :

Dans les années 1940, Byrd était un chef local du Ku Klux Klan, opposé à toute idée d'intégration raciale au sein de l'armée. Les soupçons de racisme le suivront durant toute sa carrière politique. (...)

Quelques déclarations controversées de "l'ami et mentor" d'Hillary Clinton :
« Je souhaite de ne jamais me battre aux côtés d'un nègre. Plutôt mourir mille fois, et voir le drapeau américain piétiné dans la boue au point qu'il ne puisse plus être encore hissé, que voir ce pays bien-aimé se dégrader par une race de bâtards, une survivance du spécimen le plus noir des terres sauvages. » Lettre de Robert Byrd au sénateur Theodore Bilbo du Mississippi (1945)  
« On a besoin du Klan aujourd'hui plus que jamais, et je désire voir sa renaissance ici en Virginie-Occidentale. » Autre lettre de Robert Byrd (1946)
 « Il y a des niggers blancs. J'ai vu beaucoup de niggers blancs dans ma vie ; je vais utiliser ce mot. » Interview à Fox News Channel, le 4 mars 2001. (Il est impossible de traduire parfaitement le mot anglais nigger mais il équivaut à « nègre » ; aux États-Unis, ce terme, autrefois courant, est aujourd'hui considéré comme péjoratif et particulièrement injurieux pour désigner un Noir. Byrd s'est excusé plus tard, et dit qu'il n'a voulu offenser personne.)
 
Barack Obama a prononcé l'éloge funèbre de Robert Byrd lors de ses funérailles
Le président Obama a salué la mémoire du sénateur Robert C. Byrd aujourd'hui pour avoir su garder la foi en sa famille, son état de Virginie-Occidentale et sa bien-aimée Constitution des États-Unis.

"Il était une icône du Sénat, il a été un chef de parti, il était un homme d'État, et il était mon ami", a déclaré Obama devant des milliers de personnes qui se sont réunies pour les funérailles de Byrd sur les marches du Capitole de la Virginie-Occidentale. "Voilà comment je me souviendrai de lui."

Conclusion : il faut toujours se méfier des images d’Épinal véhiculées par les médias! 

Sources : 
dailycaller 
 100percentfedup

A VOIR AUSSI :

Les néocons pro-bush soutiennent Hillary Clinton (Analyse de Rodney Martin ST/français) 

Ces supporters de Bernie Sanders qui voteront pour Trump

vendredi 29 juillet 2016

Alep : "STOP à la manipulation médiatique"

L'arme préférée des vrais destructeurs d'Alep : les djihadistes (canon à bonbonnes de gaz)
Par le Dr Nabil Antaki
NON, ce n’est pas Alep qui est assiégée par l’armée syrienne, mais les quelques quartiers à l’Est d’Alep qui ont été envahis par les groupes armés en juillet 2012.

OUI, Alep était assiégée par les terroristes depuis 4 ans et l’offensive de l’armée syrienne a justement pour but de la libérer. C’est chose en partie faite depuis jeudi 28 juillet quand l’armée syrienne a finalement chassé les groupes armés du quartier de Bani Zeid. Ces groupes ont pendant 4 ans terrorisé les habitants d’Alep en lançant quotidiennement des mortiers et des bonbonnes de gaz remplies de clous et d’explosifs faisant tous les jours des dizaines de tués et de blessés.

NON, les structures de santé ne sont pas visées délibérément par les bombardements aériens. Les hôpitaux cités n’existaient pas avant la guerre et donc ces lieux de soins sont, s’ils existent, installés dans des immeubles ordinaires. De plus, même de l’aveu de Médecins sans frontières (MSF), ces structures de santé n’ont pas été signalées à l’ONU, ni aux Etats-Unis, ni à la Russie.

Il faudrait aussi signaler que les immeubles abritant des structures de santé sont utilisés par les terroristes pour leur sinistre besogne: l’hôpital ophtalmologique situé à Alep-Est est le quartier général de Al Nosra pour la région d’Alep. Pourquoi ne pas mentionner les hôpitaux bombardés [dans les zones sous le contrôle de l’Etat syrien, Ndlr], incendiés ou détruits par les terroristes depuis le début du conflit.

OUI, les terroristes qui occupent Alep-Est appartiennent à Al Nosra, groupe considéré par toute la communauté internationale (Europe et USA compris) comme groupe terroriste. Il devrait être neutralisé comme Daech, ce que ne font pas les avions de la coalition internationale menée par les USA.

NON, les habitants d’Alep-Est n’ont pas peur de venir à Alep sous le contrôle de l’Etat Syrien par les couloirs humanitaires que les autorités ont ouverts pour les laisser rentrer minimisant ainsi le risque de pertes civils lors des raids ou des batailles. Au contraire, ils voudraient rejoindre les 500.000 habitants d’Alep-Est ayant déjà fui les régions d’Alep sous contrôle des terroristes pour se réfugier sous la protection de l’Etat syrien. Ce sont les rebelles-terroristes qui les empêchent de venir les gardant comme boucliers humains.

OUI, les habitants d’Alep ont souffert pendant 4 ans. Ils ont subi de nombreux blocus imposés par les terroristes et les 1.500.000 habitants d’Alep ont subi des pénuries très graves sans que personne n’en parle, ne s’indigne, ni ne proteste.

NON, l’Etat syrien et son allié russe ne veulent pas qu’il y ait des victimes civiles lors des combats. Ils ne veulent pas qu’il y ait des dommages collatéraux comme lors des bombardements français du village de Al Tokhar le 19 juillet dernier tuant 164 civils ou des bavures comme le bombardement américain de l’hôpital de Kunduz

OUI, arrêtez de manipuler l’opinion public par la désinformation. A chaque fois que les terroristes sont assiégés quelque part en Syrie, les gouvernements et médias lancent des cris d’alarme. Ils veulent soit disant éviter une prétendue catastrophe humanitaire; alors que leur vrai but est en réalité de desserrer l’étau de l’armée gouvernementale sur les terroristes.

Ces derniers n’arrêtent pas leurs tirs. Comment sont-ils donc approvisionnés en munitions et en armes alors qu’ils prétendent que les produits alimentaires et les carburants ne peuvent leur parvenir, faisant craindre le pire pour les civils?

Nabil Antaki, Alep le 29 juillet 2016

Source: http://arretsurinfo.ch/alep-stop-a-la-manipulation-par-le-dr-nabil-antaki/


Les images des destructions causées par 4 ans de siège djihadiste à Alep

Voir aussi :
Nabil Antaki: Les Syriens ne sont pas persécutés par Assad

jeudi 28 juillet 2016

Hillary Clinton : "Si je suis présidente, nous attaquerons l'Iran"


Hillary Clinton, aujourd'hui championne des Néo-conservateurs pro-Bush pour la présidentielle US 2016, déclarait en avril 2008 son intention d'attaquer l'Iran et avoir la capacité de "totalement oblitérer" les iraniens.


Trad. : BDGD (n'oubliez pas d'activer les sous-titres s'ils ne se déclenchent pas automatiquement!)

mardi 26 juillet 2016

Pierre Conesa : "Nous ne sommes une cible que parce que nous avons décidé de combattre Daech à la place des musulmans"


Pierre Conesa, Maître de conférence à Science Po, est une des rares voix qui ose dire certaines vérités dérangeantes dans les médias officiels français. Il nous explique en quelques mots pourquoi la France est une cible du terrorisme islamo-salafiste.

"Nous participons et nous menons une guerre qui n'a rien à voir avec nos intérêts propres" - Pierre Conesa



lundi 25 juillet 2016

Emmanuel Todd sur le Brexit : " L'étape numéro 4, après le réveil de l'Allemagne, de la Russie, et du Royaume Uni, doit être le réveil de la France"


Un grand entretien avec Emmanuel Todd où il livre son sentiment sur le Brexit et ses conséquences sur l' UE qu'il renomme "Europa", la politique migratoire de Merkel, le marasme des élites politiques françaises etc...

Selon lui, le Brexit signe la vraie fin de la guerre froide et la mort de la notion de "système occidental", la divergence des sociétés les plus avancées mène à un inévitable retour des nations dont la sortie des britanniques de l'UE est la troisième étape, après la réunification allemande et le redressement de la Russie, la quatrième étape sera celle de la France.


Le 23 juin, le Royaume-Uni a fait le choix de sortir de l'Union européenne. Emmanuel Todd, on vous imagine très satisfait de ce résultat…

Emmanuel Todd : C'est une évidence mais ce n'est pas vraiment le problème. Je m'intéresse à ce qui se passe en tant qu'historien de l'Ecole française de la longue durée, celle de Fernand Braudel et de mon maître Emmanuel Le Roy-Ladurie; j'essaye de m'extraire du court-termisme de l'agitation des hommes politiques. Le Brexit fait partie d'un phénomène global sur lequel je travaille et qui concerne l'ensemble des sociétés les plus avancées, incluant l'Amérique, le Canada, l'Australie, le Japon : la divergence. Les démographes savent que les niveaux de fécondité sont très différents, que certaines populations se reproduisent, que d'autres n'y arrivent pas, que certaines doivent donc faire appel à l'immigration et d'autres non ; les travaux d’Atkinson et de Piketty montrent que la vitesse et l’ampleur de la montée des inégalités sont différentes.

L’anthropologie des structures familiales permet de comprendre l’origine de ces différences et de cette divergence généralisée. Ce qui se passe actuellement, dans le contexte de la globalisation, ce n'est pas seulement que les cultures nationales résistent, mais que le stress et les souffrances de la globalisation conduisent les sociétés, non pas à s'ouvrir plus et à converger, mais au contraire, à trouver en elles-mêmes, dans leurs traditions et dans leurs fondements anthropologiques, la force de s’adapter et de se reconstruire. C'est ce que j'observe, et ce, bien au-delà du contexte européen.

Le Japon est dans une période de recentrage sur lui-même, des gens rêvent de la période d'Edo durant laquelle le pays se développait de manière autonome, et à l'insu de l’Europe. Ce sont des forces du même ordre qui ont permis l'émergence de candidats comme Bernie Sanders ou Donald Trump aux Etats-Unis, et qui exigent une sortie du "consensus de Washington" et du discours mondialisé, avec un rêve de refondation de la nation américaine.

En Europe, c'est encore plus intéressant parce que nous sommes un système de vieilles nations. L'Europe s’est engagée la première dans ce processus parce que l'Allemagne est partie la première. La problématique du retour à la nation a été imposée à l’Allemagne en 1990 par sa réunification. C’était son devoir, elle devait reconstruire sa partie orientale. Elle a eu une sorte de temps d'avance qui l’a menée, presque par accident, à sa situation de prééminence sur le continent européen depuis 2010 environ. Le deuxième pays en Europe qui se soit recentré sur un idéal national, après bien des troubles, c'est la Russie. L'Empire soviétique s'est décomposé, la Russie a traversé une période de souffrances terribles entre 1990 et 2000, mais l'accession de Poutine a finalement incarné ce retour de la Russie à un idéal national, recentré sur une notion néo-gaulliste d'indépendance. Il a fallu une quinzaine d'années aux Russes pour se retrouver en situation économique, technologique et militaire de ne plus avoir peur des États-Unis. Ce que l'on a pu constater, par étapes, en Géorgie, en Crimée, puis en Syrie. On en arrive à une situation où les armées occidentales qui veulent survoler la Syrie doivent demander l'autorisation aux Russes.

Ce référendum sur le Brexit, dans cette logique, c'est l'étape numéro 3 : la réémergence du Royaume-Uni en tant que nation. 

Et quelle serait la spécificité du Royaume-Uni dans cette dynamique de retour à la nation ?

Ils ne sont pas les premiers mais c'est probablement l'étape la plus importante parce que c'est l’un des deux pays leader de la mondialisation. Avec Margaret Thatcher, ils avaient un an d'avance sur les Etats-Unis dans la révolution néo-libérale. Ils font partie de ces pays qui ont les premiers impulsé cette logique. Un re-basculement anglo-américain vers l’idéal national est plus important que l'émergence allemande ou la stabilisation russe. Depuis le XVIIe siècle, l'histoire économique et politique du monde est impulsée par le monde anglo-américain. La nation anglaise a deux caractéristiques combinées et contradictoires. Il s'agit d’abord de la culture la plus individualiste d'Europe, la plus ouverte ; c'est le pays qui a inventé la liberté politique. Ensuite, et paradoxalement, c'est aussi une identité nationale à base ethnique pratiquement aussi solide que celle des Japonais. Comme les Japonais, les Anglais savent qui ils sont. 

Si l'on suit votre raisonnement de retour à la nation, après l'Allemagne, la Russie, et maintenant le Royaume-Uni, quel pays est le suivant ? 

Pour accepter ce que je vais dire, il faut sortir des poncifs sur l'Angleterre, ces Anglais bizarres qui ont des bus à deux étages, qui roulent à gauche, qui ont de l’humour, une reine respectée, etc…Tout cela est vrai. Mais il faut surtout voir les Anglais en leader de notre modernité, dans la longue durée braudélienne. La révolution industrielle est venue d'Angleterre et d’Ecosse, et elle a économiquement transformé l'Europe. Les révolutions industrielles française, allemande, russe et les autres n’en sont que les conséquences. Mais avant même la transformation économique, les Anglais ont inventé notre modernité libérale et démocratique. Le véritable point de départ, c'est 1688, ce que les Anglais appellent la "Glorious Revolution" par laquelle la monarchie parlementaire a été établie. Si vous lisez les "lettres anglaises" de Voltaire de 1734, vous verrez son admiration pour la modernité anglaise, avec des choses très drôles sur les quakers ou l'absence de vie sexuelle de Newton. En 1789, le rêve et l’objectif des révolutionnaires français, c'est de rattraper l'Angleterre, le modèle de la modernisation politique. C’est le modèle, que j’accepte, de Daron Acemoglu et James Robinson, dans leur bestseller Why Nations Fail, d’autant qu’ils sont très sympas pour la France; ils soulignent que l'apport de la Révolution française à l’ensemble du continent a été capital, que notre Révolution a généralisé l’idéal d'inclusion du peuple. Reste que c’est l'Angleterre qui a inventé le gouvernement représentatif.

Dans ce contexte, il n'est pas illogique de constater que le premier référendum qui aura vraiment des conséquences pour l'Union européenne, le référendum historique, a eu lieu au Royaume-Uni. Un référendum est une procédure inhabituelle en Angleterre. Mais l'objet de ce référendum, et cela est très clair, c’est que la première motivation des électeurs du Brexit, selon les sondages "sortie des urnes", c'est, avant l’immigration, le rétablissement de la souveraineté du Parlement. Car jusqu'au Brexit, le Parlement anglais n'était plus souverain alors que le principe de philosophie politique absolu pour les Anglais, c'est la souveraineté du Parlement.

Je conclus : logiquement, l'étape numéro 4, après le réveil de l'Allemagne, de la Russie, et du Royaume Uni, doit être le réveil de la France. Suivre les Anglais est conforme à notre tradition révolutionnaire.

A vous entendre, finalement, et en suivant votre logique, l'axe qui convient pour "changer l'Europe", n'est plus le couple franco-allemand, mais le couple Paris-Londres ?

Oui. Il y aura une Europe des nations. Mais dans cette Europe des nations, pacifique, j’espère, il y aura toujours des problèmes d'équilibre des puissances et, bien entendu, l'Allemagne va rester quelques temps encore la puissance économique prédominante. A moyen terme, la crise démographique et l’aventurisme migratoire des Allemands laissent présager une grave crise politique dans le pays, et sur le continent - mettons dans les 20 ans qui viennent.

L’une des fautes majeures des dirigeants français est de ne pas avoir compris, de ne pas avoir été capables d’anticiper que le bon rééquilibrage avec l'Allemagne, ce n’était pas l’euro, qui nous détruit, mais l’axe Paris-Londres, inéluctable à moyen terme, qui ne définira pas un couple de circonstance parce qu’il est dans la logique des forces et des cultures.

Il y a un grand mensonge des élites françaises lorsqu’elles prétendent se méfier de l'Angleterre. C'est en réalité le seul pays européen auquel nous faisons absolument confiance et c’est pour cela que c’est le seul pays avec lequel on peut efficacement collaborer sur la sécurité militaire. Ce n'est pas technique, cela révèle un rapport de confiance extrêmement fort. Continuons à dévoiler la réalité. Il n’y a que quelques dizaines de milliers de Français à Berlin alors qu’il y en a des centaines de milliers à Londres. Comme il y a des Anglais en France. Il y a deux mégalopoles jumelles en Europe, qui sont Londres et Paris. Les dynamiques démographiques des deux pays sont les mêmes, proches de deux enfants par femme. Le discours sur l’opposition entre l'Angleterre néolibérale et inégalitaire et sur la France de l’Etat social contient un élément de vérité, mais lorsque l'on observe ces deux pays, on voit qu’ils évoluent en parallèle, sur l’oppression des jeunes, les privilèges des vieux. Toutes les nations sont différentes. Mais l’objectivité comparative doit nous faire admettre que le véritable monde étranger, avec ses jeunes si rares, ses loyers bas dus à la dépression démographique, son union structurelle de la gauche et de la droite, son autoritarisme social, c’est l’Allemagne, pas l’Angleterre.

Et comment s’opérera cette période de transition vers une Europe des Etats-nations ?


D’abord sur le continent, malheureusement par une accélération et une accentuation de la dérive antidémocratique. Désormais, avec une Angleterre libérale qui nous a quittés pour se refonder, les ordres vont arriver encore plus brutalement de Berlin. Sans masques. Les classes dirigeantes – pardon dirigées – françaises doivent s’attendre à être publiquement humiliées. N’oublions pas qu’avec le départ des Britanniques, les Etats-Unis aussi perdent définitivement le contrôle de l’Allemagne. Avec le Brexit, la germanosphère prend son indépendance officielle. Le niveau de contrôle des Américains, avait été bien affaibli par le "Nein" stratégique allemand à la guerre d’Irak. Nous avons pu constater l’impuissance américaine dans le refus catégorique des Allemands d’obéir aux injonctions économiques des Etats-Unis, les adjurant de contribuer à la relance économique mondiale en augmentant leurs dépenses. Le Brexit, c’est la fin de la notion de système occidental. Tous les réalignements sont désormais possibles. C’est la vraie fin de la Guerre froide. Et Poutine, par ses commentaires extrêmement prudents, montre qu’il l’a compris.

La situation devient dangereuse, effectivement, mais pas pour les raisons avancées par les euroconformistes.
C’est vrai, on garde cette sécurité qui vient du fait que personne ne veut la guerre, que nos populations sont vieilles, et riches encore, pour quelques temps. Mais il y a des éléments violents d’affirmation nationale. Il y a la violence de la prise de contrôle économique du continent par l’Allemagne. Il y la violence de la politique allemande d’immigration qui suit logiquement sa politique austéritaire de destruction des économies de la zone euro, avec ce rêve hyper violent de l’Allemagne de récupérer pour sa propre économie les jeunes qualifiés espagnols, italiens, portugais, grecs et bientôt français, réduits au chômage. Il y a la violence avec laquelle l’Allemagne a rejeté les Etats-Unis.

L’anti-américanisme français est une blague comparé à celui de l’Allemagne. Je pense que les Allemands considèrent la victoire américaine de la Seconde Guerre mondiale comme illégitime parce qu’ils savent que la vraie victoire, celle du terrain, fut celle des Russes, qui ont fourni 90% de l’effort humain. La politique américaine de maltraitance de la Russie après l’effondrement du bloc soviétique fut une énorme faute stratégique. Les Américains, ivres de leur réussite dans la Guerre froide, ne se sont pas rendus compte qu’ils déstabilisaient l’Allemagne. Les Américains ont humilié les vrais vainqueurs de l’Allemagne, les Russes, ce qui revenait à dire, dans un certain sens, que la Seconde Guerre mondiale n’avait même pas eu lieu. Plus de vainqueur, plus de vaincu. Dès lors, l’Allemagne a été libérée de son passé. La stratégie américaine anti-russe a détruit la prise américaine sur l’Allemagne. De leur côté, les Français, au lieu d’agir comme un contrepoids à l’Allemagne en copinant avec les Anglais, ont passé leur temps à dire que l’Allemagne était merveilleuse. Leur servitude volontaire a contribué à renationaliser l’Allemagne.

Pour Jean Claude Juncker, "le Brexit n’est pas un divorce à l’amiable", et pour François Hollande "Si le Royaume-Uni veut rester dans le marché unique, il faudra qu'il en paie le prix dans tous les sens du terme, y compris avec la liberté de circulation", tout en indiquant que la situation "peut valoir expérience et leçon". Comment interprétez-vous une telle position, pouvant être qualifiée de "ligne dure" à l’égard du Royaume-Uni ?

Nous n’avons plus de classe dirigeante, nous avons, je l’ai dit, des classes dirigées. Ce que disent Hollande et Juncker ne m'intéresse plus. Ce que vous évoquez ici est une comédie des apparences en faisant comme si "l’Europe" existait encore. Ce qui existe, c’est l’ "Europa", c’est-à-dire une Europe allemande. La seule chose importante qui se soit passée, selon moi, depuis le résultat du référendum, est que nous avons vu, en cascade, les ministres des Affaires étrangères, Hollande et Renzi courir à Berlin pour prendre leurs consignes. C'est une révélation. La dureté hollandiste n’aura aucun effet pratique. C’est l’Allemagne qui va décider. Notons quand même, de la part de notre président, non, de notre représentant à Berlin, une trahison de plus de notre intérêt national : la France a 10% de chômage, elle a un déficit commercial contre tous les pays européens sauf le Royaume-Uni, où ses investissements financiers et industriels sont considérables et il veut nous lancer dans un conflit. En cas de conflit économique avec le Royaume-Uni, à cause de l’intensité de nos liens avec notre sœur d’Outre-manche, la France est le pays qui a la plus à perdre. Il n'y a aucune conscience des intérêts nationaux dans cette histoire.

Essayer de se mesurer à l’Angleterre serait aussi déraisonnable que ce le fut d’essayer de faire plier la Russie. La Grande-Bretagne est une île mais elle n’est pas isolée. L’anglosphère, ce sont les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, et le Royaume-Uni, dont la population globale est déjà supérieure à celle de l’Europe entre Brest et Varsovie. Le Royaume appartient aussi à cet ensemble.

C’est donc l ‘Allemagne qui m’intéresse. Que va-t-elle faire ?

L'Allemagne est un pays qui peut fonctionner sur deux modes psycho-politiques. Un mode raisonnable, que j’appelle le mode bismarckien, où l'on essaye d'être copain avec le plus de gens possibles pour assurer sa prise sur son espace de domination. Bismarck copinait avec la Grande-Bretagne, la Russie, l’Autriche-Hongrie, et l’Italie pour isoler la France, vaincue en 1870 et qui digérait mal la perte de l’Alsace-Lorraine. Son objectif était la stabilisation de l’Empire allemand réunifié. Et puis il y a le mode wilhelmien, où l'on s’emballe et l’on essaye de se faire le plus d'ennemis possibles pour perdre tous ses acquis : Guillaume II s’est brouillé avec la Russie et avec la Grande-Bretagne, créant pour la France un système d’alliances. Donc : un mode allemand maniaque et un mode allemand calme. Merkel est plutôt sur le mode calme, bismarckien, sauf quand elle a fait appel à l'immigration et commencé de déstabiliser le continent. Avec l’appel aux réfugiés syriens, irakien et afghans, elle est passée en mode maniaque, wilhelmien.

Le mode bismarckien, calme et raisonnable, serait, pour l'Allemagne, d’accepter le Brexit sans faire d’histoire, et d’en profiter pour parachever son contrôle du continent. Elle est le pays le plus libre-échangiste du monde dans une Europe qui a abaissé toutes ses barrières douanières. Pourquoi s’embêter avec une guerre commerciale ?

La situation est exactement le contraire de ce que nous racontent les Européistes anglophobes, allons, prononçons le mot, néo-pétainistes. Ils se gargarisent de l’idée que la sortie du Royaume-Uni renforcera le rôle de la France face à l’Allemagne. C'est évidemment faux. L'horrible vérité est qu'il y avait en Europe un équilibre des puissances, avec les Allemands, puissance dominante, et puis les Anglais et les Français. Tout le jeu des Allemands était de jouer de l'opposition des Français et des Anglais pour maintenir l’équilibre qui assurait leur pouvoir de contrôle global. Maintenant, ils sont débarrassés de la puissance anglaise, libérale en termes politiques, et qui ne pouvait qu’être un frein à toutes les tentations autoritaires, déjà puissantes en Allemagne et sur le continent. Maintenant, les Français ne sont plus protégés par les Anglais, ils se retrouvent dans un tête à tête complètement inégal avec l'Allemagne et nous allons passer de la servitude volontaire dans laquelle nos élites nous ont mises, à une servitude de moins en moins volontaire. Les consignes de Berlin risquent d'être de moins en moins polies, d'autant que l'Allemagne, faute de stratégie, a une tactique : elle semble avoir immédiatement remplacé les Anglais par les Italiens pour affaiblir la France. Elle fait rentrer Renzi dans le jeu pour de nouveau créer une concurrence interne qui ré-affaiblira la France.

Je suis optimiste à long terme. Sur le modèle de réémergence des nations, je n'ai aucun doute et je pense que l'issue finale de ces problèmes, sera un retour pacifique à l'Europe des nations. Parce qu'avec les structures d'âge de nos populations, parce que la principale puissance du continent, l'Allemagne, a à peine une armée et ne possède pas l'arme nucléaire, parce que les Européens restent des gens paisibles et civilisés. La guerre est inimaginable. Mais, dans la phase transitoire, la position de la France va être très dure. Nous allons perdre notre statut de chouchou de l’Allemagne, d’enfant fantasque auquel on permet tous les déficits. En route pour 15% de chômage ? Les Britanniques partent parce qu'ils n'aiment pas la bureaucratie bruxelloise, bien sûr, mais surtout parce qu’ils ont la liberté chevillée au corps. Ils perçoivent la zone euro non seulement comme une catastrophe économique, comme une zone d'austérité et de stagnation – comme tout le monde d’ailleurs – mais aussi comme le lieu d'une dérive autoritaire antidémocratique. Et bien entendu, le retrait de l'Angleterre de l'espace européen central nous annonce dans un premier temps une accentuation de la dérive autoritaire de cette "Europa".

Pour un géopoliticien, une configuration avec deux grandes nations libres aux extrémités du continent, la Russie et le Royaume Uni, avec une France suivant l’Allemagne, avec une Italie au bord de la défection, et des Américains peu pressés d’intervenir, cela semble comme une parodie pacifique, économique et un peu sénile de l’Europe en 1941.

Vous citez le problème migratoire, qui a été central dans le vote relatif au Brexit. N’est-ce pas le signe que ce vote a été permis par d’autres facteurs que le retour à la liberté politique ?

Selon les sondages de sortie des urnes, la première motivation des Anglais est de ramener à Londres le pouvoir de décision : c’est une exigence démocratique. La seconde motivation, c’est effectivement la question de l’immigration. Mais ce n’est pas "la même immigration" que nous, il s’agit des Polonais. Les règles de la Communauté donnent le droit aux Européens de circuler librement sur le continent. C’est une question sur laquelle nous allons devoir parler clairement. Dans ce contexte, je suis particulièrement heureux de m’être fait carboniser l’année dernière par la classe politico-médiatique française pour avoir défendu l’idée que nos compatriotes musulmans avaient un droit à la paix, dans mon livre Qui est Charlie ?

Ca me donne du champ idéologique pour parler de l’immigration de façon équilibrée, sans me faire traiter de lepéniste. Je suis un immigrationniste raisonnable : l’immigration est une bonne chose, l’assimilation des immigrés est une bonne chose, et il faut donner du temps aux gens et admettre que diaboliser l’islam n’est pas bonne solution. Pour la défense de cette conception simplement humaine, j’ai perdu la moitié de mes amis et me suis fait traiter de mauvais Français par notre Premier ministre, Manuel Valls. Mais je peux, je dois dire maintenant que l’immigrationnisme sans frein, qui est en train de se constituer en idéologie européenne, qui met les droits des étrangers mobiles – polonais ou moyen-orientaux – au-dessus de ceux des nationaux, qui met donc les populations en état d’insécurité est, sous l’apparence des bons sentiments, un anti-humanisme. Dans les droits de l’homme, dans les fondements mêmes de la démocratie qui ne peut, pour fonctionner, être que nationale, il y a, implicitement, un droit de sécurité territoriale, un droit de régulation de l’immigration. En niant ce droit, on organise de fait la plongée du monde occidental dans la barbarie. Il est irresponsable de dire que vouloir réguler l’immigration, c’est être xénophobe. Ici encore, les Anglais ont raison.

Mais ici, nous nous trouvons en choc frontal avec une Allemagne structurellement wilhelmienne, aventuriste, déstabilisatrice du continent. La préoccupation fondamentale de l’Allemagne – il faut lire sa presse, nous le pouvons tous grâce à Google Translate – est d’attirer des immigrés, dans des proportions extraordinaires, alors même que le pays n’est déjà pas parvenu à assimiler correctement ses populations turques. Le trou qui s’ouvre au bas de sa pyramide des âges est son obsession. Pour les Allemands, la liberté de circulation des personnes en Europe, et au-delà, est essentielle, parce qu’indispensable à leur politique immigrationniste. Elle veut absorber, je l’ai déjà dit, les jeunes qualifiés réduits au chômage dans la zone euro. Elle veut, au-delà de ce qui est anthropologiquement raisonnable, absorber des populations du Moyen-Orient dont le taux de mariage entre cousins est de 35%. Le désordre migratoire est le projet de l’Allemagne.

Je voudrais éviter tout malentendu. Je ne suis pas partisan de conflits radicaux, c’est exactement l’inverse. Pour moi, la mise en évidence de ces contradictions est une aide à la prise de conscience, pour éviter la maturation de conflits graves, en se mettant d’accord entre Français, Britanniques, Allemands, Italiens, Espagnols et Suédois, sans oublier les autres, sur des perspectives d’immigration raisonnables, sur la coexistence pacifique des nations, sur la défense de la démocratie. Il ne suffit surtout pas de répondre que "l’Europe c’est la démocratie", par essence. Soyons sérieux : sans les Anglais, l’Europe ce n’est déjà plus le lieu de la démocratie. Regardez les années 1930 : Salazar, Franco, Mussolini, Hitler, et en Europe de l’Est, à part la Tchécoslovaquie, des dictatures, encore des dictatures. La dénégation mène au choc brutal de la réalité. Si les problèmes ne sont pas traités, bien sûr qu’il y aura un retour des conflits. 

Dans son édition du 29 juin, le quotidien Le Monde titrait "Les leaders du Brexit piégés par leur victoire". Depuis le vote en faveur du Brexit, le refrain d’un Royaume-Uni pris par le regret semble s’installer au sein de l’opinion. Comment interprétez-vous cette impression ?

Je crois qu'il y a des éléments réels. Je suis ce qui se passe là-bas d'assez prêt. Les gens me soupçonnent souvent d'être partial parce qu’anglophile, formé à la recherche à l'Université de Cambridge. J’avoue avec fierté que c'est bien pire que cela. Mon fils aîné aussi a été à Cambridge, il y a été meilleur que moi et ils l'ont gardé. Il vit à Londres et a pris la nationalité britannique, et j’ai la joie d’avoir maintenant deux petits-fils britanniques. Mais j’aimerais quand même être considéré d’abord comme un Français qui connaît mieux l’Angleterre que François Hollande et qui sait reconnaître un accent écossais. J’en profite pour signaler que j’utilise parfois Anglais ou Angleterre de manière archaïque, pour désigner toute la Grande-Bretagne ou le Royaume-Uni, à la manière de l’historien A.J.P. Taylor.

Il est évident que le Brexit a ouvert une crise culturelle, politique, sociale, idéologique en Grande-Bretagne. Il est vrai que les classes supérieures et l'establishment ont voté massivement "Remain". Les catégories "A" et "B" de la nomenclature socioprofessionnelle anglaise, équivalentes de nos cadres et professions intellectuelles supérieures, plus les patrons, ont voté "Remain". Le vote "Leave" devient majoritaire dans "les classes moyennes inférieures", catégorie C1, nos catégories intermédiaire, 30% du corps électoral.

La circonscription de Cambridge a dû voter à 72% pour "Remain". Le résultat du vote a été un choc pour la majorité des classes supérieures britanniques. Les différences de classes, qui s'expriment au travers des accents, sont beaucoup plus fortes en Angleterre qu'en France. Il y a en ces temps de gueule de bois, dans certains milieux, une rage antipopulaire tout à fait extraordinaire. Le parti travailliste est entré en crise. Mais il est vrai, aussi, et cela est une grosse différence avec la France, qu’une partie de l'élite anglaise, au parti conservateur, à droite donc, a su devenir leader de l'opposition populaire. C'est extrêmement intéressant mais là, je dois rester chercheur et admettre que je ne comprends pas tous les éléments de ce qui se passe. Reste qu'ils ont trouvé Boris Johnson, homme tout à fait étonnant, membre indiscutable des plus hautes classes britanniques, par sa parenté comme par ses études. Les Britanniques ont ce qu'il faut, une fraction de la plus haute élite pour gérer la réémergence nationale. Avec ce mystère supplémentaire que maintenant, le débat démocratique a lieu au sein du parti conservateur, avec une gauche hors-jeu. Mais ici, nous retrouvons notre PS anti-populaire et antinational…Faute de comprendre pleinement, on doit admettre "empiriquement" - voilà un mot qui n’est guère français - que ce sursaut démocratique et national a lieu à droite de l'échiquier politique officiel. Pour notre malheur, en France, nous n'avons pas l'équivalent de Boris Johnson ou de Michael Gove, mais peut-être y a-t-il une place à prendre à droite. Il n'est pas impossible cependant que personne n'ose. A gauche, c'est mort, je ne crois pas du tout que Mélenchon soit capable de quoi que ce soit. La gauche est paralysée par une sorte de vision naïve, abstraite, archaïque de l'internationalisme et de l'universel, et je dis ça en étant moi-même de centre gauche.

Si le Brexit l’emporte avec près de 52% des voix, l'UKIP s’affichait à 12.6% aux dernières élections générales de 2015. Un constat qui peut également être fait en France, indiquant un large écart entre la défiance européenne des électeurs et les scores des partis qui portent cette offre politique. Quelle est la signification de ce paradoxe, entre une majorité "radicale" et la faiblesse de ses représentants ?

Le problème est que les Anglais ont toujours eu leur Winston Churchill ou leur Boris Johnson. Ce n'est pas l'UKIP qui a gagné, il n'est toujours pas question, en Angleterre, que Farage prenne les rênes du gouvernement. Le gouvernement anglais doit rester dans une partie de l'establishment absolument traditionnelle. Voilà une classe dirigeante qui arrive à se renouveler….je les envie.

Le vrai drame de la France est que l'on ne voit pas apparaître, au cœur de l'establishment, ce sursaut de dignité qui pousserait une portion minoritaire des élites à prendre en charge les intérêts de la population. J'ai toujours été antipopuliste, j'ai toujours milité pour un retour des élites françaises à la raison. Mais pourquoi donc nos élites sont-elles si uniformément résignées ? Nous avons pourtant nos Grande écoles, qui assurent un approvisionnement régulier en élites arrogantes, méprisantes même. Je crains que ces bons élèves disciplinés ne restent des petits-bourgeois qui veulent se distinguer du peuple : la notion de liberté noble, chère à Montesquieu, leur reste inaccessible. Mais il y a l’histoire aussi, et ses traumatismes.

La différence fondamentale entre la France et l’Angleterre n'est pas leur rapport à l'Europe, concept abstrait et dépassé, mais dans leur rapport à l'Allemagne. Obéir à l'Allemagne, ce n'est pas le truc des Anglais ; en France, c'est plus compliqué.
Il y a un mensonge que ces gens de l’establishment médiatico-politique français se font à eux-mêmes et qu'il faut dévoiler. Ils parlent du couple franco-allemand, de l'amitié franco-allemande etc. Mais je ne connais personnellement qu’un seul Français vraiment amical et respectueux vis-à-vis de l'Allemagne, moi. Dans le livre que j’écris, je mets en évidence l’importance de la Réforme et de Luther pour l’alphabétisation de masse de l’Europe. Je suis sensible à la grandeur tragique de l’histoire allemande. J’oserais parler pour moi-même d’empathie vis-à-vis de l’Allemagne. Mais le véritable sentiment des élites françaises vis-à-vis de l'Allemagne, c'est la peur. C'est ce que j'appelle le syndrome de FOG, pour Franz-Olivier Giesbert. Je l’aime bien FOG, il est rigolo et talentueux. Il se la joue cynique. Il prend son pied en révélant le off des hommes politiques, il est passé de L'Observateur au Figaro, il m’a publié une interview néo-marxiste dans Le Point, le journal des vieux messieurs de droite. Il est hilarant sur les choses personnelles, dures parfois: une posture d'esthète, tout l’amuse. Une seule fois, à la closerie des Lilas, je l'ai vu perdre le contrôle de lui-même. Et il s’agissait de l’Allemagne. Il n ‘arrivait plus à exprimer que la peur d’un conflit avec l’Allemagne. Et là j'ai compris: les élites françaises ont juste peur de l’Allemagne. Une blague circulait autrefois à Bruxelles : "Qu'est-ce que l'Europe ? L'Europe, c'est l'association de tous les peuples qui ont peur de l'Allemagne….Et cette définition inclut les Allemands". Le vrai problème de l'Europe, maintenant, c'est que les Allemands, eux, n'ont plus peur de l'Allemagne, à cause des erreurs américaines et de la lâcheté française. 

Ecosse, Irlande du Nord, Pays de Galles, Londres : le vote provoque des ruptures apparentes au sein du Royaume-Uni. N'êtes-vous pas effrayé à l'idée de sa dislocation ? 

Revenons à cette notion de tendance historique lourde. La vérité historique est que c'est l'appartenance du Royaume-Uni à l'Europe qui a enclenché son processus de désintégration. Partout, l'appartenance à l'Europe induit une émergence des régions et des phénomènes de distorsions territoriales. L'appartenance à l'Europe a séparé Londres de son arrière-pays anglais, elle a éloigné de Londres les Ecossais. De même en France, en Espagne, et en Italie. Donc, bien entendu, ce que nous voyons aujourd’hui, c’est le point ultime de cette dérive centrifuge du Royaume-Uni. Mais avec l'Ecosse, il suffira à Londres de bien négocier quelques compensations et de jouer la montre. Une nouvelle réalité va apparaître aux Ecossais. L'Ecosse a 5.4 millions d'habitants, mais 800 000 personnes vivant en Angleterre sont nées en Ecosse. Les forces de dislocation de l'Union européenne vont s'éteindre, et, surtout, les Ecossais vont être confrontés à la réalité de la nouvelle Europe qui s'annonce. Il ne s’agit pas de quitter le Royaume-Uni pour entrer en Europe. Le choix va être : faut-il cesser d'obéir à Londres pour aller obéir à Berlin ? J'ai énormément de mal à imaginer les Ecossais choisir Berlin. L’Ecosse aussi est une très grande nation. Je vous recommande le bouquin de Arthur Herman, How the Scots invented the Modern World. Alors pour l’Ecosse, je dirais, en scots, "dinna fash yersel" ("don’t worry", du français "fâcher").

Je ne dis pas que ce sera facile pour les Britanniques, il y aura du travail pour résoudre des tonnes de problèmes, 10 ans minimum pour remettre tout cela en ordre, peut-être même une génération. Il nous a fallu plus pour produire le désastre européen actuel. Les vrais problèmes les plus angoissants seront pour l'Irlande du Sud, pas pour l'Irlande du Nord. Comme le Danemark, la République d’Irlande n’est entrée dans le marché commun que pour suivre le Royaume-Uni. Elle va être mise dans une situation économique intenable si les continentaux se mettent en posture conflictuelle.

Il y aurait également une réflexion intéressante à mener sur l’intérêt pour la Scandinavie à rester dans l’Union européenne après le départ des Britanniques. Les classes moyennes scandinaves parlent exceptionnellement bien l’anglais, elles sont quasiment bilingues. La Scandinavie a été désorganisée par la construction européenne : les Norvégiens l’ont refusée, les Finlandais sont dans la zone euro, les Suédois non et sont fatigués de tous ces bavardages bruxellois. Les Danois sont tellement proches des Anglais par leurs tempérament libéral. Une sortie de l'Europe, pour l'ensemble, permettrait de reconstituer la Scandinavie. On peut imaginer une reconstruction du Royaume de Grande Bretagne et d'Irlande, une reconstruction de la Scandinavie. Alors les 27 englués dans des bavardages dont le seul objet est de masquer la centralisation allemande du pouvoir….

Dans la géographie électorale du Brexit, ce qui m'a frappé, ce n'est pas tellement le vote "Remain" de l'Ecosse ou de Londres, attendus, mais l’abolition du clivage Nord-Sud qui semblait détruire l'Angleterre. L'Angleterre a voté "Leave" de façon homogène dans les régions conservatrices du Sud et dans les régions travaillistes du Nord. Un peu comme si le référendum avait déjà commencé de réunifier la société britannique. 

De leur côté, plusieurs défenseurs du Brexit, comme Nigel Farage, ont reconnu leurs exagérations sur les possibilités offertes par une sortie de l’Union européenne. N’y a-t-il pas un danger à voir la population britannique se rendre compte que le Brexit n’apportera pas de réponses aux problématiques développées pendant la campagne ?

L'idée que le Brexit sera facile est absurde. La construction européenne, qui a été très positive pendant un moment, est entrée dans une phase de déstructuration des sociétés, de difficultés croissantes depuis plusieurs décennies, maintenant, avec un élément de folie bureaucratique. Cela va donc être beaucoup de travail. C'est typiquement le genre de domaine dans lequel il faut distinguer le court, le moyen et le long termes. Le Royaume-Uni va avoir des tas de problèmes à résoudre mais compte tenu de ce que je disais, de la dynamique générale de séparation des nations, à mon avis, nous n'aurons bientôt plus le temps de nous y intéresser, vu les problèmes qui attendent l'Europe: reconstruction Outre-manche, déconstruction sur le continent. Voilà le programme des années qui viennent. Les journalistes ne vont pas s’embêter. Dans les grands défis historiques, il faut toujours un moment pour que les Britanniques se mettent en train, mais ensuite ils assurent. En revanche, nous pouvons compter sur les Européistes tardifs pour se ridiculiser.

Si l'on reste dans l'hypothèse que le Brexit va jusqu'au bout, ce qui est le plus probable, il est tout à fait normal qu'il y ait une transition. Mais ce qui m'a plutôt frappé ces derniers jours, ce n'est pas le désordre, mais les qualités de loyauté nationale et de résistance au choc qui sont dans l'être britannique. La première prestation post-Brexit de David Cameron, instinctive, a été admirable. Il assurera la période de transition, avant de passer la main à son successeur qui devra opérer le Brexit. Il met en place un calendrier idéal. Si ce genre d’attitude se confirme dans le parti conservateur, et dans toute la nation, on peut avoir confiance dans la capacité du Royaume-Uni à surmonter cette épreuve. L’urgence pour les Tories, c’est la pacification du parti avant de s’embarquer dans l’aventure du Brexit. Il ne faut pas se contenter de voir la guerre de succession et les trahisons dans le parti conservateur. Le refus de Johnson de briguer la direction du parti est la contrepartie de l’élégance de Cameron. Mais tout d’un coup, ma francité me submerge, je repense à notre président Hollande et j’ai envie de pleurer...La France aussi est une grande Nation. Nous méritons tellement mieux !

Entretien réalisé par Nicolas Goetzmann pour ATLANTICO

Les Inquiétantes convulsions d'Hillary Clinton [Vidéo]


Hillary Clinton souffre-t-elle d'épilepsie focale ? ou bien est-ce une surdose de LSD ? On peut  se poser des questions. En tout cas les journalistes autour d'elle ont l'air inquiets...



... A moins que ce soit à cause de ça :

Ouille! WikiLeaks fait fuiter 19.252 e-mails de 7 dirigeants démocrates, dont certains pourraient faire très mal

Quelques jours avant le début de la Convention du parti Démocrate à Philadelphie, le site WikiLeaks a révélé près de 20.000 e-mails à destination ou en provenance de sept dirigeants du parti Démocrate américain. Non seulement, ils dévoilent pas mal de choses sur une centaine de donateurs, mais aussi sur les tactiques secrètes que le parti utiliserait pour salir l'image de Donald Trump. En plus, on y découvre la relation plus que compliquée entre Bernie Sanders et certains dirigeants démocrates. Et bien sûr Trump en profite...

Tout d'abord, il faut signaler que toutes ces données n'ont pas encore été authentifiées. Mais Wikileaks vient de jeter sur la place publique 19.252 e-mail en provenance ou à destination de sept dirigeants Démocrates. Chacun peut donc fouiner dans cet immense amas de données.

Les e-mails ont été envoyés entre janvier 2015 et mai 2016 et contenaient au total 8034 pièces jointes. Ils ont été compilés par le site web pirate "The Intercept" au mois de juin. Et bien que ceux-ci ne viennent pas de l'adresse de Hillary Clinton, WikiLeaks a nommé cette nouvelle fuite sous le nom de "Hillary Leaks".

De faux emplois au nom de Trump

Ces nouvelles révélations n'en sont pas moins intéressantes: avec une simple recherche, vous pouvez trouver par exemple des détails sur plus d'une centaine de donateurs. Des e-mails de confirmation automatique avec noms, adresses, numéros de téléphone, professions, employeurs, les montants des donations et même des numéros de passeports et de cartes vertes. Le site d'informations Guizmodo affirme qu'on peut même y retrouver des données de cartes de crédit.

Mais ces e-mails révèlent aussi des tactiques secrètes qui pouvaient être utilisées pour salir l'image du concurrent, Donald Trump. Notamment en créant un faux site d'offres d'emploi dont les petites annonces auraient apporte une mauvaise image au candidat républicain. Une des offres ciblait de "jolies filles" en vue de travailler pour la "Trump Organization". Parmi les autres critères de sélection, on retrouve aussi: "ouverte à l'humiliation publique" ou encore "être efficace pour mentir sur son âge". Et de préférence pas de "maman-travailleuses". Luis Miranda, le chef de la communication au parti Démocrate a qualifié cette idée de "super", "tant que toutes ces choses offensives soient laissées mot pour mot."

"Il y a de l'eau dans le gaz"

Les e-mails montrent aussi le niveau de tension au niveau du parti Démocrate, notamment par rapport à Bernie Sanders. Debbie Wasserman Schulz, une des dirigeantes du parti, décrit par exemple Sanders comme étant "un putain de menteur". Il ressort aussi que lors des primaires, le but était d'attaquer le candidat de gauche sur ses croyances. Dans un des e-mails, elle parle de son origine juive et de son possible athéisme. (...)

Lire la suite : newsmonkey

dimanche 24 juillet 2016

Mensonges médiatiques : Trump n'a jamais dit que les français étaient "infectés par le terrorisme"

La une mensongère du "Parisien" (capture d'écran)

Comme chacun le sait, Donald Trump est adepte des déclarations fracassantes, parfois à l'emporte-pièce et provocatrices.
Mais quand il parle de façon plus "raisonnable", vous pouvez compter sur les médias français pour déformer ses propos, voire même en inventer de façon à tromper le public et ternir au maximum son image par rapport à celle de sa rivale démocrate Hillary Clinton qui elle, au contraire, bénéficie de leur complète sollicitude.

Aujourd'hui, nous avons droit à un déferlement de titres basés sur une interview accordée par Trump à la chaine américaine NBC au cours de laquelle, il aurait accusé "les français" d'être "infectés par le terrorisme"

Après avoir écouté plusieurs fois l'interview pour bien vérifier, ce titre est absolument incorrect. En effet, Trump cite "la France et l'Allemagne" mais jamais "les français" et ne prononce A AUCUN MOMENT le mot "infectés", c'est le journaliste Chuck Todd qui parle, en citant son discours de clôture de la convention républicaine, des "nations compromises par le terrorisme" et Donald Trump ajoute "par leur propre faute!"

Voir l'extrait ci-dessous (en anglais) :


L'article de NBC News  : Donald Trump: I'm Running Against Hillary Clinton, Not 'Rest of the World'

En cherchant désespérément d'où pouvait bien venir cette phrase sur "les français infectés par le terrorisme", j'ai fini par trouver l'origine possible de cette expression reprise en cœur par tous les médias officiels français.
Le présentateur des informations matinales de NBC, commentant les déclarations de Trump parle des "nations affectées par le terrorisme" et non pas "infectées".
Traduction erronée, donc, d'un mot faussement attribué au candidat républicain...

Voir la vidéo ( en Anglais) :


Transcription des propos du présentateur :

"De nouveaux commentaires du candidat présidentiel républicain Donald Trump ont provoqués des
haussements des sourcils ce matin, en marge de la convention républicaine.
Trump a appelé à nouveau dans son discours à la RNC [convention-NDT] jeudi soir à la suspension des immigrants [SIC] des pays affectés par le terrorisme dans une interview exclusive qui sera diffusée plus tard dans la matinée dans "Meet the Press" Trump semble dire que même les immigrants de France et d'Allemagne pourraient faire face à un examen extrêmement minutieux..."

Vous noterez que Trump ne dit jamais cela en réalité, comme le reconnait d'ailleurs le présentateur il "semble dire" cela mais c'est une interprétation "extensive" de son propos par le journaliste de NBC.

Voir l'interview complète de Donal Trump par Chuck Todd dans "Meet the Press" (en anglais)

vendredi 22 juillet 2016

Effet Boomerang : Le discours de Michelle Obama "plagié" par Melania Trump était lui-même un plagiat!


Après le discours de celle qui pourrait bien devenir la prochaine "First Lady", Melania, la sublime épouse du désormais candidat républicain Donald Trump, lors de la convention du "Grand Old Party" (GOP) de Cleveland, tous les médias français sans exception se sont empressés de reprendre avec enthousiasme le "lièvre" soulevé par les conseillers en charge de la communication de campagne de la rivale démocrate de son mari.

Il est piquant de constater que l'équipe de campagne d'Hillary Clinton, semble-t'il en panne d'imagination, réutilise contre Trump aujourd'hui les mêmes recettes de manipulation médiatique dont elle avait déjà usé en 2008, lors de la primaire démocrate contre Barack Obama (en vain cependant, puisque cela ne lui évita pas une cuisante défaite).

En effet, alors qu'à l'époque Obama avait, grâce à son éloquence, pris nettement le dessus sur Hillary Clinton dans la course à l'investiture démocrate, Clinton déclara que le bilan d'Obama était "Juste des mots". Obama répondit alors par un discours dont le refrain était "Ne me dites pas les mots ne comptent pas." Le directeur de campagne de Clinton Howard Wolfson accusa aussitôt Obama de "Plagiat" pour avoir repris cette phrase de l'ancien Gouverneur du Massachussets Deval Patrick. L'équipe d'Obama ne chercha même pas à réfuter l'accusation et préféra citer des phrases qu'Hillary Clinton avait "emprunté" à Obama.
Les médias officiels et blogueurs de gauche français prirent alors unanimement la défense d'Obama.

Cette "tradition" d'accusation de plagiat se perpétue dans le temps puisqu'en 2016, les supporters de Bernie Sanders, furieux, ont accusé Clinton d'avoir plagié des phrases de leur candidat, et menacé de lui "réclamer des droits d'auteur", allant jusqu'à lancer sur Twitter le hashtag #StealtheBern.

Par ailleurs, on notera que l'actuel Vice-président Joe Biden a lui aussi connu quelques problèmes de "plagiat".

Mais le plus drôle est que Michelle Obama elle-même fut accusée en 2008 de plagiat par des blogueurs précisément pour le discours que les médias accusent aujourd'hui Melania Trump d'avoir plagié sur elle!

Syndrome de"l'arroseur arrosé"ou "effet Boomerang", on appellera cela comme on voudra, mais il faut reconnaitre que les campagnes électorales américaines nous offrent avec une constance impressionnante une inépuisable source de gags ridicules... (Toujours complaisamment relayés sans la moindre vérification par les médias officiels français)

-Bertrand Riviere d'après Breitbart

jeudi 21 juillet 2016

John Pilger: Pourquoi Hillary Clinton est plus dangereuse que Donald Trump


Ce texte est extrait d'une conférence donnée par John Pilger à l'Université de Sydney, intitulée "Une guerre mondiale a commencé".

 
Je suis allé filmer aux îles Marshall, qui se situent au Nord de l’Australie, au milieu de l’océan Pacifique. A chaque fois que je raconte cela à des gens, ils demandent, « Où est-ce ? ». Si je leur donne comme indice « Bikini », ils répliquent,« vous parlez du maillot de bain ».

Bien peu semblent savoir que le maillot de bain bikini a été ainsi nommé pour commémorer les explosions nucléaires qui ont détruit l’île de Bikini. Les États-Unis ont fait exploser 66 engins nucléaires aux îles Marshall entre 1946 et 1958 – l’équivalent de 1,6 bombe d’Hiroshima chaque jour, pendant 12 ans.

Bikini est silencieuse aujourd’hui, mutante et contaminée. Des palmiers y poussent sous une étrange forme de grille. Rien ne bouge. Il n’y a pas d’oiseaux. Les stèles du vieux cimetière sont vibrantes de radiations. Mes chaussures ont été déclarées “dangereuses” sur un compteur Geiger.

Debout sur la plage, j’ai regardé le vert émeraude du Pacifique disparaître dans un vaste trou noir. Il s’agissait du cratère laissé là par la bombe à hydrogène qu’ils avaient appelée « Bravo ». L’explosion a empoisonné les gens et leur environnement sur des centaines de kilomètres, peut-être pour toujours.

Lors de mon voyage de retour, je me suis arrêté à l’aéroport d’Honolulu, et j’ai remarqué un magazine états-unien intitulé« Women’s Health » (la Santé des Femmes) . Sur la couverture, une femme souriante dans un maillot de bain bikini, et comme titre : « Vous aussi, vous pouvez avoir un corps bikini ». Quelques jours auparavant, aux îles Marshall, j’avais interviewé des femmes qui avaient des« corps bikini » très différents ; elles souffraient toutes de cancer de la thyroïde ou d’autres cancers mortels.

Contrairement à la femme souriante du magazine, elles étaient toutes pauvres, victimes et cobayes d’un superpouvoir vorace, aujourd’hui plus dangereux que jamais.

Je relate cette expérience en guise d’avertissement et pour mettre un terme à une distraction qui a consumé beaucoup d’entre nous. Le fondateur de la propagande moderne, Edward Bernays, a décrit ce phénomène comme « la manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions » des sociétés démocratiques. Il l’a appelé le« gouvernement invisible ».

Combien sont au courant qu’une guerre mondiale a commencé? En ce moment, il s’agit d’une guerre de propagande, de mensonges et de distraction, mais cela peut changer instantanément au moindre ordre mal interprété, avec le premier missile.

En 2009, le président Obama se tint devant une foule en liesse au centre de Prague, au cœur de l’Europe. Il s’engagea à« libérer le monde des armes nucléaires ». Les gens applaudirent et certains pleurèrent. Un torrent de platitudes jaillit des médias. Par la suite, Obama reçut le prix Nobel de la paix.

Un tissu de mensonge. Il mentait.

L’administration Obama a fabriqué plus d’armes nucléaires, plus de têtes nucléaires, plus de systèmes de vecteurs nucléaires, plus de centrales nucléaires. Les dépenses en têtes nucléaires à elles seules ont plus augmenté sous Obama que sous n’importe quel autre président. Le coût sur 3 ans s’élève à plus d’1 billion de dollars.

Une mini- bombe nucléaire est prévue. Elle est connue sous le nom de B61-12. C’est sans précédent. Le Général James Cartwright, ancien vice-président de l’état-major interarmées, a expliqué que:« Miniaturiser [rend l’utilisation de cette bombe] nucléaire plus concevable ».

Au cours des dix-huit derniers mois, la plus grande concentration de forces militaires depuis la seconde Guerre Mondiale — opérée par les USA — a lieu le long de la frontière occidentale de la Russie. Il faut remonter à l’invasion de l’Union Soviétique par Hitler pour trouver une telle menace envers la Russie par des troupes étrangères.

L’Ukraine — autrefois membre de l’Union Soviétique — est devenue un parc d’attraction pour la CIA. Ayant orchestré un coup d’état à Kiev, Washington contrôle efficacement un régime frontalier et hostile envers la Russie, un régime littéralement infesté de Nazis. D’importantes personnalités du parlement Ukrainien sont les héritiers politiques des partis fascistes OUN et UPA. Ils font ouvertement l’apologie d’Hitler et appellent à la persécution et à l’expulsion de la minorité russophone.

Tout cela est rarement rapporté en Occident, quand ce n’est pas inversé pour travestir la vérité.

En Lettonie, Lituanie et en Estonie — à côté de la Russie — l’armée US déploie des troupes de combat, des tanks, des armes lourdes. Cette provocation extrême de la seconde puissance nucléaire du monde est passée sous silence en Occident.

La perspective d’une guerre nucléaire est d’autant plus dangereuse qu’une campagne parallèle a été lancée contre la Chine.

Il est rare qu’un jour passe sans qu’on parle de la Chine comme d’une « menace ». Selon l’Amiral Harry Harris, le commandant en chef US du Pacifique, la Chine « construit un grand mur de sable dans le Sud de la Mer de Chine ».

Il fait référence à la construction par la Chine de pistes d’atterrissage dans les îles Spratly, qui font l’objet d’un conflit avec les Philippines — un conflit sans importance avant que Washington ne mette la pression sur le gouvernement de Manille et ne tente de le soudoyer, et que le Pentagone ne lance une campagne de propagande appelée « liberté de navigation ».

Qu’est-ce que cela veut vraiment dire? Cela signifie la liberté pour les navires de guerre états-uniens de patrouiller et de dominer les eaux côtières de la Chine. Essayez d’imaginer la réaction états-unienne si les navires de guerre chinois faisaient la même chose au large de la Californie.

J’ai réalisé un film appelé « La guerre invisible », dans lequel j’ai interviewé d’éminents journalistes aux USA et au Royaume-Uni: des reporters comme Dan Rather de CBS, Rageh Omar de la BBC, et David Rose de The Observer.

Tous déclarèrent que si journalistes et radiodiffuseurs avaient joué leur rôle en remettant en question la propagande selon laquelle Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, que si les mensonges de George W. Bush et de Tony Blair n’avaient pas été amplifiés et colportés par les journalistes, l’invasion de l’Irak de 2003 aurait pu ne pas avoir eu lieu, et des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants seraient encore en vie aujourd’hui.

La propagande préparant actuellement le terrain pour une guerre contre la Russie et/ou la Chine n’est en principe pas différente. A ma connaissance, aucun journaliste du « mainstream » Occidental — un équivalent de Dan Rather, disons — ne pose la question de savoir pourquoi la Chine construit des pistes d’atterrissage dans le Sud de la mer de Chine.

La réponse devrait être flagrante. Les USA encerclent la Chine d’un réseau de bases militaires, de missiles balistiques, de groupes de combat, de bombardiers nucléaires.

Cet arc létal s’étend de l’Australie aux îles du Pacifique, les Mariannes, les îles Marshall et Guam, les Philippines, la Thaïlande, Okinawa et la Corée, et à travers l’Eurasie, jusqu’à l’Afghanistan et l’Inde. Les USA ont passé la corde autour du cou de la Chine. Cela ne fait pas l’objet d’un scoop. Silence médiatique. Guerre médiatique.

En 2015, dans le plus grand secret, les USA et l’Australie ont effectué le plus important exercice militaire air-mer de l’histoire contemporaine, sous le nom de Talisman Sabre. Il visait à répéter un plan de bataille Air-Mer, bloquant les voies maritimes, comme les détroits de Malacca et de Lombok, ce qui couperait l’accès de la Chine au pétrole, au gaz et à d’autres matières premières vitales provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique.

Dans le cirque que constitue la campagne présidentielle états-unienne, Donald Trump est présenté comme un fou, un fasciste. Il est certainement odieux; mais il est aussi un pantin de haine médiatique. Ce simple fait devrait suffire à éveiller notre scepticisme.

Les idées de Trump sur l’immigration sont grotesques, mais pas plus que celles de David Cameron. Ce n’est pas Trump le Grand Déportateur des USA, mais le prix Nobel de la Paix, Barack Obama.

Selon un prodigieux commentateur libéral, Trump « déchaîne les forces obscures de la violence » aux USA. Il les déchaîne?

Ce pays est celui où des bambins tirent sur leur mère et où la police mène une guerre meurtrière contre les noirs américains. Ce pays est celui qui a attaqué et tenté de renverser plus de 50 gouvernements, dont de nombreuses démocraties, qui a bombardé de l’Asie au Moyen-Orient, entraînant la mort et le déplacement de millions de gens.

Aucun pays n’atteint ce niveau record de violence systémique. La plupart des guerres états-uniennes (presque toutes contre des pays sans défense) n’ont pas été déclarées par des présidents républicains mais par des libéraux démocrates: Truman, Kennedy, Johnson, Carter, Clinton, Obama.

En 1947, une série de directives du conseil de sécurité national illustrent l’objectif primordial de la politique étrangère états-unienne : « un monde considérablement fait à l’image [de l’Amérique] ». L’idéologie de l’américanisme messianique. Nous étions tous américains. Ou autres. Les hérétiques seraient convertis, subvertis, soudoyés, calomniés ou broyés.

Donald Trump est un symptôme de tout cela, mais c’est aussi un anticonformiste. ll dit que l’invasion de l’Irak était un crime; il ne veut pas de guerre contre la Russie et la Chine. Le danger pour nous n’est pas Trump, mais Hillary Clinton. Elle n’a rien d’une anticonformiste. Elle incarne la résilience et la violence d’un système dont « l’exceptionnalisme » tant vanté n’est qu’un totalitarisme au visage occasionnellement libéral.

A mesure que se rapproche l’élection présidentielle, Clinton sera saluée comme la première femme présidente, sans considération aucune de ses crimes et de ses mensonges — tout comme Obama fut acclamé en tant que premier président noir, et que les libéraux gobaient ses propos absurdes sur« l’espoir ». Et l’illusion se perpétue.

Dépeint par le chroniqueur du Guardian Owen Jones comme « drôle, charmant, tellement cool qu’il éclipse pratiquement tous les autres politiciens », Obama a récemment envoyé des drones massacrer 150 personnes en Somalie. Il tue habituellement des gens le mardi, selon le New York Times, lorsqu’on lui remet une liste de personnes à tuer par drone. Tellement cool.

Lors de la campagne présidentielle de 2008, Hillary Clinton a menacé de « totalement oblitérer » l’Iran par voie d’armes nucléaires. En tant que secrétaire d’état sous Obama, elle a participé au renversement du gouvernement démocratique du Honduras. Sa contribution à la destruction de la Libye en 2011 fut une quasi-jubilation. Lorsque le leader Libyen, le colonel Kadhafi, fut publiquement sodomisé avec un couteau — un meurtre rendu possible par la logistique états-unienne — Clinton se réjouit de sa mort :« Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ».

L’une des plus proches alliés de Clinton est Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’état, qui s’en est pris à des jeunes filles parce qu’elles ne soutenaient pas « Hillary ». La tristement célèbre Madeleine Albright qui célébra à la télévision la mort d’un demi- million d’enfants irakiens comme « valant le coup ».

Parmi les plus importants soutiens de Clinton, on retrouve le lobby Israélien et les compagnies d’armement qui ont alimenté la violence au Moyen-Orient. Elle et son mari ont reçu une fortune de la part de Wall Street. Et pourtant, elle s’apprête à se voir affublée du titre de candidate des femmes, à même de triompher du diabolique Trump, le démon officiel. On dénombre également de nombreux féministes parmi ses supporters: ceux de la trempe de Gloria Steinem aux USA et d’Anne Summers en Australie.

Une génération auparavant, un culte post-moderne que l’on appelle aujourd’hui « la politique identitaire » a bloqué de nombreux esprits libéraux intelligents dans leur examen des causes et des individus qu’ils soutenaient — comme les fraudes que sont Obama et Clinton; comme le mouvement progressiste bidon Syriza en Grèce, qui a trahi son peuple en s’alliant avec ses ennemis.

L’auto-absorption [le narcissisme, NdT], une forme « d’égocentrisme », devint le nouvel esprit du temps dans les sociétés occidentales privilégiées et signala la défaite des grands mouvements collectifs contre la guerre, l’injustice sociale, l’inégalité, le racisme et le sexisme.

Aujourd’hui, ce long sommeil prend peut-être fin. Les jeunes s’agitent à nouveau. Progressivement. Les milliers de britanniques qui ont soutenu Jeremy Corbyn comme leader du parti travailliste font partie de cette agitation — ainsi que ceux qui se sont ralliés au sénateur Bernie Sanders.

Au Royaume-Uni, la semaine dernière, le plus proche allié de Jeremy Corbyn, le trésorier de l’opposition John McDonnell, a engagé le gouvernement travailliste au paiement des dettes frauduleuses des banques, et, dans les faits, à continuer sa politique de soi-disant austérité.

Aux USA, Bernie Sanders a promis de soutenir Clinton si ou lorsqu’elle sera nominée. Lui aussi a voté pour l’utilisation de la violence par les USA contre d’autres pays lorsqu’il jugeait cela « juste ». Il dit qu’Obama a « fait un excellent travail ».

En Australie, il règne une sorte de politique mortuaire, dans laquelle des jeux parlementaires assommants sont diffusés dans les médias tandis que les réfugiés et les peuples indigènes sont persécutés et que croissent les inégalités, ainsi que la menace d’une guerre. Le gouvernement de Malcolm Turnbull vient d’annoncer un budget de la soi-disant défense de 195 milliards de dollars, véritable incitation à la guerre. Il n’y eut aucun débat. Silence.

Qu’est devenue la grande tradition populaire d’action directe, libre de tout parti? Où sont le courage, l’imagination et l’engagement qu’exige la lutte pour un monde meilleur, juste et paisible? Où sont les dissidents de l’art, du cinéma, du théâtre, de la littérature?

Où sont ceux qui oseront briser le silence? Devons-nous attendre que le premier missile nucléaire soit tiré?

John Pilger, le 23 Mars 2016

Traduction: Nicolas Casaux
Source: LEPARTAGE

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Aux larmes, citoyens

mardi 19 juillet 2016

Pologne : Un sanglier radicalisé attaque une plage


Un sanglier a attaqué une plage de la mer Baltique, à Karwia, Pologne. Semblant émerger des flots, l'ombrageux mammifère a semé la panique parmi les touristes effarés.
Le premier ministre français Manuel Valls a aussitôt réagi pour condamner fermement l'acte "inqualifiable" de l'animal, probablement radicalisé depuis moins de 24 heures selon lui, et pour avertir la populace qu'il allait falloir qu'elle s'habitue à ce genre d'agression à l'avenir...




L'analyse de Douguine sur le coup d'état en Turquie


Le politologue russe Alexandre Douguine nous livre son analyse du coup d'état survenu le 15 juillet en Turquie. Comment interpréter cet étrange affaire ? On ne peut, en tout cas, s’empêcher de penser que l'ancien "petit protégé" des médias occidentaux Erdogan est soudain devenu un véritable pestiféré pour ces mêmes occidentaux depuis ce coup d'état manqué (ou pas?) survenu étonnamment fort peu de temps après son rapprochement avec la Russie...
-Bertrand Riviere-
"En fin de semaine dernière, une tentative de coup d'Etat militaire a eu lieu en Turquie. Une tentative de putsch préparée en dehors des frontières de la Turquie.

Par coïncidence, je me trouvais à Ankara le 15 Juillet où je commentais l'attentat à Nice en direct sur «Tzargrad». Personne ne se doutait que quelques heures plus tard débuterait le coup d'Etat.

Voilà ce qui s'est passé. Dans le cadre de ma visite en Turquie, j’ai rencontré des personnes haut placées, y compris le maire d'Ankara Melih Gökçek, qui a pu me confier son opinion sur la situation politique en Turquie à la veille du putsch. Lors de notre entretien Melih Gökçek, qui est très proche du président Erdogan, parlait d’un état parallèle en Turquie crée par la secte de Fethullah Gülen."
-Alexandre Douguine-

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