mardi 28 août 2012
Comprendre la situation en Syrie : Interview de Bassam Tahhan
Interview de Bassam Tahhan. 30mn d'utilité publique, afin de mieux comprendre la situation actuelle en Syrie. Bassam Tahhan, franco-syrien, nous explique les tenants et les aboutissants du conflit qui ensanglante actuellement la Syrie.
Source : CercleDesVolontaires
vendredi 24 août 2012
La BBC censure une vidéo montrant des rebelles syriens forçant un prisonnier à commettre un attentat suicide
La BBC vient de censurer un article et une vidéo montrant les rebelles de l'ASL en train de forcer un prisonnier à commettre un attentat suicide, sans doute parce que cela ne collait pas très bien avec l'image de "courageux combattants de la démocratie" qu'il convient de leur accoler.
La vidéo, dont une copie peut être vue ci-dessus (la version originale de la BBC a été supprimée), montre des rebelles de l'Armée syrienne Libre préparant une bombe qui est chargé sur l'arrière d'un camion pour exploser à un poste de contrôle du gouvernement dans la ville d'Alep.
Le reportage montre comment les rebelles ont réquisitionné un appartement appartenant à un capitaine de la police syrienne. On voit les rebelles se moquant des photos de famille du capitaine de police et batifolant joyeusement dans sa piscine.
La vidéo montre ensuite un prisonnier qui, selon les rebelles, appartiendrait à une milice pro-gouvernementale (shabbiyas). Ecchymoses et autres séquelles de torture sur son corps sont expliquées comme ayant été causées par ceux qui l'avaient capturé avant qu'il ne soit pris en charge par les rebelles qui eux, font mine de bien le traiter, lui offrant une cigarette et lui proposant une douche.
Ensuite, les rebelles lui affirment qu'il va faire l'objet d'un échange de prisonniers. Le prisonnier a les yeux bandés et on lui dit de conduire un camion vers un poste de contrôle du gouvernement.
"Ce qu'il ne sait pas, c'est que le camion est celui qui a été chargé de 300 kilos d'explosifs au début du film", affirme le narrateur.
Le clip montre ensuite les rebelles revenant déçus après qu'il se soit avéré que le détonateur à distance a fait long feu et que la bombe n'a pas explosé.
Le narrateur de la BBC admet que forcer les prisonniers à devenir des kamikazes "serait certainement considéré comme un crime de guerre."
Les reporters du New York Times qui ont réalisé la vidéo, affirment qu'ils n'avaient aucune connaissance du complot. Une version plus longue du film est sur le canal YouTube du New York Times . Un film à la gloire des combattants rebelles pompeusement nommés "Les Lions du Tawhid".
Quelques heures seulement après sa mise en ligne, l'article a subitement disparu du site de la BBC pour ne plus laisser apparaitre qu'un message "404 NOT FOUND".
En outre, une version YouTube de la même vidéo initialement publiée sur le site officiel "BBC News 2012" a été également supprimée. YouTube prétend que la vidéo a été retirée après une "revendication du droit d'auteur par la British Broadcasting Corporation" pourtant la vidéo n'a pas été envoyée par un tiers, mais a bien été postée sur le canal officiel de la BBC , comme la capture d'écran ci-dessous le prouve.
Il semble clair que cette vidéo a été supprimée car elle ne collait pas avec la "narrative" officielle des médias nous présentant les rebelles comme des "combattants de la liberté" mais plutôt avec celle du régime de Damas les qualifiant de "terroristes", obligeant la Bib à opérer un rétropédalage en catastrophe quelques heures seulement après avoir bien imprudemment publié cet embarrassant reportage sur son site et sa page YouTube.
Source: PrisonPlanet.com
mercredi 22 août 2012
La Syrie, jusqu’à quand ?
Par Hubert de GEVIGNEY
Officier
Contre amiral (2S)
Hormis la cruelle Russie et l’énigmatique Chine, il semble bien désormais que tout le monde trouve parfaitement normal qu’un pays soit l’objet d’une entreprise de déstabilisation en partie menée par des forces et financée par des capitaux venus de l’étranger.
L’angélique devoir d’ingérence et le 11 septembre sont passés par là, curieux mélange qui donne bonne conscience aux anciens puissants que nous sommes et l’illusion de puissance aux assiégés que nous sommes en train de devenir. Les Syriens ont-ils vraiment besoin que le monde occidental ajoute ses certitudes confites et sa morale manichéennement correcte à leur problème qui n’est pas simplement de se débarrasser d’un régime autoritaire ?
On entend des « il faut que Bachar El Assad s’en aille » confortables et ingénus, adressés à la ménagère de quarante ans, un peu comme on lui assure par ailleurs qu’on va décréter la croissance.
Il n’y a pas si longtemps encore, on partait au Moyen-Orient « avec des idées simples », avec au moins la sagesse de penser que ces dernières pourraient être mises à l’épreuve d’une réalité plus subtile. Aujourd’hui on y va - quand on y va ! – et on en revient avec les mêmes idées préfabriquées que l’on avait au départ.
Pire encore, on y va en traînant nos propres contradictions, empêtrés de nos alliances de circonstance, et l’on s’étonne, étant évidemment du côté des bons autoproclamés, que le miracle n’opère pas. Serait-ce que la situation est moins simple qu’il n’y paraît et jusqu’à quand notre microcosme politico-médiatique feindra-t-il de n’en rien savoir ?
Pourtant, depuis le début du conflit, des voix et des témoignages se sont élevés qui, pour le moins, auraient dû inviter à douter quelque peu des intentions de l’hirondelle censée faire le printemps d’un des tout derniers pays arabes qui résiste, selon l’esprit de sa constitution, à la poussée islamiste…
Car enfin… Peut-être bien que nos journalistes ne se sont pas trouvés très nombreux à exercer leur devoir d’informer quand, au tout début du conflit, des bandes venues de toutes parts, en partie commandées par des chefs de guerre fraîchement arrivés de Libye où ils venaient de réaliser la libération que l’on sait, ont envahi brutalement des quartiers entiers de Homs, obligeant des dizaines de milliers de chrétiens, druzes, chiites et sunnites modérés à leur abandonner leurs maisons pour aller se réfugier dans les montagnes.
Peut-être bien qu’à ce moment-là, notre docte ministre des affaires étrangères de l’époque, subitement va-t-en guerre, encore sur le petit nuage de notre victoire sur Kadhafi, n’était pas tout à fait en phase avec les comptes-rendus de situation qu’il recevait de notre ambassade à Damas.
Alors que sur nos chaînes de télévision s’expriment à souhait des combattants filmés curieusement le plus souvent à la frontière vers la Syrie, barbus et sans moustache (signe extérieur des salafistes), peut-être bien que l’on n’interroge pas beaucoup ceux des Syriens qui se demandent pourquoi on veut absolument voir se réinstaller chez eux un régime qui les a oppressés pendant des siècles et qui, en revanche, pourraient expliquer pourquoi ils se battront jusqu’au bout – avec Bachar El Assad ou pas – pour conserver leurs acquis.
A cet égard, il est curieux que le récent témoignage, sur nos ondes nationales, du chef du parti communiste syrien – il y en a un, et même avec deux courants, ce qui n’est pas trop mal pour une dictature ! – n’ait pas eu plus d’écho dans notre microcosme bien pensant, au moins chez nos nostalgiques du grand soir. Il faut dire qu’il y demandait expressément qu’on laisse les Syriens régler leurs problèmes entre eux car l’expérience montrait – et de citer ceux que l’on venait d’aider généreusement à accéder à la démocratie (!) - que chaque fois qu’un pays arabo-musulman recevait l’aide de la communauté internationale, il faisait un bond de cinquante ans en arrière. Peut-être bien aussi, dans notre petit registre d’exception national, qu’il était gênant de reconnaître depuis le début que le reporter de France 2 était plutôt tombé sous les tirs des insurgés que sous ceux de l’armée régulière. Peut-être bien encore…
Le « niet » de la Russie aura eu au moins l’avantage de donner le temps aux moutons occidentaux de ne pas se précipiter une fois de plus dans le ravin du manichéisme dominant. Quelques récents – encore timides – signes de retenue dans les propos des politiques et d’ouverture dans certains médias de masse laissent espérer que l’on pourrait en venir enfin à appréhender la situation dans toute sa complexité. Ce qui doit soulager nombre de sages observateurs arabes (autres que ceux de la Ligue du même nom) décontenancés par la tournure qu’ont prise les événements depuis le début du fameux printemps. On peut comprendre l’attitude de la Russie.
Certes, toujours dans l’esprit de Pierre le Grand, elle ne lâchera pas son allié qui, à défaut de Dardanelles et de Bosphore, lui permet un semblant d’accès à la Méditerranée, mais aussi, forte de son expérience avec ses anciennes républiques musulmanes et de sa qualité de loser en titre (qu’elle risque de perdre au profit des Occidentaux quand nous aurons quitté l’Afghanistan !) elle sait que ce n’est pas par la force que l’on imposera notre vision démocratique au monde arabo-musulman. Et puis, en Russie, on excelle aux échecs et l’on pense au moins au coup d’après…
La grande question reste de savoir pourquoi, d’un côté, ceux qui l’avaient armé ont dépensé plus de mille milliards pour la peau d’un terroriste qui, dans le fond, a gagné puisque tout le monde a peur, surtout les puissants, et, pourquoi de l’autre, on encourage ceux qui se réclament d’un courant comparable, à prendre le pouvoir dans tout le Moyen-Orient et à l’est du Maghreb….
Pour ce qui concerne les intentions de l’Oncle Sam, on sait. Elles ne changeront pas jusqu’à l’épuisement des ressources fossiles des monarchies théocratiques du Golfe arabo-persique. Quant à ces dernières, elles mettent les bouchées doubles à tenter de rattraper ce qu’elles n’ont pas fait pour entrer dans l’Histoire en presque un siècle de gaspillage de leurs pétrodollars…
S’agissant d’Israël, on imagine mal son intérêt à avoir un pays islamiste de plus à sa frontière, et non la moindre. Et pour nous Européens, et Français en particulier ? Le refus de participer à l’invasion de l’Irak et à la chute du régime de Saddam Hussein aurait pu laisser entendre que nous avions encore une « politique arabe » singulière. On peut se demander maintenant si elle n’était pas déjà dictée par le souci de ménager en interne une partie grandissante de notre population.
C’est que pour certains experts en géostratégie, la carte de l’Europe occidentale porte déjà de significatives hachures à la couleur de l’Islam. Pourtant, si d’aventure on finissait par reconnaître ce qui se passe actuellement en Syrie, on en viendrait peut-être à comprendre ce qui pourrait rapidement nous menacer chez nous.
Dans l’immédiat, si l’on veut en connaître – et l’on n’y trouvera pas de panégyrique de Bachar El Assad ! – il est encore préférable d’acquérir le dernier SAS (en deux tomes !) plutôt que de se fier aux rodomontades et effets de brushing de quelque « maître à penser », ego-victime en diable de notre désolant paysage politico-médiatique, auquel on a pu abandonner, l’espace d’une guerre, notre pensée stratégique.
vilistia.com
mardi 21 août 2012
La Syrie, ses amis et les chancelleries occidentales
Par bassam tahhan
Nombreuses associations qui luttent pour la démocratie n'ont pas
été invitées à la conférence des Amis de la Syrie
Quelles sont donc les conditions à remplir pour être considéré comme « Ami de la Syrie » ?
Un examen (non-exhaustif) des conviés nous permet de se faire une certaine idée :
IL FAUT :
-Refuser toute négociation avec le pouvoir actuel
-Ne pas accepter de solution politique sans le départ du président, fusse-t-il illégal
-Être pour une intervention militaire, même sans l'accord du conseil de sécurité
-Affirmer que les djihadistes forment une minorité insignifiante de la rébellion
-Pardonner aux tribunaux d'inquisition islamiste de l'ASL leurs crimes, car toute révolution a son lot de terreur et d'injustice
-Bénir les états amis qui prônent l'application de la chariaa
wahhabite et qui fournissent les rebelles en armes, cela fait tourner nos usines.
-Ne jurer que par Aljazira comme source fiable d'informations sur la crise syrienne
-Approuver la formation militaire des volontaires islamistes pour éviter les dommages collatéraux
-Croire que les monarchies oligarchiques du pétrodollar sont un exemple de démocratie
-Reconnaître le CNS comme seul et unique représentant légitime du peuple syrien, les autres partis d'opposition illégitimes refusant les générosités des services secrets.
-Affirmer que les marchands de kebab des OSDH de Londres disent la vérité et rien que la vérité sur le nombre de morts et les crimes de l'armée loyaliste
-Avaler qu’aider des terroristes avec des moyens de communication et non des armes c'est se placer du bon côté de l'histoire
-Approuver les sanctions qui, évidemment, aident le peuple syrien à sortir de sa misère
-Souhaiter que la Syrie suspende toute relation avec le Hezbollah, l’Iran et toute forme de résistance palestinienne
-Hâter la signature d’un accord de paix avec Israël en refusant aux palestiniens le droit de retour
-Donner le Golan à Israël contre une coopération économique avec ce pays ami
-Réduire la future armée syrienne au moins de deux tiers, et de plus, ce serait encore mieux
-Tolérer que les états sunnites du Proche-orient persécutent leurs minorités ethniques et religieuses chiites, chrétiennes et kurdes pour préserver l'unité nationale
-Accepter qu'Israël possède l'arme et l'énergie nucléaires mais pas les pays voisins si loin de la démocratie
-Admettre que les dictacteurs arabes tortionnaires de leur peuple aient « le droit d’être sur terre » , s’ils sont nos amis et soutiennent nos économies.
-Si vous avez été consultant ou conseiller auprès d'un parti politique salafiste, c'est un plus.
-Si vous avez travaillé dans une société écran d'espionnage pour la CIA qui se fait passer pour une ONG des droits de l'homme, c'est également un grand atout.
-Il faut réunir au minimum deux conditions de cette liste pour être admis au club doré des amis de la Syrie
Décidément, je ne suis pas un ami et je ne le serai jamais, n'en déplaise au président du club
Mais est- il si sûr de ne pas être, lui, un ennemi de la Syrie ?
MEDIAPART
été invitées à la conférence des Amis de la Syrie
Quelles sont donc les conditions à remplir pour être considéré comme « Ami de la Syrie » ?
Un examen (non-exhaustif) des conviés nous permet de se faire une certaine idée :
IL FAUT :
-Refuser toute négociation avec le pouvoir actuel
-Ne pas accepter de solution politique sans le départ du président, fusse-t-il illégal
-Être pour une intervention militaire, même sans l'accord du conseil de sécurité
-Affirmer que les djihadistes forment une minorité insignifiante de la rébellion
-Pardonner aux tribunaux d'inquisition islamiste de l'ASL leurs crimes, car toute révolution a son lot de terreur et d'injustice
-Bénir les états amis qui prônent l'application de la chariaa
wahhabite et qui fournissent les rebelles en armes, cela fait tourner nos usines.
-Ne jurer que par Aljazira comme source fiable d'informations sur la crise syrienne
-Approuver la formation militaire des volontaires islamistes pour éviter les dommages collatéraux
-Croire que les monarchies oligarchiques du pétrodollar sont un exemple de démocratie
-Reconnaître le CNS comme seul et unique représentant légitime du peuple syrien, les autres partis d'opposition illégitimes refusant les générosités des services secrets.
-Affirmer que les marchands de kebab des OSDH de Londres disent la vérité et rien que la vérité sur le nombre de morts et les crimes de l'armée loyaliste
-Avaler qu’aider des terroristes avec des moyens de communication et non des armes c'est se placer du bon côté de l'histoire
-Approuver les sanctions qui, évidemment, aident le peuple syrien à sortir de sa misère
-Souhaiter que la Syrie suspende toute relation avec le Hezbollah, l’Iran et toute forme de résistance palestinienne
-Hâter la signature d’un accord de paix avec Israël en refusant aux palestiniens le droit de retour
-Donner le Golan à Israël contre une coopération économique avec ce pays ami
-Réduire la future armée syrienne au moins de deux tiers, et de plus, ce serait encore mieux
-Tolérer que les états sunnites du Proche-orient persécutent leurs minorités ethniques et religieuses chiites, chrétiennes et kurdes pour préserver l'unité nationale
-Accepter qu'Israël possède l'arme et l'énergie nucléaires mais pas les pays voisins si loin de la démocratie
-Admettre que les dictacteurs arabes tortionnaires de leur peuple aient « le droit d’être sur terre » , s’ils sont nos amis et soutiennent nos économies.
-Si vous avez été consultant ou conseiller auprès d'un parti politique salafiste, c'est un plus.
-Si vous avez travaillé dans une société écran d'espionnage pour la CIA qui se fait passer pour une ONG des droits de l'homme, c'est également un grand atout.
-Il faut réunir au minimum deux conditions de cette liste pour être admis au club doré des amis de la Syrie
Décidément, je ne suis pas un ami et je ne le serai jamais, n'en déplaise au président du club
Mais est- il si sûr de ne pas être, lui, un ennemi de la Syrie ?
MEDIAPART
Le témoignage de Jean-Claude Antakli sur la situation en Syrie
Jean-Claude Antakli
(© D.R)
Par HUGUES MENATORYCe biologiste franco-syrien, passe de nombreux mois chaque année dans son pays natal. Son discours tranche avec l’opinion dominante.
Pour l’Occidental, le Moyen-Orient est une terre compliquée. Berceau forcément secoué des religions monothéistes, territoire convoité en raison de ses énergies fossiles, cette zone abrite aussi bien la voie royale qui mène à Byblos, la mère de toutes les bibliothèques, que le chemin chaotique de Damas qui pourrait être celui qu’empruntent, en pure perte, les voies diplomatiques.
La Syrie, à cet égard, est une sorte de symbole, dont le passé civilisationnel est l’un des plus riches qui soit, alors que le présent fait la part belle à la barbarie.
Une situation qui ne cesse de se dégrader
Jean-Claude Antakli ne peut se résigner à cela. Ce biologiste franco-syrien passe plusieurs mois chaque année dans son pays natal. Son épouse Geneviève, biologiste elle aussi, y a créé une école d’infirmières, il y a trois ans. On conviendra volontiers qu’ils peuvent être considérés comme des observateurs privilégiés d’une situation qui ne cesse de se dégrader, et dont on nous dit volontiers qu’elle serait le fait d’un seul homme, Bachar el-Assad. "Je suis très affecté par tout cela", affirme Jean-Claude Antakli. "Je suis un homme libre, je n’ai aucune connivence avec qui que ce soit, mais je suis abasourdi par la manière dont les médias européens retracent généralement les soubresauts qui affectent gravement la société syrienne."
Une manipulation des opinions
Pour parler clair, Jean-Claude Antakli a l’impression que les dés sont pipés, que la manipulation bat son plein, avec le Qatar et l’Arabie Saoudite à la manœuvre, pions avancés d’un américanisme qui lorgne à la fois sur le pétrole et sur la formidable réserve de gaz (la plus grande du monde) qui vient d’être découverte en territoire syrien.
"Certes", précise-t-il, "tout n’est pas parfait en Syrie. Mais les femmes peuvent se promener en minijupes, et le niveau de vie progressait de 6 % par an depuis une dizaine d’années. On nous parle d’une intervention en faveur de la démocratie. Mais de quelle démocratie s’agit-il, alors même que le peuple n’a pas été consulté ? Aujourd’hui, ces mêmes démocraties s’efforcent de lutter contre le terrorisme islamiste, mais c’est lui qu’elles soutiennent en Syrie, ne nous y trompons pas. On trouve aujourd’hui, dans le pays, près de 50 000 mercenaires libyens, afghans ou irakiens qui sèment la terreur..."
Contre une intervention occidentale
Jean-Claude Antakli regrette que la France, son autre patrie, soit devenue "faible sur le plan de la politique internationale. Elle n’est plus gaullienne". Pour lui, les insurgés ont perdu la partie, et c’est pour cela qu’ils demandent une intervention militaire aux occidentaux.
Des témoignages, Jean-Claude Antakli en a récolté des centaines. Tous vont dans le même sens : que les occidentaux ne se mêlent pas des affaires syriennes. Qu’ils n’essaient pas d’importer leurs concepts philosophico-politiques dans des contrées qui n’ont ni les mêmes mœurs, ni la même histoire. Et que, dans cet écheveau, dont tous les fils déclenchent des tirs de mines, on essaie de faire la preuve d’un minimum de réalisme.
Jean-Claude et Geneviève Antakli gardent la foi
Tout cela, bien sûr, peut ressembler à une succession de vœux pieux dans une région qui en a tellement connus. Mais Jean-Claude Antakli a la foi. Celle qui sauve l’âme. Chrétien, il se souvient de ces temps heureux, et pas si lointains, où la cohabitation était heureuse entre les diverses communautés. Il ne peut donc que frémir en entendant le slogan qui a cours en ce moment : Les Alaouites (dont est issu Bachar el-Assad) au tombeau, les chrétiens à Beyrouth.
La partie est-elle perdue pour autant, et le pays va-t-il sombrer à l’image de quelques-uns qui ont été “libérés” à l’occasion du fameux printemps ? À cet égard, Jean-Claude et Geneviève Antakli aiment à citer un contre-amiral, Hubert de Gevigney, qui se demande bien pourquoi, chaque fois qu’un pays arabo-musulman reçoit de l’aide internationale, il fait un bond de cinquante ans en arrière...
Tous deux savent, en tout cas, que l’alternance ne sera pas facile. "Avec ou sans Bachar el-Assad, car ils sont nombreux à pouvoir le remplacer. La France doit aider à faire le bon nettoyage. C’est-à-dire à sortir les terroristes du pays. Nous sommes malgré tout relativement optimistes, car le peuple syrien, dans son immense majorité, et toutes religions confondues, est soudé".
Un livre pour alerter
Nous l’avons dit, Jean-Claude Antakli, animé de sentiments religieux, a l’espoir chevillé au corps. Cela ne l’empêche pas de craindre un nouveau conflit mondial si le conflit interne syrien devait encore dégénérer, et si, dans le même temps, Israël en profitait pour attaquer l’Iran. La tentation de l’Apocalypse, en “Terre sainte”, n’est jamais loin. Il vient pourtant de terminer un livre, histoire de conjurer le mauvais sort.
Le silence de Dieu, (éditions du Parvis), se veut, selon son auteur, "un testament adressé à la jeunesse d’aujourd’hui. Un combat pour la paix et la liberté, en espérant qu’il ne s’agisse pas d’une voix dans le désert".
Midi Libre
Agitprop occidentale sur la Syrie, un art où rien n’est laissé au hasard
Gentils rebelles en Syrie
Par Bahar Kimyongür
Il faut le reconnaître : en affaires intérieures comme en géopolitique, nos médias, nos intellectuels et nos stratèges mainstream manient à merveille l’art pour ne pas dire l’arme de la rhétorique inversée. A vouloir en découdre à tous prix avec le gouvernement de Damas d’une part et purger l’espace public des voix critiques et dissidentes sur le conflit syrien d’autre part, ils n’ont pas peur de verser dans l’idéologie, la propagande et le militantisme dignes des troupes de théâtre soviétiques d’agitprop. On trouvera bien sous leur plume une touche autocritique de ci de là pour se donner des airs pluralistes et libertaires. Mais consciemment ou pas, ils nous resservent la vieille soupe habituelle dans leur gamelle de soldats du système. Coup de projo sur la guerre des mots menée par nos « experts » embedded en Syrie. Sans blindé et sans camouflage.
Méchants islamistes en France
C’était déjà le cas lors du conflit libyen de l’an dernier. Un banlieusard de Benghazi recruté dans une mosquée salafiste mimant une décapitation avec son pouce sur son cou aux cris d’Allah ou Akbar, devenait miraculeusement un mignon combattant de la liberté.
En revanche, ses compagnons français du
« gang de Roubaix » ou de « Forsane Al Izza » n’ont pas eu droit aux
mêmes éloges. On se souviendra que les unités du RAID n’avaient pas fait
dans la dentelle pour « neutraliser » le frère toulousain du barbu de
Benghazi.
Alors, imaginez la tête et le discours
des présentateurs du JT de TF1, imaginez l’attitude de l’armée française
si 6.000 à 8.000 Mohamed Merah se déployaient dans Paris, Marseille ou
Lyon comme à Homs, Damas ou Alep. Oserait-t-on parler de « soutien
populaire » à propos de ces djihadistes s’ils trouvaient des appuis dans
certaines cités HLM ?
(...)
(...)
...Lire la suite sur INVESTIG'ACTION
mardi 7 août 2012
Les règles de la propagande de guerre
Comment les médias occidentaux ont-ils couvert les diverses guerres qui ont suivi la première guerre du Golfe ? Peut-on dresser des constats communs ? Existe-t-il des règles incontournables de la « propagande de guerre » ? Oui.
1. Cacher les intérêts. Nos gouvernements se battent pour les droits de l’homme, la paix ou quelque autre noble idéal. Ne jamais présenter la guerre comme un conflit entre des intérêts économiques et sociaux opposés.
2. Diaboliser. Pour obtenir le soutien de l’opinion, préparer chaque guerre par un grand médiamensonge spectaculaire. Puis continuer à diaboliser l’adversaire particulièrement en ressassant des images d’atrocités.
3. Pas d’Histoire ! Cacher l’histoire et la géographie de la région. Ce qui rend incompréhensibles les conflits locaux attisés, voire provoqués par les grandes puissances elles-mêmes.
4. Organiser l’amnésie. Eviter tout rappel sérieux des précédentes manipulations médiatiques. Cela rendrait le public trop méfiant.
Règle n° 1. Cacher les intérêts.
La règle la plus fondamentale de la propagande de guerre, c’est de cacher que ces guerres sont menées pour des intérêts économiques bien précis, ceux des multinationales. Qu’il s’agisse de contrôler les matières premières stratégiques ou les routes du pétrole et du gaz, qu’il s’agisse d’ouvrir les marchés et de briser les Etats trop indépendants, qu’il s’agisse de détruire tout pays pouvant représenter une alternative au système, les guerres sont toujours économiques en définitive. Jamais humanitaires. Pourtant, à chaque fois, c’est le contraire qu’on raconte à l’opinion.
La première guerre contre l’Irak a été présentée à l’époque comme une guerre pour faire respecter le droit international. Alors que les véritables objectifs, exprimés dans divers documents – même pas internes – du régime US étaient :
1. Abattre un régime qui appelait les pays arabes à s’unir pour résister à Israël et aux Etats-Unis.
2. Garder le contrôle sur l’ensemble du pétrole du Moyen-Orient.
3. Installer des bases militaires dans une Arabie saoudite déjà réticente. Il est très instructif, et cocasse, de relire aujourd’hui les nobles déclarations faites à l’époque par la presse européenne européenne sur les nobles motivations de la première guerre du Golfe.
De tout cela, zéro bilan.
Les diverses guerres contre la Yougoslavie ont été présentées comme des guerres humanitaires. Alors que, selon leurs propres documents, que chacun pouvait consulter, les puissances occidentales avaient décidé d’abattre une économie trop indépendante face aux multinationales, avec d’importants droits sociaux pour les travailleurs. Le vrai but était de contrôler les routes stratégiques des Balkans (le Danube et les pipe-lines en projet), d’installer des bases militaires (donc de soumettre la forte armée yougoslave) et de coloniser économiquement ce pays. Actuellement, de nombreuses informations sur place confirment une colonisation éhontée par les multinationales dont US Steel, le pillage des richesses du pays, la misère croissante qui s’ensuit pour la population. Mais tout cela reste soigneusement caché à l’opinion internationale. Tout comme les souffrances des populations dans les divers autres pays recolonisés.
L’invasion de l’Afghanistan a été présentée comme une lutte anti-terroriste, puis comme une lutte d’émancipation démocratique et sociale. Alors que, là aussi, des documents US parfaitement consultables révélaient de quoi il s’agissait. 1. Construire un pipe-line stratégique permettant de contrôler l’approvisionnement de tout le sud de l’Asie, continent décisif pour la guerre économique du 21ème siècle. 2. Etablir des bases militaires US au centre de l’Asie. 3. Affaiblir tous les « rivaux » possibles sur ce continent - la Russie, l’Iran et surtout la Chine - et les empêcher de s’allier.
On pourrait analyser pareillement comment on nous cache soigneusement les véritables enjeux économiques et stratégiques des guerres en cours ou à venir : Colombie, Congo, Cuba, Corée... Bref, le tabou fondamental des médias, c’est l’interdiction de montrer que chaque guerre sert toujours des multinationales bien précises. Que la guerre est la conséquence d’un système économique qui impose littéralement aux multinationales de dominer le monde et de le piller pour empêcher ses rivaux de le faire.
Règle N°2. Diaboliser.
Chaque grande guerre commence par un grand médiamensonge qui sert à faire basculer l’opinion pour qu’elle se range derrière ses gouvernants.
- En 1965, les Etats-Unis déclenchent la guerre du Vietnam en inventant de toutes pièces une attaque vietnamienne contre deux de leurs navires (incident « de la baie du Tonkin »).
- Contre Grenade, en 83, ils inventent une menace terroriste (déjà !) qui viserait les USA.
- La première agression contre l’Irak, en 1991, est « justifiée » par un prétendu vol de couveuses dans une maternité de Koweït City. Médiamensonge fabriqué de toutes pièces par la firme US de relations publiques Hill & Knowlton.
- De même, l’intervention de l’Otan en Bosnie (95) sera « justifiée » par des récits truqués de « camps d’extermination » et des bombardements de civils à Sarajevo, attribués aux Serbes. Les enquêtes ultérieures (tenues secrètes) montreront pourtant que les auteurs étaient en fait les propres alliés de l’Otan.
- Début 99, l’attaque contre la Yougoslavie sera « justifiée » par une autre mise en scène : un prétendu « massacre de civils » à Racak (Kosovo). En réalité, un combat entre deux armées, provoqué par les séparatistes de l’UCK. Ceux que les responsables US qualifiaient de « terroristes » au début 98 et de « combattants de la liberté » quelques mois plus tard.
- La guerre contre l’Afghanistan ? Plus fort encore, avec les attentats du 11 septembre. Sur lesquels toute enquête sérieuse et indépendante sera étouffée, pendant que les faucons de l’administration Bush se précipiteront pour faire passer des plans d’agression, préparés depuis longtemps, contre l’Afghanistan, l’Irak et quelques autres.
Chaque grande guerre commence par un médiamensonge de ce type : des images atroces prouvant que l’adversaire est un monstre et que nous devons intervenir pour une « juste cause ».
Pour qu’un tel médiamensonge fonctionne bien, plusieurs conditions sont nécessaires : 1. Des images épouvantables. Truquées si nécessaire. 2. Les marteler plusieurs jours, puis prolonger par des rappels fréquents. 3. Monopoliser les médias, exclure la version de l’autre camp. 4. Ecarter les critiques, en tout cas jusqu’au moment où il sera trop tard. 5. Qualifier de « complices », voire de « révisionnistes » ceux qui mettent en doute ces médiamensonges.
Règle N° 3. Pas d’Histoire !
Dans tous les grands conflits de ces dernières années, les médias occidentaux ont caché à l’opinion les données historiques et géographiques essentielles pour comprendre la situation des régions stratégiques concernées.
En 1990, on nous présente l’occupation du Koweït par l’Irak (qu’il ne s’agit pas ici de justifier ou d’analyser) comme une « invasion étrangère ». On « oublie » de dire que le Koweït avait toujours été une province de l’Irak, qu’il en a été séparé en 1916 seulement par les colonialistes britanniques dans le but explicite d’affaiblir l’Irak et de garder le contrôle de la région, qu’aucun pays arabe n’a jamais reconnu cette « indépendance », et enfin que le Koweït est juste une marionnette permettant aux Etats-Unis de confisquer les revenus du pétrole.
En 1991, en Yougoslavie, on nous présente comme de gentils démocrates « victimes » deux dirigeants extrémistes, racistes et provocateurs, que l’Allemagne a armés avant la guerre : le Croate Franjo Tudjman et le Bosniaque Alia Izetbegovic. En cachant qu’ils renouent avec le plus sinistre passé de la Yougoslavie : le génocide anti-serbe, anti-juif et anti-rom de 41-45. On présente aussi les populations serbes de Bosnie comme des envahisseurs alors qu’elles y vivaient depuis des siècles.
En 1993, on nous présente l’intervention occidentale en Somalie comme « humanitaire » en cachant soigneusement que des sociétés US ont acheté le sous-sol pétrolifère de ce pays. Et que Washington entend contrôler cette région stratégique de la « Corne de l’Afrique » ainsi que les routes de l’Océan Indien.
En 1994, on nous présente le génocide rwandais en faisant silence sur l’histoire de la colonisation belge et française. Laquelle avait délibérément organisé le racisme entre Hutus et Tutsis pour mieux les diviser.
En 1999, on nous présente le Kosovo comme une terre envahie par les Serbes. On nous parle de « 90% d’Albanais, 10% de Serbes ». Passant sous silence la forte diminution du nombre des Serbes lors du génocide commis dans cette province durant la Seconde Guerre mondiale, puis durant l’administration albanaise de la province (années 80). On escamote aussi l’existence au Kosovo de nombreuses minorités (Roms, Juifs, Turcs, Musulmans, Gorans, etc...). Minorités dont « nos amis » de l’UCK avaient programmé le nettoyage ethnique, qu’ils réalisent aujourd’hui sous les yeux et avec la bénédiction de l’Otan.
En 2001, on crie haro sur les talibans, régime certes peu défendable. Mais qui les a amenés au pouvoir ? Qui les a protégés des critiques des organisations des droits de l’homme afin de pouvoir construire avec eux un juteux pipeline transcontinental ? Et surtout, au départ, qui a utilisé le terrorisme de Ben Laden pour renverser le seul gouvernement progressiste qui avait émancipé la paysannerie et les femmes ? Qui a ainsi rétabli la pire terreur fanatique en Afghanistan ? Qui, sinon les Etats-Unis ? De tout ceci, le public ne sera guère informé. Ou trop tard.
La règle est simple. Occulter le passé permet d’empêcher le public de comprendre l’histoire des problèmes locaux. Et permet de diaboliser à sa guise un des protagonistes. Comme par hasard, toujours celui qui résiste aux visées néocoloniales des grandes puissances.
Règle N° 4. Organiser l’amnésie.
Lorsqu’une grande puissance occidentale prépare ou déclenche une guerre, ne serait-ce pas le moment de rappeler les grands médiamensonges des guerres précédentes ? D’apprendre à déchiffrer les informations transmises par des états-majors ô combien intéressés ? Cela s’est-il produit à l’occasion des diverses guerres des années 90 ? Jamais. A chaque fois, la nouvelle guerre devient la « guerre juste », plus blanche encore que les précédentes, et ce n’est pas le moment de semer le doute.
Les débats seront pour plus tard. Ou jamais ? Un cas flagrant : récemment, un super-menteur a été pris la main dans le sac, en flagrant délit de médiamensonge. Alastair Campbell, chef de la « communication » de Tony Blair, a dû démissionner quand la BBC a révélé qu’il avait truqué les informations sur les prétendues armes de destruction massive. Ceci a-t-il provoqué un débat sur les précédents exploits du dit Campbell ? N’aurait-il pas été intéressant d’expliquer que toute notre information sur le Kosovo avait été concoctée par ce même Campbell ? Que cela méritait certainement un bilan et une réévaluation de l’information donnée sur la guerre contre la Yougoslavie ? Il n’en a rien été.
Source : michelcollon.info
Inscription à :
Articles (Atom)