(BALTEL/SIPA)
E.T. : [...] Je voudrais rappeler comment mon hypothèse d'un «hollandisme révolutionnaire» avait été formulée pour maintenir sa validité : j'avais évoqué un mitterrandisme à l'envers. En 1981, Mitterrand arrive au pouvoir avec un programme très à gauche, de nationalisations, d'augmentations des salaires et des avantages sociaux. En 1983, tournant de la rigueur, adhésion du socialisme français au néolibéralisme, probablement inévitable dans le contexte mondial.
Durant la présidentielle, mon hypothèse était - et reste - que François Hollande commencerait son quinquennat de manière relativement conventionnelle - sur l'Europe, nous sommes servis - tout en marquant son attachement aux valeurs d'égalité - tout va bien de ce côté, la presse de droite hurle «Maman !» parce que les classes moyennes supérieures vont payer des impôts supplémentaires. Mais, au bout d'un an ou deux, Hollande devra opérer le tournant radical rendu inévitable par l'approfondissement de la crise. Je m'en tiens à ce parallèle inversé : nous sommes encore dans la phase conformiste de l'hollandisme. Et je discerne quand même déjà des aspects positifs, dont certains constituent l'amorce d'une révolution morale et sociale...
Lesquels, par exemple ?
E.T. : La politique de rigueur n'affiche plus comme priorité la destruction de l'enseignement, de la santé et des services sociaux. Elle part du principe d'une taxation supplémentaire des plus fortunés. C'est une rupture avec l'idéologie dominante du monde occidental. La déception actuelle des médias nous permet, en fait, de mesurer la contribution des médias aux cinq ans de folie sarkozyste. La presse adorait l'agité de l'Elysée qui lui offrait un événement bidon par jour, tout en abandonnant l'industrie française à sa déroute ! L'analyse quotidienne de l'économie, c'est moins marrant. Heureusement, la presse peut encore s'exciter sur Valérie Trierweiler, tenter de sarkozyfier Hollande en président people. [...]
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