Dans le cadre de l’enquête sur les soupçons de financements par Lafarge du groupe terroriste Daech en Syrie, l’ONG Sherpa demande l’audition de l’ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Pendant plusieurs années, le Quai d’Orsay aurait poussé l’entreprise à rester dans le pays en guerre civile, selon d’anciens salariés du groupe.
Selon une information France Info, Laurent Fabius serait dans le viseur de Sherpa qui défend les intérêts des anciens salariés syriens du cimentier LafargeHolcim. L'ONG demande à ce que l'ancien ministre des Affaires étrangères sous le quinquennat de François Hollande soit entendu par la justice. Une demande qui s’étend également aux deux anciens ambassadeurs de France en Syrie. "La justice française ne doit oublier aucun acteur dans cette affaire. L'Etat doit être exemplaire, les juges doivent donc rechercher son éventuelle responsabilité", relève Marie-Laure Guislain, responsable du dossier pour l'ONG. Cette demande a été déposée cette semaine auprès des juges d'instruction du tribunal de Paris.
Lafarge est au cœur d'une enquête sur les liens qu'il a pu entretenir, notamment avec l’État islamique, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014 sa cimenterie de Jalabiya, au nord de la Syrie en pleine guerre civile. L’industriel est soupçonné d’avoir versé de l’argent au groupe terroriste pour pouvoir continuer son activité. Or plusieurs dirigeants du cimentier affirment que le Quai d'Orsay était au courant des activités de Lafarge. "Tous les six mois, on allait voir le Quai d'Orsay qui nous poussait à rester. (Le ministère nous) disait qu'il faut tenir, que ça va se régler", a assuré le directeur-général adjoint de Lafarge à l'époque. Le ministère des Affaires étrangères assure pour sa part avoir alerté l’entreprise sur les risques encourus à rester dans le pays.
Crime contre l’humanité
En avril, Eric Olsen, patron de LafargeHolcim depuis juillet 2015, avait démissionné pour tenter de désamorcer le dossier syrien. Le conseil d'administration avait accepté sa démission mais estimé qu'il n'était "ni responsable ni pouvant être considéré comme informé des actes répréhensibles identifiés" en Syrie. C’est plutôt l’ancien patron du groupe, Bruno Laffont, qui intéresse la justice. Le dossier a été confié en juin à trois juges d'instruction.
Par ailleurs, fin septembre, un collectif de défense des chrétiens d'Orient a déposé plainte pour "complicité de crimes contre l'humanité" contre le cimentier. "Les exactions commises en Syrie par l'organisation Etat islamique ne relèvent pas de simples actes de terrorisme mais de crimes contre l'humanité", juge la Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger (CHREDO).
Source : AFP
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