Bizarre de s'appeler Atlantico.fr et de publier un texte aussi anti-américaniste...
Excellente analyse en tout cas, où JL Schaffhauser démontre bien la stratégie d'infection de l'Euroland par le virus des CDS, arme bactériologique dédiée à la préservation de l'hégémonie du dollar sur l'économie mondiale, ainsi que la complicité des élites européennes dans cette agression menée contre leurs propres peuples. Une belle bande d'idiots utiles et de collabos...
Les produits dérivés, ces opérations financières dérivées d’autres opérations, ne sont toujours pas régularisés. Mais pourquoi l’Europe rechigne-t-elle à condamner les criminels financiers, et utiliser le bouclier qu’est la BCE contre ce type de dérives ?
- a Grèce a été intégrée à la zone euro sous la pression politique des États-Unis. Elle a dû fausser ses comptes pour cette raison avec la complicité de Goldman Sachs, société américaine qui pour cette simple raison aurait dû se voir interdire toute activité en Europe, ses responsables interdits de toute activité bancaire et a fortiori de toute responsabilité publique. Mais ses comptes faussés le furent en raison de cette intégration voulue, ils furent un secret de polichinelle ; ses acteurs purent, au contraire, – pour service rendu – accéder aux plus hautes responsabilités bancaires et publiques. Nous les retrouvons au centre de la politique en Grèce et en Europe.
- On aurait eu l’intention de faire sauter la zone euro, on ne s’y serait pas pris autrement ! Il fallait imposer le maillon faible, car alors la résistance de la chaîne serait au niveau de ce maillon. Néanmoins avec 2.3% du PIB de la zone euro, ce maillon ne pouvait que difficilement affaiblir la zone, car il pouvait être renforcé par la solidarité. Il fallait, dès lors, construire l’effet papillon avec un château de cartes de produits dérivés de crédit, sous la dénomination d’une assurance de crédit sur les dettes souveraines ou CDS. Le risque grec fut ainsi étendu aux autres pays du Sud, il fut amplifié, démultiplié… Si une pièce du château de cartes financier tombait, la zone euro s’effondrerait. Les produits dérivés devinrent cette arme de destruction massive qui pouvait être utilisée contre l’euro et contre l’Europe, à tout moment.
- Ces produits dérivés sont toujours non régulés. S’il y avait bien une chose à faire, après la crise financière de 2008, et une seule immédiatement à faire en Europe, messieurs de la Commission, c’était cela, réguler les produits dérivés ! Mais les régulateurs européens se sont par contre empressés, avec Bâle III et Solvency II (réglementations financières), de s’en prendre aux banques et assurances européennes en mettant en doute leur solvabilité en raison de la crise. Ces institutions financières européennes étaient certes durement fragilisées – et sans doute devront-elles, à la fin, être reprises en main dans le giron de la collectivité – mais on oubliait les causes de la crise, les coupables, ces institutions, ces hommes qui ont fabriqué des produits dérivés pourris et les ont vendus à nos institutions financières en sachant qu’ils étaient pourris.
- Par la régulation européenne, on chercha, à réguler les conséquences du crime sans tourner son regard sur le criminel, et donc sur les causes. On associa, en outre, le risque souverain et le risque bancaire. On fragilisa encore plus le système financier européen sans s’en prendre évidemment aux institutions américaines qui ont organisé, planifié, la vente de produits pourris en Europe, contre l’Europe. Ces mêmes produits notés AAA par des agences qui auraient dû être mises également en faillite – comme les banques américaines – par le poids des contraventions, à la hauteur du délit et de ses conséquences pour l’Europe, que cette dernière, souveraine, aurait dû exiger en indemnisation.
- Pour s’assurer que cette mécanique contre l’Europe et l’euro fonctionnerait, il fallait évidemment que la Banque centrale européenne fût incapable d’intervenir massivement sur le marché de la dette souveraine, car alors, à tout moment, la crise importée pouvait être stoppée. L’Europe, par sa souveraineté monétaire, échapperait à cette déstabilisation. Il suffisait, en effet, qu’elle décide de créer deux fois moins de monnaie que la Fed, à cette époque, pour arrêter toute crise en rachetant toute la dette grecque et portugaise, ainsi que la moitié de la dette espagnole soit 1 000 milliards (donnés ultérieurement mais aux banques), alors que la Fed venait de créer 2 000 milliards de dollars pour diluer la crise des subprimes, et qu’elle avait même donné sa garantie à nos banques, pour bien marquer son contrôle sur le système financier occidental.
- En suivant la création monétaire de la banque de Chine, la BCE pouvait même ramener toutes les dettes européennes à 60% du PIB. Ce qui mettait la monnaie de base européenne au-dessus du niveau mondial, en pourcentage du PIB, mais, pour la première économie mondiale, cela n’avait rien de choquant. Un euro ramené à un dollar eût été la conséquence première de cette manœuvre qui n’eût rien coûté à la collectivité ; eût dopé les exportations européennes.
- Cette mesure aurait eu pour conséquence aussi de faire de l’Euro une monnaie de réserve. Nos fondamentaux sont meilleurs que ceux de l’économie américaine, et avec tous ces euros créés, les pays émergents pouvaient ainsi diversifier leurs réserves actuelles en dollars, s’ils en avaient, du moins, la volonté. Nous pouvions le leur demander, du fait que nous sommes, à tort, l’économie la plus ouverte au monde et que nous voulons aussi un monde multipolaire !
L’industrie financière américaine n’a jamais vu d’un bon œil les vélléités européennes de souveraineté monétaire. Le dollar devait dominer comme monnaie internationale avec les avantages de faire payer aux autres pays les déficits américains. La Bundesbank, dont les statuts furent rédigés par les Américains qui occupaient alors l’Allemagne (et qui se permirent, en outre, de mettre un ancien nazi à sa tête) devint le modèle de la banque centrale exerçant sa souveraineté monétaire sous influence américaine. Ce modèle s’imposa à tout l’Occident sous le nom d’indépendance de la Banque centrale (en France, avec la loi de 1973 qui ôtait à notre pays toute souveraineté monétaire). L’euro pouvait faire concurrence au dollar, il fallait donc que la banque centrale européenne fût à l’image de la Bundesbank, permettant par là l’industrie financière américaine de mieux conserver son influence.
Oui, il y a un crime contre l’Europe et contre le peuple grec qui subit cette histoire comme l’enfant faible d’une famille. Mais il y aura aussi un crime de haute trahison contre l’Europe des Européens qui refusent aujourd’hui d’utiliser le bouclier qu’est la BCE en raison de l’abandon organisé de notre souveraineté monétaire. Il est urgent de modifier le statut de la BCE, statut qui empêche de prêter directement aux États et de contourner immédiatement ce statut en faisant du MES – Mécanisme européen de soutien – une banque pouvant se fournir directement à la BCE pour fournir les États en difficulté qui ne peuvent plus s’approvisionner sur les marchés. Il faut éteindre l’incendie.
Par ailleurs, il faut évidemment et en même temps, engager un programme de croissance par l’offre et l’investissement rentable pour que les pays du Sud puissent – compte tenu de leurs déficits structurels de la balance des paiements, leur manque de production de richesses – produire plus pour faire face à leur demande.
Nous enfermons nos démocraties dans cette alternative : ou bien le suicide par la mauvaise rigueur, ou bien le suicide par la sortie de l’euro, qui laissera au dollar sa place de monnaie internationale sans concurrence.
Aujourd’hui, le « crime de haute trahison » contre l’Europe, c’est le refus européen de juger ceux des financiers américains ayant sciemment alimenté la crise, avec le refus d’utiliser le bouclier monétaire de la BCE pour contrer cette guerre économique. Si l’Allemagne refuse, elle portera la responsabilité de l’affaiblissement de l’Europe, en étant l’idiote utile de cyniques intérêts étrangers venus d’Outre-atlantique.
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