Cela fait longtemps que la lecture de "l'Express" de Christophe Barbier dit "Barbier le servile", quand je m'y risque au détour d'une salle d'attente, me laisse à chaque fois un arrière-gout si pestilentiel que, généralement, je cours illico m'acheter des cachous.
On pensait, après sa couverture complaisante du massacre de Gaza et sa misérable campagne de désinformation sur les élections Iraniennes, que l'Express ne pouvait pas tomber plus bas, étant donné qu'il avait déjà touché le fond. Eh bien nous avions tord, en effet, il creuse encore!
Nous est servi ce jour, sous la plume du dénommé Axel Gyldén, qui n'en est pas à son coup d'essai en la matière, un modèle de propagande néo-conservatrice de la plus belle facture où le mensonge côtoie la mauvaise foi dans la plus parfaite alacrité.
Ainsi, Gyldén reprend à son compte tous les arguments fallacieux des putschistes sans la moindre analyse critique dont il ne se prive pourtant pas à l'égard du président Zelaya.
Quelques exemples :
-" [Zelaya] est également à l'origine de la crise qui a abouti - provisoirement? - à sa destitution."
En gros, il l'a bien cherché, ce sale gauchiste.
- "Elu en 2005 sur un programme de droite..."
Ce que ne nous dira pas Gyldén, c'est que José Manuel Zelaya à été élu en tant que candidat du parti libéral (centre-droit) d'opposition au parti conservateur du président sortant Maduro (vraiment "de droite", lui, pour le coup), sur un programme prônant la défense des services publics, la lutte contre le chômage et la gratuité de l'enseignement public. Un programme typiquement "de droite", donc, en tout cas selon les critères d'Axel Gyldén.
- "...ce propriétaire terrien a effectué un virage sur l'aile en 2008 en rejoignant le Nicaragua sandiniste de Daniel Ortega et le Cuba des frères Castro au sein du "club" très antiaméricain créé par le Vénézuélien Hugo Chavez: Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba, neuf pays membres)."
Ce qu'oublie de nous dire le journaliste, c'est le pourquoi de ce "virage sur l'aile" :
Suite à la politique de la sourde oreille pratiquée par l'administration Bush face à ses appels à l'aide répétés pour l'aider à mettre en place son programme social, le président Hondurien s'est en effet tourné, en désespoir de cause, vers l'accord "Petrocaribe" et l'Alliance Bolivarienne des Amériques (ALBA), organisations initiées par le président du Vénézuela Hugo Chavez.
Outre l'aspect croquignolet qu'il y a à qualifier d' "antiaméricains" des pays qui sont tous américains, je vous renvoie à Nils Solari dans un article déjà consacré à l'oeuvre du sieur Gyldén :
Ayant emporté dans ses bagages d’envoyé spécial le petit nécessaire de toilette idéologique qui permet de dénoncer comme antiaméricaniste toute critique de la politique des gouvernements états-uniens, Gyldén n’a pas fait le déplacement pour ne pas s’en servir. Le Président du Venezuela, donc, ferait preuve d’un « antiaméricanisme viscéral ». Tellement « viscéral » d’ailleurs que le vocable très informatif d’ « antiaméricanisme » revient trois fois dans le texte. Qu’importe si Chavez ne met en cause que le modèle néolibéral que les gouvernements des USA cherchent à propager partout et par tous les moyens, sans jamais s’en prendre au peuple américain. Deux initiatives récentes montrent, que le gouvernement du Venezuela entend clairement distinguer la politique des Etats-Unis de son peuple :
- la proposition d’étendre la « Misión Milagro » [7], aux américains pauvres, lesquels se sont vus dépourvus de sécurité sociale après sa réduction par le gouvernement Bush ;
- tout comme de nombreux autres pays, le Venezuela a proposé d’apporter de l’aide humanitaire aux Etats-Unis (pour un montant de 5 millions de dollars), afin de faire face aux conséquences de l’ouragan « Katrina » [8].
- "Sur les conseils de son mentor Hugo Chavez, il s'est ensuite placé au-dessus des lois en convoquant, le 28 juin, un référendum qui lui aurait permis de modifier la Constitution afin de se présenter, à la fin de 2009, à sa propre succession. "
Cette affirmation est totalement fausse puisque le référendum (non-contraignant) du 28 juin portait sur l'élection d'une assemblée constituante qui en cas de victoire du "oui" aurait été élue le jour même de la prochaine présidentielle de novembre prochain et que la constitution n’aurait donc pas pu être modifiée avant 2010. José Manuel Zelaya n’aurait donc pas pu être candidat à sa propre succession.
Gyldén nous sert ici mot pour mot la propagande des putschistes.
- "Petit problème: un tel scrutin est inconstitutionnel."
Encore faux, la cour suprême Hondurienne ayant déclaré le référendum "illégal" et pas "inconstitutionnel".
Selon l'article 2 de la constitution Hondurienne : « La souveraineté appartient au Peuple dont émanent tous les pouvoirs de l’Etat exercés par représentation. La Souveraineté du Peuple pourra également s’exercer de manière directe, à travers le plébiscite et le référendum (...). »
Si, comme on le voit, ce référendum est parfaitement constitutionnel, la loi dont s'est servie la cour suprême pour le déclarer "illégal" est une loi votée le 9 juin par le congrès interdisant la tenue d'un référendum à moins de 180 jours du scrutin présidentiel. Une loi soit-disant "constitutionnelle" qui contredit elle-même l'article 2 de la constitution n'est-elle pas, en réalité, inconstitutionnelle ?
- "La Cour suprême, le Congrès, le tribunal suprême électoral, l'Eglise, les médias et l'armée craignaient que Zelaya ne cherchât, comme Chavez, à se perpétuer au pouvoir."
Gylden oublie juste de rajouter le mot "conservateurs" après "les médias". A part cela, cette affirmation est juste puisqu'il n'a pas osé ajouter "le peuple" à sa liste tant il est vrai que celui-ci ne voyait aucun inconvénient à être consulté par un référendum appuyé par 400.000 signatures.
Question :
Pourquoi les référendums seraient-ils dangereux pour la démocratie ?
Réponse :
Sans doute parce que les peuples ont trop tendance à ne pas y répondre de la façon dont M. Gyldén et la rédaction de l'Express le souhaitent (cf. le référendum Européen de 2005).
- "C'est donc paradoxalement afin de défendre l'Etat de droit que la classe politique a pris le risque (lourd de conséquences imprévisibles) de commanditer un pronunciamiento."
Joignons-nous donc à M.Gyldén pour remercier l'héroïque armée Hondurienne d'empêcher le peuple (ce gêneur!) de s'exprimer démocratiquement et manifestons-lui notre infini reconnaissance pour sa courageuse défense de l'état de droit à grands coups de matraque.
En bref, un bien bel article que feu le général Pinochet, ce grand démocrate devant l'Éternel, n'aurait certainement pas renié.
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