lundi 1 septembre 2014

Pavel Goubarev : L’avis des oligarques, on s’en fiche!

Pavel Goubarev

Nous nous sommes entretenus avec Pavel Goubarev à Moscou, où il s’est rendu pour consultations politiques. A en juger, celles-ci furent positives. D’humeur décidée, Pavel Goubarev est convaincu de la victoire.

Pavel, vous étiez un des premiers meneurs du « Printemps russe »…

Pourquoi « étiez » ?

Parce que le « Printemps russe » s’est progressivement transformé en « Eté russe » et deviendra bientôt l’ »Automne russe »…  Vous avez été actif dans le démarrage même du soulèvement russe au Donbass. Si vous regardez la période écoulée, les résultats atteints, comment évaluez-vous ceux-ci ?Y a-t-il des choses que vous regrettiez ? 

Bien sûr, des erreurs, il y en a eu une certaine quantité. Mais quand sur une journée vous devez prendre une masse de décisions, et que vous devez les prendre rapidement, car la situation évolue vite en période révolutionnaire, il ne convient pas de regretter les erreurs. Il est normal qu’elles surviennent ; ce sont les conséquences d’une activité tempétueuse. Mais au cours de la période initiale, j’étais trop confiant vis-à-vis de beaucoup de personnes. Pour cette raison, je me suis retrouvé en prison. En fait, on plaçait des gens qui prenaient des responsabilités et ne les assumaient pas, et on ne parvenait pas à se maintenir dans le bâtiment. C’est encore l’Administration du District. On a été mis dehors deux fois. Du point de vue de l’organisation, ça c’est passé calmement. On a préparé cela en deux ou trois jours, littéralement. C’était comme c’était et regretter quoi que ce soit, ce serait faire preuve d’ingratitude.

Pour ce qui est de la situation actuelle, ce qui semble le plus important, ce qui attire le plus l’attention, c’est l’offensive de l’armée de Novorossia. Que peut-on en attendre, sans tomber dans l’euphorie ? 

Il s’agit d’une contre-offensive, parfaitement préparée. Préparée depuis longtemps. On a juste dissimulé la direction des attaques principales. Le principe de la contre-offensive nous a été annoncé depuis longtemps. J’espère que la situation va évoluer de façon dynamique, en notre faveur. Il va s’agir d’une opération militaire structurée, on ne verra pas une guerre-éclair jusqu’Odessa. Il faut examiner les circonstances avec attention. Il faut comprendre que l’armée ukrainienne, les forces armées ukrainienne, continuent à exister, et continuent à s’opposer à nous. Nous attendons le froid, l’offensive de la saison du chauffage. Je pense que du point de vue militaire, il n’y a guère de sens à vouloir développer de nouveaux succès. Il nous faut attendre que croisse la tension des souffrances socio-économiques. Les gens perdent leur travail. Je cite souvent le cas de Zaporojie. « Motor Sitch » [le fabricant de turbines] a fermé, alors que des dizaines de milliers de personnes y travaillaient. On a fermé l’usine d’assemblage « Avtovaz-Daewoo », on a fermé cent mille postes de travail dans des usines auxquelles sont liées des zones d’habitat où logent les travailleurs concernés. Si on y adjoint le coefficient de dépendance (qui renvoie au nombre de personnes qui ne sont pas encore ou ne sont plus aptes à accéder au travail), si on y applique un coefficient relatif à la part prise par les intermédiaires dans la vente de biens et de services, on constate que pratiquement la moitié des habitants de Zaporojie se retrouve quasiment sans moyens de subsistance. Les gens deviennent anxieux, inquiets. Nous nous attendons à la création de la République Populaire de Zaporojie, selon le même scénario qu’au Donbass. Bien entendu cela devra, il s’agit de mon avis personnel, être accompagné de l’intervention de l’armée de Novorossia, car nous connaissons le cynisme et l’arrogance des agissements des dirigeants ukrainiens. Ils sont prêts à emprisonner tout le monde pour des raisons politiques, à éliminer physiquement ceux qui ont un point de vue différent. C’est normal pour l’Etat fasciste en place aujourd’hui en Ukraine.

Nous identifions donc comme première perspective la République Populaire de Zaporojie. Et ensuite ? Que serait pour vous la victoire ?

Pour moi, la victoire, c’est la République Populaire de Kharkov, la République Populaire de Dniepopetrovsk, et celles de Kherson, de Nikolaevsk et d’Odessa, qui s’uniront dans l’Etat fédéral ou confédéral de Novorossia, et dans laquelle sera établi un authentique pouvoir populaire et rétablie la justice sociale. La voilà, ma victoire.

La victoire selon Goubarev
Abordons la situation humanitaire. Quasiment tout le contenu du premier convoi humanitaire est allé à Lougansk, mais la situation est pénible en RPD. Un second convoi humanitaire est en formation. Qu’attendent de ce point de vue les habitants de RPD de la part de la Russie ?

La situation humanitaire était de loin plus détériorée à Lougansk qu’à Donetsk, c’est pourquoi le premier convoi humanitaire lui était destiné. Je pense et j’espère que le convoi humanitaire suivant ira précisément à la RPD.

Ces derniers temps, des personnes interviennent régulièrement dans les médias russes et parlent d’une fédération avec l’Ukraine, d’une Ukraine unie, de la nécessité d’y intégrer la souveraineté des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, pour arriver à la paix. Ces suggestions sont-elles réalistes ? Le peuple du Donbass est-il prêt à les accepter ?

Les partisans d’un tel scénario existent. Ce sont les oligarques ukrainiens, pas très nombreux; ils sont juste quelques dizaines. Ils ont évidemment des propriétés dans les républiques populaires du Donbass. Leurs chaînes de production sont en Ukraine. Ils ne comprennent pas que nous, le peuple de Novorossia, nous ne voulons pas nous arrêter au Donbass. Nous rêvons et aspirons à une grande Novorossia, et nous continuerons le combat dans ce but, dans cette direction. Et puis, l’avis des oligarques, fondés sur leurs intérêts corporatistes (et même si elle est honnête, ça revient au même), nous, on s’en fiche.

Un des slogans du soulèvement était la « déoligarquisation » des sphères économiques et politiques au Donbass.Comment voyez-vous ce processus ? En pratique, comment cela va-t-il se produire ? Le déclarer, c’est une chose, mettre en œuvre une politique concrète, en voilà une autre.

Évidemment, éloigner les oligarques du pouvoir, c’est un processus plus compliqué qu’un slogan. Il existe des exemples dans la législation, dans des cas vécus, où l’immixtion des oligarques dans les processus politiques interrompt et réprime durement les processus économiques, et particulièrement la répartition des ressources. C’est pourquoi il nous faut une élite politique honnête, pas oligarchique. Il nous faut de bons services spéciaux, pas nombreux, mais avec des gens honnêtes. Il est possible d’élire une élite politique honnête et probe en Novorossia, car l’ancienne élite s’est discréditée. Ce n’est pas demain que les oligarques parviendront à promouvoir des personnalités politiques, à transformer de la merde en bonbons, à faire de Nicolaï Levtchenko un jeune politicien de principes, alors qu’en fait, il n’est que le garçon de courses d’Akhmetov. Cela, c’est pour commencer. Ensuite, il est possible de former les services spéciaux en s’appuyant sur les insurgés qui dès les premiers jours ont manifesté leur volonté de risquer leur vie, de verser leur sang pour notre Novorossia, pour le futur de la terre du Donbass. Et pas seulement celle du Donbass, car parmi les insurgés, beaucoup viennent des régions de Kharkov, Dniepopetrovsk, Jitomir, et il en est même de Vinnitsa. Je ne parle même pas de ceux qui représentent la République Tchèque, l’Italie, l’Allemagne, la France, et d’autres pays, venus accomplir leur devoir international de lutte contre le fascisme.

Comment évaluez-vous le processus de constitution d’une structure armée unifiée en Novorossia ? Pourquoi intervint la démission d’Igor Ivanovich Strelkov, ou son départ, ou sa mise en congé, quelle que soit la manière dont on l’interprète ? Quand peut-on s’attendre à son retour, si tant est qu’il revienne ?

Le processus de formation des forces armées à partir des insurgés se poursuit de façon excellente ; les succès de la contre-offensive l’illustrent à souhait. En ce qui concerne le départ, j’ai dit qu’Igor Ivanovitch est un officier. Pour un officier ayant la notion de l’honneur, la raison d’agir la plus importante, peut-être la seule, c’est un ordre. Il me semble qu’il a exécuté un ordre. Pour ce qui est de son retour, je n’arrêterai pas de répéter, et je le fais une fois encore, que Igor Ivanovitch Strelkov, et Igor Vsevolodovitch Guirkine, ne sont pas des politiciens, ce sont des militaires, et bien sûr, des gens de caractères et de convictions purs. C’est justement son honnêteté, sa probité et sa force de caractère qui lui ont permis de faire sur le plan militaire ce que je suis parvenu à faire sur le plan civil, politique. Il est parvenu à élever le peuple jusqu’au combat. Igor Ivanovitch est parvenu à constituer autour de lui et à armer un groupe de personnes, bien sûr, essentiellement des patriotes, et à prendre la tête de l’insurrection armée. Mes compagnons dans la lutte civile sont devenus ses compagnons dans la lutte armée. Nous sommes reconnaissants envers Igor Ivanovitch qui, exprimant ainsi sa position intérieure, est venu et nous a aidés à faire ce que souhaitait le peuple de Novorossia.

Une dernière question. Pavel, qu’envisagez-vous pour le futur proche, les temps qui arrivent. En tant que politicien, quel but vous fixez-vous ? Quelle ambition nourrissez-vous ?

Je n’appellerais pas cela de l’ambition. Il s’agit d’une grande responsabilité envers les personnes qui m’ont fait confiance, ainsi qu’envers les slogans que j’ai proclamés. J’éprouve une responsabilité. J’ai plus de souhaits que de possibilités de les réaliser. La voie de cette réalisation, il n’y en a qu’une. Il s’agit de la participation au processus politique, à travers des élections. Je sais comment réunir les gens par les idées, fondées sur une vision nationale et patriotique, comment mener cette structure politique au pouvoir à travers des élection, avec un budget minimum.

Merci pour cette interview.

Interview réalisée par Alexandre Bovdounov, pour l’Agence « Novorossia ».
(Trad. Serge pour BDD)

4 commentaires:

  1. le tirage au sort grecque antique pour le parlement et la constituante, le référendum d'initiative populaire suisse, la votation des budgets au niveau communal par le peuple, la modification de la constitution par referendum uniquement, les traités internationaux aussi.

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  2. Sur votre profil il y a une erreur ... "France". Ce pays n'existe plus, pas physiquement évidement, mais culturellement (il appartient à l'Histoire ... qu'on remodèle en plus). C'est effectivement une colonie du GlobalState que le colonisateur a renommé "Benêtland". En fait c'est une sous colonie de la colonie Uroland. Le peuple des indigènes (indiens d'Uroland ou simplement souchiens) est remplacé ethniquement, culturellement, diplomatiquement, militairement, sociologiquement. Mais il est content, il a la foi en l'universel, car on l'a converti à grand coup de prosélytisme médiatique.

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  3. Je viens de placer un lien vers votre site en haut de ma page d'actualités ...
    http://www.nujna.com/accueil/nouvelles/index.php
    Peut-être pourriez-vous me renvoyer l'ascenseur ? Vous verrez que mes contenus sont similaires (sur cette page là) aux vôtres.

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    1. Je le note pour la prochaine mise à jour. Merci pour le lien.

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