Pas de salaire minimum : plus de 6,55 millions de personnes en Allemagne touchent moins de 10 euros brut de l’heure, 2 millions d’employés gagnent moins de 6 euros de l’heure, et ils sont nombreux à vivre avec moins de 4 euros par heure, c’est-à-dire moins de 720 euros par mois pour un temps complet.
Pauvreté :
6,5 millions de travailleurs, c’est à dire 22% des actifs, vivent sous
le seuil de pauvreté. Les 10% des travailleurs les plus pauvres ne
gagnent que 259 euros par mois. Les 10% d’au dessus gagnent seulement
614 euros par mois. Il y a 12 millions de pauvres, et
entre 1992 et 2006, le revenu des 10% les plus pauvres a baissé de 13%,
tandis que celui des plus riches s’est accru d’un tiers. En février
2010, le droit au “minimum vital digne” garanti par la constitution est passé de 359 euros par personne à 374 euros.., 80% des actifs ont perdu du pouvoir d’achat entre 2000 et 2010.
Précarité de l’emploi,
explosion du temps partiel et de l’intérim : les réformes ont conduit à
une telle multiplication des petits boulots, de 5 ou 8 heures par
semaine, que la durée moyenne du travail est tombée à 30,3 heures.
Création des contrats “Minijobs” (contrat de travail précaire, de courte
durée et moins taxé) et des contrats “Midijobs” (salaire compris entre
400 et 800 euros par mois). Jusqu’à 400 euros, le patron est exonéré de
charges. Le salarié aussi, mais du coup il ne cotise pas pour la
retraite et l’assurance-maladie. En cas de perte de ce boulot, il n’a
pas de droit à l’allocation chômage. Il y a 6,5 millions de
« mini-jobers » avec des emplois à 400 euros pour 60 h par mois et 7,84
millions d’emplois à temps partiel. En dix ans, l’Allemagne a créé deux
millions d’emplois à temps partiel, de courte durée : 18,3 heures en
moyenne. Il y a 1 million d’intérimaires ; pour exemple, l’usine BMW de
Spandau n’a pas embauché de CDI depuis 2001, et 26% de ses salariés sont
intérimaires.
Baisse des salaires :
le salaire moyen a baissé de 4,2% en dix ans. L’espérance de vie des
personnes aux plus faibles revenus est passée de 77,9 ans à 74,1 ans en
seulement 9 ans (2001 à 2010). Seulement 26,4% des personnes âgées de 60
à 64 ans occupaient en mars 2011 un emploi soumis à cotisations
sociales. Moins de 19% occupaient un emploi à temps plein. Rappelons que
ces mêmes séniors ont vu l’âge de départ en retraite reculer… sans pour
autant trouver du travail. Le développement de l’épargne-retraite
privée est par ailleurs encouragé avec la mise en place d’un système
complémentaire de pensions privées par capitalisation avec incitations
fiscales. Selon le ministère des affaires sociales, plus de 660 000
séniors de 65 à 74 ans ont un emploi à temps partiel pour compléter leur
pension.
Le chômage : Seule la 1ère année de chômage est indemnisée. La 1ère
année de chômage est indexée sur le dernier salaire ; ne peut toucher
cette allocation que celui qui dispose de moins de 9750 euros
d’économies, sinon il faut vivre sur ses avoirs. Les chômeurs de moins
de 25 ans qui vivent chez leurs parents voient leur indemnité baisser de
20%. Au-delà d’une année, les chômeurs ont droit à une allocation de
370 euros, somme modulée en fonction des revenus du couple, de son
patrimoine et du nombre d’enfants – une partie du loyer et du chauffage
est remboursée par l’agence pour l’emploi – à condition d’accepter les
emplois qui leur sont proposés. L’allocation est réduite de 60% en cas
de deux refus la même année. Elle est supprimée au troisième refus. Y
compris si l’emploi est en dessous de la qualification. La prostitution
étant légale en Allemagne, une chômeuse a été radiée pour avoir refusé
d’être secrétaire dans un bordel…
Les « Jobs à 1 euro de l’heure » ne
peuvent être refusés par les chômeurs (qui du coup sortent des
statistiques du chômage). Un service de l’emploi scandaleusement
intrusif : des agents s’invitent au domicile des chômeurs, épluchent les
relevés de compte, ouvrent les frigos pour voir si il y a des dépenses
inconsidérées, vérifient que vous êtes bien en colocation et non en
couple…
Des écoles qui préparent les enfants à une vie de précaire : dans
une école spécialisée pour enfants en difficulté à Bochum, les enfants
et ados apprennent comment composer un petit déjeuner pas cher en
utilisant les promotions, à meubler un appartement de 40m2…
Cerise sur le gâteau,
l’Organisation internationale du travail affirme dans un rapport
récemment publié que la politique allemande de compétitivité est « la
cause structurelle » de la crise en zone euro ! Il faut refuser de
suivre cette voie !
Sources : Spiegel, Organisation internationale du travail, OCDE, Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung, Ministère du travail allemand, Rue 89, Marianne, CIDAL
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