mardi 28 octobre 2008

Shocking! French revisionism at Agincourt!


S'il est une nouvelle passée totalement inaperçue de nos médias hexagonaux, c'est bien la conférence organisée par le centre médiéval d'Azincourt le 25 octobre dernier à l'occasion du 593eme anniversaire de la funeste bataille du même nom.

Cette conférence, à l'initiative du directeur du centre Christophe Gilliot, s'attacha à rétablir un peu de vérité historique autour de ce célèbre évènement. Il est clair que les Anglais, armés de leur bonne foi légendaire, ont fait de cette bataille un mythe unificateur à la gloire du nationalisme Anglo-Saxon, quitte à s'acquitter lestement de toute vérité historique et à monter au pinacle le boucher sanguinaire qu'était Henry V.
Ils exagérèrent, par exemple, considérablement le rapport de force en faveur des Français, de manière à rehausser leur prestige et du même coup se défausser perfidement de l'horrible et honteux massacre des prisonniers et blessés perpétré par leurs hommes d'armes sur ordre de leur sanguinaire souverain. Faisant fi de tout réalisme, ils allèrent parfois jusqu'à estimer à 150.000 Français (!) contre 6.000 Anglais les forces en présence sur le champ de bataille. Affirmation proprement grotesque quand on connait un tant soit peu les conditions de la guerre en cette période du moyen-âge. Un chiffre que les plus conscients du ridicule rapportèrent à des proportions moins absurdes , tel le talentueux romancier Bernard Cornwell qui préféra imaginer un rapport de 30.000 contre 6.000, anxieux qu'il était de sauvegarder un semblant de crédibilité.
Or, la réalité, attestée par les documents d'époque, se situe fort prosaïquement autour de 12.000 Français, dont 3.000 paysans picards faiblement armés et entrainés, contre 9.000 soudards Anglais et Gallois de la pire espèce, comme le reconnait elle-même l'historienne Britannique Anne Curry de l'université de Southampton qui déclare (la vile traitresse!) que :
many accounts of the battle have been exaggerated to give the impression of "plucky little England" against the evil French.' (1)

Or donc, alors que cette petite conférence n'a pas suscité le moindre intérêt du coté de la presse Française, il est amusant de noter qu'au moins une trentaine d'articles y ont d'ores et déjà été consacrés outre-Manche, tous plus venimeux les uns que les autres, avec des commentaires de lecteurs outrés (que je vous recommande tant ils sont désopilants) à mesure, le tout à l'encontre de ce pauvre Christophe Gilliot, cet affreux "révisioniste" qui ose malmener le mythe de la supériorité militaire Anglaise sur l'honni "Froggie". Mythe qui certes, a fait mouiller leur culotte courte de plaisir à des générations entières de boutonneux écoliers british, mais qui n'en est pas moins une légende, même si la réalité de la défaite subie ce jour-là fut douloureuse pour la chevalerie Française, qui s'en releva malgré tout pour botter définitivement les fesses à Talbot quelques années plus tard et finalement gagner la guerre de cent ans.

(1) : trad. : beaucoup de compte-rendus de la bataille ont été exagérés pour donner l'impression d'une 'courageuse petite Angleterre' contre les malfaisants Français.
PS : Lire le seul article (relativement) objectif à ce sujet dans le Telegraph

3 commentaires:

  1. Au bout du compte, comme vous le faites remarquer, les Anglais ont perdu la guerre. On se console comme on peut...

    Les révisionnismes historiques anglo-saxons sont innombrables, notamment en matière d'histoire militaire, et je suis content de voir que je ne suis pas le seul à les dénoncer.

    Tiens, pour la peine, je vais m'acheter une petite affiche de Taillebourg par Delacroix, moi...

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  2. Oui, après tout ils doivent leur monarchie aux normands et 50% de leur vocabulaire au français. Et puis: "heureux comme Dieu en France!"
    Laissons-les se consoler comme ils peuvent.

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  3. A les lire et les entendre, c'est bien eux, les Britanniques, qui ont gagné la 1ère guerre mondiale... Faisant ainsi fi de la réalité et du sang français versé. Alors que ce qui est vrai, c'est qu'ils ont tout fait pour déclencher cette guerre, de crainte de voir l'industrie et la marine allemandes surpasser les leurs

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