vendredi 21 décembre 2018

2018 : L'année de la paranoïa Poutino-Nazie

Un partisan de Trump brandissant l'affiche de campagne de Trump en 2020 lors d'un rassemblement républicain. (2018)

Selon mon pseudo zodiaque chinois, 2017 était «l'année du poulet libéral sans tête». Cette année, après y avoir longuement réfléchi et avoir consulté le Yi King et autres oracles , je déclare 2018 comme «L’année de la paranoïa Poutino-Nazie».

Non que 2017 ne fut pas déjà paranoïaque. Elle l'était. C'était une année complètement paranoïaque et cliniquement folle à lier. Mais 2018 a été encore plus folle. Cela a commencé par les sociétés de l'Internet contrôlant le flux d'informations que la plupart d'entre nous considérons maintenant comme une «réalité», lançant une guerre totale contre la dissidence, censée protéger le public des contenus «conflictuels» et «confusionnistes», ainsi que de toutes les autres formes possibles d' "influence Russe".

Twitter a d'abord envoyé des courriels effrayants prévenant ses clients qu'il y avait «des raisons de croire» qu'ils avaient «suivi», «retweeté» ou «liké le contenu» de comptes «relatifs à un effort de propagande d'une organisation liée au gouvernement russe». Facebook a lancé son propre ministère de la Vérité , composé d'une "équipe antiterroriste dédiée", elle-même composée "d'anciens responsables du renseignement et des forces de l'ordre" (également appelé Conseil de l'Atlantique , branche de la propagande non officielle de l'OTAN). Google a, de son coté, intensifié son déréférencement secret des sites Web insuffisamment haineux envers la Russie ainsi que d'autres sites «non autorisés».

Cette campagne de censure orwellienne a été accueillie avec enthousiasme par la gauche et tous les autres obsédés de la Russie et de Trump qui étaient déjà absolument convaincus que des agents secrets russes se rassemblent sur Facebook dans le but de transformer les masses occidentales en zombies néo-nazis amoureux de la Russie, au moyen d'une sorte d'hypno-technologie Poutino-Nazie irrésistible qui transforme leur cerveau en purée d'avoine dès qu'ils cliquent sur un GIF de chat dansant.

Mais la paranoïa ne faisait que commencer. Au printemps, des naziologues professionnels émettaient des avertissements expliquant que quiconque utilisait des mots comme «mondialiste», «mondialisme» ou «capitalisme mondial» était antisémite. Il n’existait pas de «mondialisme», nous ont-ils dit. «Mondialiste» était juste un code nazi pour «JUIF!». En outre, quiconque critiquant «les médias» ou mentionnant «les banques», «Wall Street» ou «Hollywood» ou, que Dieu nous préserve, se moquant de George Soros, était clairement un nazi adepte du Sieg-Heil et amoureux de la Russie.

Pendant ce temps, à Londres, les disciples de Tony Blair étaient occupés à parcourir les publications de six années de Facebook dans le but de prouver que Jeremy Corbyn avait transformé le Parti travailliste britannique en un culte personnel de la mort Poutino-Nazi . The Guardian a publié plus de cent articles dénonçant Corbyn comme un antisémite créant un lien entre le parti Travailliste et l'antisémitisme. La BBC a activé la paranoïa russe en trafiquant le chapeau de Corbyn à la télévision pour le rendre plus insidieusement slave. Owen Jones se joignit à la défense de Corbyn , expliquant que, si le Parti travailliste était effectivement un repaire d'antisémites dégoûtant, il faisait tout son possible pour en extirper les nazis, y interdire toute critique à l'encontre de Tsahal et inverser l' exode massif des Juifs de Londres.

Tout cela se passait juste après les fameuses attaques au parfum et au porridge de Novitchok, qui auraient été perpétrées par deux "assassins" totalement incompétents qui fumaient de l'herbe et fréquentaient des prostituées, que Poutine avait envoyés personnellement à Salisbury pour échouer lamentablement à éliminer leur cible avant de partir en ballade aux alentours afin de se faire scrupuleusement filmer par chaque caméra de vidéosurveillance qui fonctionne en Grande-Bretagne. Selon les médias, Poutine aurait tenté de couvrir les crimes de ces assassins du GRU à la Jason Bourne en ordonnant à son réseau de bots Poutino-Nazis sur Twitter d'inonder Internet de désinformation. Sky News a capturé et interrogé sans pitié l'un de ces prétendus «bots de Twitter», qui s'est révélé être un retraité britannique intrépide dénommé Ian, ou du moins c'est ce que Poutine veut nous faire croire!

De retour en Amérique, par millions, la gauche et tous les autres obsédés par la Russie et Trump attendaient l'apocalypse Poutino-Nazie , qui malgré les prédictions des experts de la Résistance, ne s'était toujours pas matérialisée avant l'été. Les médias ont alors émis l'hypothèse que le dernier «stratagème secret» de Poutine était que Trump détruise l'alliance atlantique en arrivant en retard pour la réunion du G7. Ou peut-être que le plan secret de Poutine consistait à ordonner à Trump d'enfermer de manière sadique un groupe d'immigrés dans des cages en métal, exactement comme Obama l'avait fait avant lui … Oui, mais c'étaient des cages nazies spéciales! Et Trump séparait les mères et les enfants, ce qui, comme nous l'a rappelé le général Michael Hayden, était à peu près identique à Auschwitz ! Paul Krugman avait apparemment pété les plombs et parcourait les bureaux du New York Times en criant que «l'Amérique telle que nous la connaissons est finie!». Soros avait été introduit clandestinement en Europe pour contrecarrer à lui seul le complot Poutino-Nazi visant à «dominer l'Occident», son plan étant de faire annuler le Brexit (que Poutine avait évidemment orchestré) et de renverser le gouvernement élu en Italie (qui, selon Soros, était un front Poutino-Nazi).

Comme si cela ne provoquait pas assez de paranoïa, soudainement, Trump s'envola pour Helsinki afin de rencontrer personnellement le diable lui-même. L'establishment néolibéral est alors devenu totalement fou-furieux. Un éditorialiste du New York Times a prédit que Trump, Poutine, Le Pen, l’AfD et d’autres nazis de ce type formaient secrètement une alliance appelée «Alliance des États autoritaires et réactionnaires», dans le but de dissoudre l’Union européenne et l’OTAN, et d'imposer la loi martiale internationale pour commencer à nettoyer ethniquement l'Occident des migrants. Trump et Poutine utilisaient simplement le sommet comme couverture pour assister à une orgie homosexuelle nazie-équestre, que le Times s’est efforcé d’illustrer en créant un petit film animé dépeignant Trump et Poutine en amoureux.. En tout état de cause, Jonathan Chait était certain que Trump était un "membre actif du renseignement russe" au moins dès 1987 et se rendait à Helsinki pour "rencontrer son maître".

À la suite du sommet, la Résistance néolibérale, telle une créature mythique aux multiples têtes en proie à une psychose aiguë causée par les amphétamines, a commencé à parler de «trahison» et de «traîtres», et à exiger plus ou moins que Trump soit immédiatement jugé et traîné dehors pour être fusillé séance tenante sur la pelouse de la Maison Blanche. Une frénésie de néo-McCarthyisme s'en est suivie. La gauche a commencé à accuser les gens d'être «des traîtres agents de Trump et de Moscou» et à réclamer ouvertement un coup d'État de la CIA, parce que nous étions «confrontés à une urgence de sécurité nationale!». Une cyber-attaque russe dévastatrice devait commencer à tout moment. Le directeur national du renseignement, Dan Coats, a personnellement assuré à Associated Press que les petits voyants lumineux «Attaque imminente de la Russie» qu'il avait sur son bureau «clignotaient en rouge».

Dans ce gigantesque maelstrom monomaniaque, les nazis de Charlottesville, semblaient résolus à rallumer leur tristement célèbre flambeau de la suprématie blanche, juste en face de la Maison Blanche. La Résistance et les Antifas avaient fait la promotion de cet événement comme étant le soulèvement tant attendu des Poutino-Nazis et La Nuit De Cristal II, entre autres sornettes, de sorte qu'il fut un peu décevant que seuls vingt ou trente nazis plutôt timides soient venus. C'était comme si, peut-être, la Grande Panique Nazi de 2018 était enfin terminée.

Mais non, bien sûr, elle n'était pas finie. Les nazis venaient simplement d'entrer dans la clandestinité. Quelques semaines plus tard, à la télévision nationale, une nazie juive-mexicaine-américaine a été repérée en train de transmettre des signaux secrets nazis à ses co-conspirateurs nazis . L'un d'eux, un membre de la Garde côtière américaine , a ensuite transmis le signal secret nazi à… eh bien, ce n'était pas tout à fait clair, peut-être à la marine furtive Poutino-Nazie, qui fonçait vers la côte de la Floride cachée dans l'œil du cyclone Florence.

À l'automne, à l'approche des élections de mi-mandat, les terroristes Poutino-Nazis ont finalement frappé . Il est rapidement devenu évident que ces signes secrets de la main n'étaient que des éléments d'une conspiration trumpienne beaucoup plus vaste visant à «enhardir» quelques cinglés totalement psychotiques pour déchaîner leur haine contre les civils innocents. Le Cinglé Numéro Un a accompli cela en envoyant une série d'engins explosifs non explosifs à divers membres importants de la Résistance néolibérale. Le cinglé numéro deux a fait irruption dans une synagogue à Pittsburgh et a assassiné de nombreuses personnes. Bien que les médias aient été incapables de prouver que Trump, Poutine ou peut-être Jeremy Corbyn, avaient personnellement "enhardi" ces cinglés, de  toute évidence, ils avaient bel et bien été "enhardis" par quelqu'un, et étaient donc certainement des "terroristes" Poutino-Nazis locaux, et pas seulement des individus souffrant de troubles mentaux comme la plupart des autres individus perturbés mentalement qui assassinent habituellement des gens.

En novembre, enfin, le vent a commencé à tourner. En dépit de l'incessante «campagne de chaos pour saper la confiance dans la démocratie américaine» menée par les bots russes et les nazis, les démocrates ont réussi à reconquérir la Chambre et à sauver l'Amérique au «bord du fascisme». Apparemment, la guerre contre la dissidence a fonctionné, puisque les millions de Noirs que les Russes avaient soumis à un lavage de cerveau leur interdisant de voter pour Clinton en 2016 à l'aide de mèmes Jésus-n'aime-pas-la-masturbation avaient tous été miraculeusement déprogrammés.

Les libéraux ont célébré l’événement en chantant des hymnes en l'honneur du procureur spécial Robert Mueller et en compilant des listes de personnes à assigner à témoigner devant les comités du Congrès dans ce que l'on appellera un jour «les audiences du Hitlergate». Le New York Times a même publié une «feuille de route» que Mueller et son équipe peuvent suivre pour «envoyer des preuves incriminantes directement au Congrès», protégeant ainsi ces «preuves» du ministère de la Justice, totalement infesté de Russes et de nazis!

Mais il n’est pas encore temps pour les libéraux de sortir les Vuvuzelas et les effigies de Trump… ni d’arrêter la paranoïa. La menace Poutino-Nazie existe toujours! Internet est toujours littéralement gangrené par toutes sortes de contenus déviants répandant la division! Et maintenant, les bots russes ont soumis les français à un lavage de cerveau les poussant à organiser ces manifestations indisciplinées , tandis que les Poutino-nazis ont «transformé en arme» l'humour , l'économie, la religion, le Brexit, Wikileaks, et à peu près tout ce que vous pouvez imaginer . Ce n’est donc pas le moment d’éteindre la télévision, de vous déconnecter d’Internet et de commencer à penser de façon critique… ou d’oublier un instant que LES NAZIS ARRIVENT ET QU' UNE ATTAQUE RUSSE DÉVASTATRICE EST IMMINENTE!

Je souhaite donc à mes lecteurs, obsédés par la Russie et Trump, un joyeux Noël, qui fait grincer les dents et qui fait serrer les fesses, ainsi qu’un Nouvel An un peu plus sain mentalement! Moi, j'ai hâte de découvrir comment les choses peuvent devenir encore plus folles… J'ai le sentiment que nous n'avons encore rien vu.
CJ HOPKINS

Trad. : Bertrand Riviere

CADEAU BONUS (de Noël)
Un bel exemple français de paranoïa Poutino-Nazie dans le JDD :
Gilets jaunes : la Russie est-elle derrière de faux comptes qui attisent la contestation sur les réseaux sociaux? LIEN

2 commentaires:

  1. Beau travail de traduction.

    A ce sujet, je ne sais pas si vous avez vu le tweet de l’année:
    https://twitter.com/qz/status/1075543658408091648


    Docteur Grodois

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