jeudi 27 novembre 2008

L'immobilier US continue de chuter... et le PIB de reculer


par Bill Bonner
Jeudi 27 Novembre 2008

** "Jusqu'à aujourd'hui ou demain, la dinde typique profite d'une vie assez plaisante", commentait notre ami Nassim Taleb à Zurich hier.

* Cette semaine, les marchés sont paisibles. Le pétrole n'a pas beaucoup bougé. L'or non plus.

* Mais les abattoirs ont fait des heures supplémentaires.

* "On peut comprendre à quel point la plupart des analyses économiques sont frauduleuses", expliquait Nassim, "simplement en observant la vie d'une dinde. Le volatile est nourri pendant 1 000 jours... avant d'être tué. Si l'on transposait la vie de la dinde sur un graphique, tout aurait l'air parfait pendant 1 000 jours... Tous les jours, la nourriture arrive de manière fiable, et tous les jours, la dinde prend du poids. Les dindes regardent autour d'elles en se disant qu'elles profitent d'une croissance et d'un marché haussier. Les traders verraient ça comme une opportunité. Les matheux feraient des régressions linéaires et prouveraient que le risque est minimum".

* Ben Bernanke décrirait la vie de la dinde -- sans les incidents -- comme le produit d'une "grande modération". Les dindes-courtiers assureraient à leurs clients que rien n'a jamais mal tourné dans la vie d'une dinde. Les dindes-économistes et théoriciens trouveraient des explications pour justifier le fait que la croissance de la dinde est éternelle, et se féliciteraient d'avoir enfin maîtrisé "le cycle de la dinde". Les dindes-politiciens se présenteraient à la réélection au motif qu'ils auraient aidé à créer un monde meilleur. Et les dindes-économistes projetteraient de nouveaux gains de poids... jusqu'à ce que la dinde soit de la taille d'un hippopotame.

* Puis arrive Thanksgiving -- ou Noël -- et tout à coup, les choses tournent mal. Hélas, malgré toutes leurs théories, leurs modèles, leurs vanités, les dindes se retrouvent le bec dans l'eau.

* "Les événements rares ne peuvent pas être modélisés", continua Nassim, "parce qu'ils sont trop rares. On ne peut pas avoir un échantillon statistiquement fiable. Alan Greenspan a récemment expliqué qu'il n'avait 'jamais rien vu de tel'. Evidemment qu'il n'avait jamais rien vu de tel. Ca n'était encore jamais arrivé".

* "Dans la mesure où ces événements sont si rares, ils sont également entièrement imprévisibles... et bien pires qu'on le prévoyait. Comme les fêtes de fin d'année pour les dindes".

** Les dindes passent à la casserole... mais elles seront vengées : les Américains aussi passent à la casserole.

* Le chômage grimpe radicalement... et lorsque les Américains prendront place devant leur dîner de Thanksgiving, ils festoieront dans des maisons qui valent environ 18% de moins qu'il y a un an. Non seulement leurs maisons valent moins... mais leur valeur chute de plus en plus vite.

* Il n'y a pas de signe d'un plancher dans le marché de l'immobilier américain. Dans certaines régions -- Los Angeles, Miami, San Diego et San Francisco -- la perte de valeur immobilière dépasse déjà les 26% par rapport à l'année précédente.

* Mais ne vous inquiétez pas, cher lecteur. Les maisons ne sont pas des dot.com. Et ce ne sont pas des dindes. Elles n'atteindront pas le zéro. Et elles ne disparaîtront pas.

* De toute façon, les maisons n'ont jamais été des actifs financiers. Ce sont juste des endroits où vivre. Si vous êtes heureux dans votre maison... vous ne vous souciez pas de son prix.

* Pendant ce temps, l'économie elle-même sombre aussi. Le PIB des Etats-Unis a décliné de 0,5% au troisième trimestre. Selon toute probabilité, l'économie américaine va reculer plus vite, elle aussi. Ce qui signifie... que plus d'entreprises feront faillites... plus de gens se retrouveront au chômage... et ceux qui ont de l'argent en poche seront très prudents sur les manières de le dépenser...

* ... ce qui, bien entendu, aggravera la situation.

* Tout cela est une réaction naturelle, normale, à une bulle du crédit. Elle enfle et enfle -- puis elle explose. Des prêts sont accordés... puis récupérés. Des erreurs sont commises... puis corrigées. Les gens font des choses stupides... puis les paient. Ils deviennent fous lorsque ça monte... puis fous lorsque ça descend. Quoi de plus simple ?

* Mais si vous pensez que les autorités vont rester les bras croisés et laisser le processus naturel suivre son cours, vous ne lisez pas les journaux.

La Chronique Agora

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