mercredi 19 décembre 2018

L'UE et les signes avant-coureurs du fascisme

source image : LIEN

La situation échappe à tout contrôle en Europe, et ce plus rapidement que prévu. En dehors du Brexit, il existe un fort sentiment anti-UE en Hongrie, en Espagne, en Italie, en Grèce et en France. L'UE risque de s'effondrer et les personnes craignant de perdre le pouvoir sont tentées par des actes extrêmes de contrôle dictatorial.

Combien de temps avant que l'UE ne devienne vraiment la force autoritaire que les peuples des deux bouts du spectre politique ont toujours craint ?

LA FORCE DE DÉFENSE DE L'UE

Cette année, l’UE a voté pour «punir» l’un de ses propres membres, la Hongrie, pour les politiques internes de son gouvernement. Soyons clairs: peu importe ce que vous pensez de Viktor Orban, il a été élu par le peuple hongrois. Il est leur chef démocratique légalement reconnu. La Hongrie a voté pour lui. En revanche, la Hongrie n'a voté pour aucun des 448 eurodéputés qui ont soutenu la proposition de l'eurodéputée néerlandaise Judith Sargentini:

"Les Hongrois méritent mieux… Ils méritent la liberté de parole, la non-discrimination, la tolérance, la justice et l'égalité, autant d'éléments inscrits dans les traités européens."

Notez que la «démocratie» ne figure pas sur cette liste. «Tolérance», «justice» et «égalité», mais pas la démocratie. Un oubli freudien, peut-être.

Le vote du Parlement européen était lui-même un complet non - sens de démocratie corrompue, un vote dans lequel les abstentions furent ignorées afin que la majorité des deux tiers puisse être atteinte. Imposant une loi qui, essentiellement, appelle à un changement de régime en Hongrie via :

" Des mesures appropriées pour rétablir la démocratie inclusive, la primauté du droit et le respect des droits fondamentaux en Hongrie "

La sanction suggérée - «L’option nucléaire» - est une perte du droit de vote. La Hongrie serait toujours membre de l'UE, continuerait de cotiser à l'UE, continuerait d'obéir à toutes les lois et réglementations de l'UE, mais n'aurait plus son mot à dire quant à la nature de ces lois.

Ce serait théoriquement pour défendre la «démocratie inclusive».

Combien de temps avant que la désapprobation et la punition de certains dirigeants se transforment en destitution? Pouvons-nous vraiment dire que cela n'arrivera jamais?

Ce mois-ci, Paris (et d’autres villes françaises) ont été témoins de l’énorme manifestation des Gilets Jaunes contre la taxe sur les carburants, l’austérité et les inégalités de revenus. La répression violente de ces manifestations n'a été critiquée ni par les États membres de l'UE, ni par l'UE elle-même. Cependant, un véhicule blindé portant l'insigne de l'UE a été vu dans les rues de Paris.

capture d'écran facebook

Macron et Merkel ont parlé tous les deux, récemment, de la nécessité d'une armée européenne - ces manifestations en France seront-elles utilisées comme un prétexte pour mettre en œuvre ces plans?

Supposons que l'armée européenne soit créée - fournissons à l'Union européenne sa "force de défense" tant convoitée. 250 000 hommes hypothétiques, issus de tous les états membres. Quel est leur but? Quelle est leur fonction?

Par exemple, auraient-ils été déployés en Catalogne l'année dernière pour «maintenir la paix»? Une armée de l'UE aurait-elle agi contre un référendum pacifique pour «défendre» l'intégrité de l'Union?

Une solution envisageable pour traiter avec le gouvernement de Viktor Orban serait-elle de déployer la Force de défense de l'UE à Budapest et d'éliminer l'homme qui constitue une menace pour «l'égalité»? Est-ce que cela serait considéré comme «des mesures appropriées pour restaurer la démocratie inclusive»?

Si le Brexit était jugé comme «une menace pour les droits de l'homme» (ou une autre combinaison de mots à la mode), l'armée de l'Union européenne ferait-elle rouler des véhicules blindés dans les rues de Londres pour nous protéger de nous-mêmes?

Il y a eu et il pourrait y avoir de nombreuses situations dans le passé récent de l'Union européenne où une intervention militaire n'a été évitée que parce que ce n'était littéralement pas une option. Une armée européenne permettrait-elle d'en faire une option, faisons-nous confiance à Bruxelles de ne pas se prévaloir de celle - ci?

Certains avancent qu'une armée de l'UE serait une bonne chose, car cela réduirait la dépendance de l'Europe à l'égard de l'OTAN et supprimerait l'influence des États-Unis. Je ne crois pas que ce soit le cas, et à titre de preuve, je tiens à préciser que le Carnegie Endowment for International Peace, une ONG bien connue appuyée par les États-Unis, est très favorable au plan.

LE MINISTÈRE DE LA VÉRITÉ DE L'UE

Bien entendu, la possibilité croissante d'un consensus européen imposé par la force n'est qu'un aspect de la menace.

En dehors de la répression physique - tant de la part de l'UE (de la souveraineté nationale) que de l'État (du droit individuel de manifester) -, il existe des signes avant-coureurs de répression intellectuelle . Une répression à venir contre la liberté d'expression et d'opinion.

On peut lire aujourd'hui un article effrayant sur The Guardian : «La Russie ouvre la voie à des saisies de navires ukrainiens à l'aide de fausses campagnes d'information» . Ce n'est pas effrayant à cause du titre. C'est effrayant à cause des motivations qui le sous-tendent et des implications pour l'avenir de l'Europe.

Le fond de l'article est une allégation de malversation de la part de la Russie, dépourvue de preuves, non sourcée, et en tant que telle, le rasoir de Hitchens s'applique.

La première moitié de l'article est truffée de mensonges, d'omissions et d'erreurs. C'est le Guardian, donc vous vous attendez à ça. Ne tenez pas compte du babillage sur le choléra et les bombes nucléaires. Ne tenez pas compte des erreurs factuelles, même si elles sont nombreuses. Dans ce cas, rien de tout cela ne compte.

Tout ce qui compte, c’est la deuxième partie - la «solution» proposée au «problème» auquel cet article est une «réaction». À savoir, la désinformation en ligne. Plus précisément, la désinformation «russe» en ligne.

Julian King, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France et actuellement commissaire à la sécurité de l'UE, souhaite que les entreprises de technologie prennent des mesures pour empêcher la propagation de "fake news". C'est une guerre contre la dissidence, sur trois fronts.

Un - établir la "vérité":

"La semaine dernière, la Commission européenne a annoncé la mise en place d'un système d'alerte rapide pour aider les États membres de l'UE à reconnaître les campagnes de désinformation"

Essentiellement, il y aura une liste de «nouvelles» acceptables mandatée par l'Union européenne, et tout ce qui s'en écartera un tant soit peu sera qualifié de «désinformation». Cela permettra aux gens de s’écarter, plutôt que de s’engager, des points de vue différents des leurs.

Deux - éliminer la dissidence:

"King a déclaré que les plateformes de médias sociaux devaient identifier et fermer les faux comptes diffusant de la désinformation."

Par «faux comptes», ils désignent des comptes qui répandent la «désinformation». Être un «bot» ne consiste pas à savoir si vous êtes une personne réelle ou non, mais à déterminer si vous avez les bonnes opinions. Comme il a été démontré, ils ne savent pas ou ne se soucient pas de savoir qui est réel et qui ne l’est pas. Des personnes parfaitement réelles ont été qualifiées de «robots russes» dans les médias, alors qu'il a été prouvé qu'elles ne sont ni des Russes ni des robots. Peu importe qu'il s'agisse d'incompétence ou de corruption, le fait est que les gouvernements ont montré qu'on ne pouvait pas leur faire confiance dans ce domaine.

Trois - contrôler le récit:

"Nous avons besoin d'une plus grande clarté autour des algorithmes, des informations sur la manière dont ils hiérarchisent le contenu à afficher, par exemple. Si vous recherchez des informations relatives à l'UE sur Google, le contenu de sources de propagande russe telles que RT ou Sputnik figure invariablement dans les premiers résultats… Tout cela doit être soumis à un contrôle et à un audit indépendants."

L'algorithme de Google permet d'afficher dans les résultats des informations qui ne sont pas en accord avec l'UE ou qui le critiquent directement. C'est inacceptable. Ce que le commissaire européen à la Sécurité veut, c'est que Google «répare» son système, pour s'assurer que les informations qui s'écartent du programme de l'UE ne figurent pas dans leurs résultats.

Maintenant, si vous pensez que cela ressemble à de la censure, ne vous inquiétez pas, car [notre emphase]:

"Ce que nous n'essayons pas de faire, c'est de censurer Internet. Rien n'indique que nous - ou quiconque d'autre - devrions devenir l'arbitre du contenu que les utilisateurs devraient ou ne devraient pas consommer en ligne. Il s’agit de transparence, pas de censure."

L'UE veut que Google supprime certains sites Web de leur algorithme, mais il s'agit de transparence, pas de censure. Alors c'est bon.

CONCLUSION

Pour résumer:

-Les deux principales figures de proue de l'Union européenne sont toutes deux en faveur d'une armée de l'UE.
-Le drapeau de l'Union européenne est peint sur des véhicules blindés réprimant les manifestations anti-gouvernementales en France.
-L'Union européenne met de côté 4,6 millions de livres sterling (5 millions d'euros) pour «aider les citoyens à reconnaître la désinformation».
-L’Union européenne veut faire pression sur les entreprises de médias sociaux pour qu’elles «ferment» des comptes qui répandent de «fausses nouvelles».
-L'Union européenne souhaite que Google modifie son algorithme, et promeuve des informations louant l'UE et rétrogradant les sites qui la critiquent.
-L’Union européenne veut que nous comprenions qu’il s’agit de «transparence» et qu’il ne s'agit en aucun cas d'une censure.

Est-ce que cela ressemble à une organisation dont nous voulons faire partie? Sommes-nous censés liker la «force de défense» multinationale proposée par l'UE qui réprimera les manifestations anti-européennes dans les rues de Barcelone ou de Rome? Sommes-nous censés applaudir à l'idée que l'armée de l'UE puisse être envoyée dans des États membres non coopératifs afin d'éliminer les dirigeants «dangereux» bien qu'élus, car ils constituent une menace pour «l'égalité»?

Nous ne pourrons même pas nous informer sur ce sujet, car l'Union européenne fournira à Twitter et à Facebook des listes de comptes de «fausses informations» sur les réseaux sociaux, qui les fermeront consciencieusement. Bien que Google modifie et retouche son algorithme pour s’assurer que toute information couvrant la répression de la démocratie par l’UE est repoussée loin dans les pages de résultats, cette information pourrait tout aussi bien tout simplement ne plus exister.

La presse britannique, les experts et les présentateurs télé font constamment référence à la «crise du Brexit», mais il ne s'agit que d'hystérie et de terreur. Re-négocier votre position dans un bloc commercial n'est pas une crise. Une crise est ce qui se produit lorsqu'une structure de pouvoir bureaucratique non élue sent que son emprise sur le pouvoir lui échappe et agit en conséquence.

Et une crise pourrait bien être à l'horizon. Les signes sont là, si vous voulez les voir.

Kit Knightly

Trad. : Bertrand Riviere

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