Le "pot de miel" d'Assange
Julian Assange a été arrêté mardi matin par la police britannique, après s'être présenté de lui-même dans un commissariat londonien. Selon ses avocats, le fondateur de WikiLeaks s'est rendu "de son plein gré", afin de faire valoir son innocence.
Dans l'univers de l'espionnage, il y a toutes sortes de techniques. L'ami d'une cible peut être visé à des fins de chantage ou une agence peut connecter directement ses agents avec les cibles pour glaner des renseignements ou créer des situations compromettantes. Ce type d'activité est très courant dans l'univers clandestin de l'espionnage, qu'il soit de type militaire, diplomatique ou économique. Un des cas les plus célèbres est l'opération de la CIA dénommée "Midnight Climax".
L'opération "Midnight Climax" impliquait des maisons closes de San Francisco, dans lesquelles des prostituées payées par la CIA attiraient divers quidams dans des chambres bien spéciales où elles leur faisait prendre du LSD à leur insu. Des fonctionnaires de CIA cachés derrière des glaces sans tains observaient alors les effets de la drogue sur leurs victimes.
Non seulement la CIA testait ainsi des techniques de manipulation mentale, mais elle utilisait et raffinait l'art du chantage sexuel à visée politique. La pratique du recours au chantage sexuel est largement admise dans le monde de l'espionnage et on appelle avec un certain humour l'agent un "pot de miel" (honeypot). Ces techniques sont une source d'inspiration inépuisable pour les scénaristes de romans et films d'espionnage comme le savent bien les amateurs de films de James Bond.
Beaucoup de pays utilisent des pots de miel, y compris dans l'espionnage industriel. Par exemple, un document du MI5 récemment divulgué par le Times à propos des services de renseignements chinois disait ceci :
“‘China has occasionally attempted sexual entrapment to target senior British political figures. Two years ago an aide to Gordon Brown had his BlackBerry phone stolen after being picked up by a Chinese woman who had approached him in a Shanghai hotel disco… [They] have been known to exploit vulnerabilities such as sexual relationships and illegal activities to pressurise individuals to co-operate with them’…” (un conseiller de Gordon Brown se serait fait voler son Blackberry par une femme dans une discothèque de Shanghaï et les services chinois sont connus pour exploiter les failles de certains individus au niveau de leurs relations sexuelles ou de leurs activités illégales de manière à faire pression sur eux pour les inciter à collaborer)
Mais venons-en à Anna Ardin donc, qui, selon un article d'Israel Shamir et Paul Bennett publié par le site Counterpunch, aurait des liens avec la CIA. Elle est décrite comme une gauchiste/féministe radicale qui travaille sur les questions d'égalité des sexes à l'université d'Uppsala en Suède, et elle connaissait Julian Assange avant leur rencontre du 14 août. elle aurait contribué à l'organisation de la tournée d'Assange en Suède et à l'organisation de sa conférence à Stockholm dont elle aurait fait la promotion via son compte Twitter et son blog. Depuis, les tweets concernant la conférence ont été effacés et son blog a été fermé. Elle s'est vantée, toujours sur Twitter, après leur relation "d'être avec le gars le plus cool du monde" puis a vainement tenté d'effacer ces messages compromettant pour sa version des faits. Elle a, par ailleurs publié sur son blog un texte qui donne les grandes lignes de ce que doit être une vengeance après une rupture : "Comment saboter une relation sexuelle en sept étapes".
Mais qu'en est-il de ses connexions présumées avec la CIA ? Selon Counterpunch, apparemment Ardin est liée à travers un groupe anti-Castriste suédois à un certain Carlos Alberto Montaner, un homme ayant des liens notoire avec la CIA, ainsi que Luis Posada Carriles via le groupe féministe anti-Castriste "Las Damas de Blanco" ( groupe financé par le gouvernement américain). Carriles, incidemment, a été impliqué dans diverses affaires troubles allant de la Baie des Cochons à l'affaire Iran-contras et au bombardement en 1976 d'un avion de ligne cubain qui a tué 73 personnes.
Comme toujours dans le monde de l'espionnage, les connexions sont difficiles à prouver, mais toujours à prendre en considération. C'est un monde où une féministe de gauche peut être manipulée pour salir l'image de Julian Assange.
Comme le dit Israël Shamir : “For a smear that really sticks, you need to get it from an ex-apostle. An accusation by a Caiaphas does not impress. If you are targeting a leftist, hire leftists.” (si votre cible est un gauchiste, pour le discréditer vous devez utiliser des gauchistes)
L'espionnage est un palais des miroirs déformants où rien n'est jamais ce qu'il semble être.
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