dimanche 17 janvier 2010

Show à l'américaine à Port-Au-Prince


Les yankees ont pris possession de l'aéroport Toussaint Louverture à Port-au-Prince. L'occasion pour eux de faire la démonstration qui-n'est-plus-à-faire de leur légendaire efficacité.
Un avion-hôpital français a été vertement refoulé. L'occasion pour le quai d'Orsay de faire la démonstration de son désormais légendaire statut de "carpette officielle de l'Empire".
Un blockbuster tragi-comique dans la grande tradition hollywoodienne :

Couacs et colère à l'aéroport de Port-au-Prince tenu par les Américains

De Deborah PASMANTIER (AFP)

PORT-AU-PRINCE — Des avions remplis d'aide refoulés, des dizaines de personnes obligées de dormir sur le tarmac faute de pouvoir s'envoler, des tonnes d'aide attentant d'être distribués du fait d'une mauvaise coordination: la colère grondait samedi à l'aéroport de Port-au-Prince.

"Envahissons la piste !" crie une voix. "Faut en parler à Obama", lance une autre.

Des dizaines de Français et Franco-Haïtiens étaient remontés samedi matin: depuis le séisme de magnitude 7 qui a frappé Haïti mardi, ils attendaient d'être évacués et vendredi devait être le bon jour. Mais à la dernière minute, l'avion qui devait les emmener vers la Guadeloupe a été interdit d'atterrir. Ils ont dormi sur le tarmac.

"Ils rapatrient les Américains, et les autres, rien", s'énerve Charles Misteder, 50 ans. "Le monopole américain faut que cela cesse. Ils nous dominent et ne nous laissent pas rentrer chez nous. Prenons la piste".

Dans la foule, les Américains, à qui les autorités haïtiennes ont transféré la gestion de l'aéroport, sont accusés de monopoliser l'unique piste de l'aéroport pour évacuer tous leurs ressortissants en Haïti (40.000 à 45.000), ce que dément l'ambassade des Etats-Unis.

D'autres sont interloqués. "Je n'ai pas pu dire à ma famille que j'étais en vie. La coordination, c'est n'importe quoi", dit Wilfried Brevil, agent d'entretien de 33 ans.

"J'étais à l'hôtel Christopher", siège de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah), effondré lors du séisme, lance furieuse et exténuée, Danièle Saada, 65 ans.

"J'ai été extrêmement choquée, je m'en suis tirée, les autres pas. J'ai décidé de rentrer en France, je n'ai plus rien et puis voila je suis bloquée", ajoute cette membre de la Minustah.

Cette gestion de l'aéroport par les Américains a même créé des tensions diplomatiques après le refoulement vendredi d'un avion français qui avait à son bord un hôpital de campagne, alors que les moyens pour traiter les blessés manquent cruellement.

"Quand un avion qui transporte à bord un hôpital de campagne ne peut pas atterrir, ce n'est pas possible", a réagi le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet. "Il y a eu un problème de coordination et de discernement."

Le responsable a dit avoir protesté auprès de l'ambassadeur américain Kenneth Merten, mais le Quai d'Orsay a démenti quelques heures plus tard quelque protestation officielle.

"On décide en coordination avec l'ONU et les Haïtiens", a expliqué M. Merten, en rappelant la nécessité de hiérarchiser les priorités: "il est clair qu'il y a un problème", a-t-il reconnu. Il met néanmoins en avant le fait que les Américains ont été capables de rendre, en 24 heures, utilisable l'aéroport dont la tour de contrôle a été touchée par le séisme.

Finalement les Français devaient être évacués samedi et l'hôpital de campagne était attendu dans l'après-midi.

Sur le tarmac, des caisses remplies d'aide et des engins attendent au soleil. Là aussi, il y a un "gros problème de coordination", reconnaissent les autorités haïtiennes.

"Les Haïtiens n'ont pas été avertis de l'arrivée de vols. Et quand ils doivent atterrir, il n'y a pas de prise en charge et une grande quantité de matériel est arrivée sans coordination", constate un responsable du gouvernement haïtien, Michel Chancy.

L'ambassadeur américain explique que jusqu'à samedi, "on ne savait où les Haïtiens voulaient installer leurs points de distribution" de l'aide internationale.

Pendant ce temps dans les rues, des rescapés traumatisés et affamés demandent aux étrangers qu'ils voient passer s'ils n'ont pas de nourriture à leur donner.

AFP

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