Depuis mardi 10 heures et son communiqué de départ, silence radio. Sylvie Goulard se tait. Elle n'a eu aucun contact avec ses anciens amis du MoDem, avec lesquels elle est déjà brouillée depuis longtemps et dont elle vient d'entraîner la chute. Selon nos sources, l'éphémère ministre des Armées a appelé Emmanuel Macron dès dimanche dernier pour lui faire part de son souhait de quitter le gouvernement. Le Président, surpris, lui a demandé de prendre le temps d'une réflexion de vingt-quatre heures. Décision a été prise de diffuser le communiqué le lendemain matin. "Ceux qui disent qu'elle a été poussée vers la sortie par l'Elysée dans le but de provoquer la chute de Bayrou se trompent lourdement ; Macron était furieux", certifie un proche de la ministre.
Sylvie Goulard a été rémunérée pendant deux ans par un think tank américain
Au JDD, Sylvie Goulard assure "avoir mûri sereinement [sa] décision". "On sort d'une campagne présidentielle où les Français veulent que l'on fasse de la politique autrement… La classe politique doit se poser la question du renouvellement de ses pratiques et de ses règles", analyse-t-elle. C'est donc pour mettre son ministère à l'abri des affaires qu'elle aurait décidé, "en conscience", de ne plus occuper sa fonction : "Vous imaginez un acte judiciaire me concernant en pleine opération militaire ou terroriste? J'ai estimé que ce n'était pas possible. C'est tout."
A-t-elle aussi craint de devenir la cible de nouvelles attaques ? Sibyllin, Le Canardenchaîné évoquait cette semaine des "ménages" quand elle était eurodéputée. Sur sa déclaration d'intérêts au Parlement de Strasbourg, Sylvie Goulard mentionne d'elle-même un poste de "conseiller spécial" auprès de l'"Institut Berggruen" pour des revenus "supérieurs à 10.000 euros mensuels". Selon nos sources, via sa propre société de conseil, elle a été rémunérée par cet institut d'octobre 2013 à janvier 2016. "Tout était déclaré et ces sommes étaient brutes", insiste un proche de l'ancienne ministre. Créé et financé par Nicolas Berggruen, fils du richissime marchand d'art Heinz Berggruen, l'institut Berggruen, dont le siège est en Californie, est une organisation à but non lucratif chargée de "réfléchir aux systèmes de gouvernance". Sylvie Goulard, qui se destinait au Quai d'Orsay, a-t-elle été bien inspirée d'être appointée par cet organisme pendant plus de deux ans, pour près de 300.000 dollars ? "Le Berggruen fait la promotion de l'Union européenne et contribue au débat d'idées", jure-t-elle, parlant "d'un non-sujet"… à plus de 10.000 dollars par mois.
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